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Les causes derrière le décrochage de la compagnie nationale d’aviation

15 janvier 2009, 01:00

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Les causes derrière le décrochage de la compagnie nationale d’aviation

Le constat est sévère. Air Mauritius est dans la tourmente depuis quelque temps déjà. Le mal est profond et chronique. Le contrat de hedging n’est qu’un détonateur.

«Air Mauritius, c’est une photographie de la société mauricienne. Si on arrive à changer Air Mauritius, on changera toute l’île Maurice», avance un ancien cadre de la compagnie. Cela donne la mesure des dysfonctionnements qui gangrènent Air Mauritius. Aujourd’hui, les scandales se succèdent. Entre les décisions approximatives qui se comptent en milliards de roupies de perte et des complots allégués, il y a un capharnaüm qui abrutit tout le monde. C’est l’occasion justement, précise notre interlocuteur, de savoir si les autorités auront le courage de poser les vraies questions.

D’abord à savoir si la dépendance d’Air Mauritius vis-à-vis des politiques perdurera ou non? «En quarante d’indépendance, Air Mauritius est demeurée tout le temps dépendante des politiques. Pourtant, aujourd’hui, on a une chance inouïe de changer les choses. Cependant subsiste l’impression que rien ne changera», confie un observateur. Celui-ci insiste à dire qu’il faut trouver des gens qui ne viendront pas au Conseil d’administration pour des privilèges.

Mais il n’y a pas que la politique qui est la cause de ce problème. La question se pose au niveau de la gestion de la compagnie. Lorsque les problèmes ne sont pas gérés en interne, ils finissent par sortir. C’est ce qui se passe actuellement à Air Mauritius. C’est ce qui révèle, par extension, des déficiences au niveau de la gestion. «En même temps, il y a un changement trop fréquent de management. Quelle est la compagnie au monde où on voit les directeurs généraux se succéder à un rythme aussi effréné? Or, sans un leadership fort et inscrit dans le temps, on ne résout pas les problèmes», affirme une autre source. «Ce sont les politiques qui changent les gens à chaque élection. Air Mauritius, c’est un peu le couvent du pouvoir politique. C’est ‘castéisée’, très tribalisée…», soutient un autre observateur.

Pourtant, Air Mauritius dispose de nombreux atouts. Elle remplit son contrat au niveau des opérations avec efficacité. Elle commercialise et rentabilise son produit. Le problème n’est pas à ce niveau. «Le problème est à Port-Louis. Il se situe au chapitre de la gestion des ressources», avance un ancien cadre. Celui-ci défend cependant Air Mauritius lorsque celle-ci est accusée de gaspillage. «Le gaspillage est quantifiable. Cela, d’autant plus qu’Air Mauritius est soumise à des normes internationales. Si elle dépense outrancièrement, cela se verra immédiatement. Ce qu’on appelle gaspillage à Air Mauritius est quelque chose d’insignifiant», fait-il ressortir.

Ce dernier, poursuivant sa réflexion, se dit outré que le plan de relance ne traite pas les questions essentielles. «Ce plan ne participe pas d’une stratégie réfléchie. Il reflète une certaine panique. On pense à la gestion au quotidien sans cibler des changements structurels. Il y a le trou causé par le hedging et la situation internationale précaire. Dans un tel contexte, il faudrait, aujourd’hui, dépenser de l’argent pour faire monter le chiffre d’affaires. Le marketing doit être plus agressif. Le problème, c’est que l’Etat, une nouvelle fois, aura la mainmise. Pourtant, il aurait été tellement souhaitable d’effectuer une trêve, de mettre de côté les guéguerres et d’avancer dans le sens d’un effort collectif», souligne cet ancien cadre.

Politique, gestion, culture… Les causes du dysfonctionnement sont connues. D’une majorité politique à une autre, on prétend parachuter des gens compétents à la tête d’Air Mauritius. Mais, dans le fond, les pratiques et réflexes surannés reproduisent les mêmes agitations.

L’actuel pouvoir a un réel défi devant lui. Il ne s’agit pas d’aider ou non Air Mauritius. Il s’agit de changer Air Mauritius… C’est une autre paire de manche au lieu de trouver une énième panacée…