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Les hôteliers tirent la sonnette d’alarme

19 août 2012, 00:00

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Les hôteliers tirent la sonnette d’alarme

Moins de touristes, davantage de chambres et une desserte aérienne inadaptée. Victime de ses incohérences, le secteur touristique s’enfonce dans la crise.

Baisse des arrivées de touristes en juillet (-2,4% par rapport à juillet  2010) avec un effondrement du marché français (-30%). Un marché européen, qui représente les deux tiers des arrivées, en recul de 14%. Des pertes qui se creusent pour les groupes hôteliers: pour le trimestre terminé au 30 juin, New Mauritius Hotels (NMH) a enregistré Rs 172,3 millions de pertes et Sun a vu les siennes atteindre Rs 145,8 millions… L’environnement du secteur touristique, qui était déjà mis à mal par la crise en Europe, se dégrade davantage.

Les causes du marasme sont connues. Depuis le début de l’année, les arrivées de touristes stagnent. La crise dans la zone euro affecte notre principal réservoir de touristes. Et en l’absence de perspectives de règlement, la situation risque encore d’empirer. Parallèlement, le nombre de chambres disponibles ne cesse d’augmenter. Les groupes hôteliers se sont en effet lancés dans des travaux de rénovation et d’agrandissement et dans la construction de nouveaux établissements. Il s’agissait de développer la capacité d’accueil dans la perspective de recevoir 2 millions de touristes à l’horizon 2015, un objectif fixé lors des assises du tourisme en 2006. Mais il apparaît clair aujourd’hui que cet objectif a fort peu de chances d’être atteint. Fin 2011, les professionnels sont tombés d’accord pour estimer qu’il manquait 400 000 touristes par an pour le réaliser. L’arrivée de 2500 lits additionnels d’ici la fin de l’année ne va pas arranger les choses.

Ce qui amène les hôteliers à pousser un véritable cri d’alarme. « La destination mauricienne est prise dans une spirale descendante dangereuse. Elle paie le prix d’une braderie qui a transformé le pays en ‘‘discount destination’’ avec perte d’identité, conduisant même les voyagistes à chercher d’autres destinations pour assurer leur croissance », écrit Herbert Couacaud, le CEO de NMH, dans un éditorial de Beachnews, le journal interne du groupe. La raison de cette décroissance ? « Il y a d’abord le problème de l’accès aérien. Sur les marchés où Air Mauritius a enlevé ses vols directs, c’est-à-dire l’Allemagne, l’Italie et la Suisse, et qui représentent 60 000 places, nous constatons à travers nos prises de réservations une baisse dès le mois d’août de cette année. Tout porte à croire que cette tendance va s’accentuer. Deuxièmement, le manque de places d’avion sur la destination fait que la demande excède l’offre et que donc les principales lignes aériennes qui desservent Maurice pratiquent des tarifs excessifs », répond Robert de Spéville, le directeur commercial de Beachcomber.

François Eynaud, le président de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (Ahrim) ne dit pas autre chose en soulignant la nécessité de réduire le déséquilibre entre la croissance du parc hôtelier, la stagnation des arrivées de touristes et la baisse du nombre de sièges d’avion. L’urgence de la situation est d’autant plus aiguë que la crise dans l’hôtellerie risque de déboucher sur une crise globale du secteur touristique qui affecterait les réceptifs, les taxis et les beach hawkers. De quoi alimenter une véritable crise sociale.

C’est pourquoi beaucoup prônent de véritables états généraux du tourisme, qui regrouperaient toutes les parties prenantes autour de la table afin de définir de grands axes de relance et de mettre en place les financements pour les développer. Car il ne faut pas se leurrer. Après avoir défini une stratégie commune, Air Mauritius, l’Etat, la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) et les hôteliers vont devoir mettre la main à la poche.


L’Ahrim annonce d’ores et déjà qu’elle travaille de concert avec le ministère de tutelle et la MTPA pour redéfinir une stratégie afin de relancer les arrivées touristiques mais beaucoup de professionnels restent sceptiques. Il est vrai que par le passé, ils ont été échaudés par les actions éparpillées sinon contradictoires des autorités dites compétentes.