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Les élus de Crimée votent le rattachement à la Russie

6 mars 2014, 15:43

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Les élus de Crimée votent le rattachement à la Russie

Le parlement de Crimée, région russophone d'Ukraine au coeur de la crise entre Moscou et Kiev, a voté le rattachement de la région à la Russie jeudi, le jour même où les dirigeants des Vingt-Huit se retrouvent à Bruxelles pour un conseil européen extraordinaire consacré à l'Ukraine.

 

Le vice-Premier ministre de Crimée, Roustam Temirgaliev, a annoncé qu'un référendum sur la décision du parlement criméen aurait lieu le 16 mars. La majeure partie des habitants de la péninsule, rattachée en 1954 à l'Ukraine sur décision de Nikita Khrouchtchev, lui-même ukrainien, sont russophones.

 

Face à la persistance des tensions, le rouble russe a continué de s'affaiblir jeudi, malgré l'intervention de la Banque centrale de Russie et la Bourse de Moscou perdait plus de 1% à la mi-journée.

 

"On a peu d'une guerre et on a peur d'un possible défaut de l'Ukraine (sur sa dette)", a déclaré Mikhaïl Kantolinski, un trader actions d'Uralsib à Moscou.

 

"Les autorités de Crimée penchent vers une intégration à la Fédération de Russie, Kiev va évidemment s'y opposer, cela signifie qu'un conflit armé pourrait être inévitable."

 

La soudaine accélération en Crimée coïncide avec la réunion organisée en urgence à Bruxelles par les Vingt-Huit. Avant même son ouverture, l'Union européenne a annoncé jeudi matin le gel des avoirs de l'ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch, de l'ancien Premier ministre Mikola Azarov et de 16 autres personnalités jugées responsables de violations des droits de l'homme ou de mauvaise gestion des fonds publics en Ukraine.

 

Le nouveau Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, affirme que Viktor Ianoukovitch, destitué le 22 février par le parlement ukrainien, a détourné 37 milliards de dollars (27 milliards d'euros) de fonds publics en trois ans de mandat.

 

Présent lui aussi à Bruxelles jeudi, Arseni Iatseniouk a exhorté la Russie à retirer ses forces de Crimée et à répondre favorablement aux efforts de médiation internationaux destinés à résoudre la crise entre Kiev et Moscou.

 

"Nous demandons à la Russie de répondre en disant si elle est prête à préserver la paix et la stabilité en Europe, ou si elle est prête à ourdir de nouvelles provocations et tensions dans nos relations bilatérales et multilatérales", a-t-il dit.

 

A son arrivée à Bruxelles, le président français François Hollande a appelé l'UE à exercer une forte pression sur la Russie pour ouvrir la voie à une médiation dans la crise ukrainienne.

 

LE DRAPEAU UKRAINIEN A DONETSK

"Qu'est ce que nous recherchons? Non pas de faire monter une fois encore je ne sais quelle tension mais au contraire ouvrir la voie du dialogue, c'est ce que nous avons fait déjà hier à Paris, ça a été une première étape, je pense utile", a-t-il dit.

 

"Maintenant il faut qu'il y ait la pression suffisamment forte exercée par l'Europe, diminuer la tension, ouvrir la voie du dialogue et permettre enfin à l'Ukraine de décider enfin de son destin", a-t-il ajouté.

 

La Russie n'a pas exclu, jeudi, la tenue d'une rencontre entre diplomates russes et ukrainiens avant la réunion prévue le 4 avril à Moscou des ministres des Affaires étrangères des pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants, qui regroupe d'anciennes républiques soviétiques).

 

Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, n'avait pas voulu rencontrer mercredi à Paris son homologue ukrainien. Le ministre russe, qui doit revoir jeudi à Rome le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a estimé que les démarches entreprises par les "partenaires" de la Russie auprès d'organisations internationales comme l'OSCE ou le conseil Otan-Russie, à propos de l'Ukraine, n'étaient pas propices à un bon climat de dialogue et de coopération.

 

En Ukraine même, le drapeau ukrainien flottait de nouveau jeudi matin sur le siège de l'administration régionale à Donetsk, dans l'est russophone de l'Ukraine, où, selon la police, les manifestants pro-russes qui s'étaient emparés des locaux se sont retirés au cours de la nuit.

 

La police de Donetsk - la ville d'origine de Viktor Ianoukovitch - a annoncé avoir arrêté l'homme d'affaires Pavel Goubarev, chef de file des manifestants pro-russes qui s'était proclamé "gouverneur du peuple" et figurait sur une liste de personnes recherchées rendue publique mercredi par les autorités de Kiev.

 

Le nouveau pouvoir ukrainien affirme que les manifestations dans les villes de l'est et du sud de l'Ukraine sont orchestrées par Moscou en vue de justifier une éventuelle intervention.