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Les cadavres de 92 migrants nigériens retrouvés dans le désert près de l'Algérie

31 octobre 2013, 14:00

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Les cadavres de 92 migrants nigériens retrouvés dans le désert près de l'Algérie

Les cadavres de 87 migrants ont été retrouvés mercredi 30 octobre dans le désert nigérien, à une dizaine de kilomètres de la frontière algérienne. Ces victimes – 7 hommes, 32 femmes et 48 enfants – s'ajoutent aux dépouilles de cinq femmes et fillettes retrouvées lundi par l'armée nigérienne qui avait alors indiqué qu'au moins 35 autres corps avaient été repérés. Mais ce sont donc 92 personnes qui ont trouvé la mort début octobre dans ce voyage pour l'Algérie, ce qui fait de ce drame l'un des plus meurtriers sur les routes migratoires nigériennes depuis au moins une décennie.

 

Le bilan de mercredi a été confirmé par Almoustapha Alhacen, responsable de l'ONG Aghir In'man ("bouclier humain" en langue touareg), qui s'est rendu sur place pour chercher les dépouilles. "Les corps étaient décomposés, c'était horrible. Nous les avons trouvés en divers endroits, dans un rayon de 20 kilomètres et en petits groupes : souvent sous des arbres, ou en plein soleil. Parfois une mère et ses enfants, parfois des enfants seuls", a raconté M. Alhacen.

 

Deux véhicules ayant servi à transporter les migrants ont été retrouvés en panne dans le désert, a indiqué une source sécuritaire.

 

"83 KILOMÈTRES À PIED"

 

Ving-et-une personnes ont survécu, dont "un homme qui a parcouru 83 kilomètres à pied pour gagner Arlit" (nord du Niger) et "une femme qui a été ramenée à Arlit par un chauffeur qui l'a croisée dans le désert" d'après cette même source. Dix-neuf autres migrants ont été acheminés à Tamanrasset (sud de l'Algérie), leur destination finale initiale, avant d'être rapatriés au Niger, a ajouté cette source. Leur voyage vers l'Algérie avait débuté fin septembre.

 

Le Niger, l'un des pays les plus pauvres du monde, confronté à des crises alimentaires récurrentes, est touché comme nombre d'Etats africains par un phénomène d'émigration. La route migratoire algérienne n'est toutefois pas aussi fréquentée que celle menant à la Libye.

 

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) à Niamey a estimé à "environ 30 000" le nombre de personnes ayant migré en Libye entre mars et août 2013 via Agadez, la grande ville du Nord nigérien, dans des conditions irrégulières, soit 5 000 par mois, pour la plupart des ressortissants ouest-africains, dont de nombreux Nigériens.

 

Au début d'octobre, la mort de plus de 360 migrants à Lampedusa avait ému les opinions européennes. Une partie de ceux qui tentent de gagner l'Europe depuis la rive sud de la Méditerrannée le font en traversant le Sahara de l'Erythrée, la Somalie ou encore la Libye. La Libye est dans "l'incapacité d'assurer la sécurité de ses frontières" poreuses par lesquelles transitent des "populations venant d'Erythrée et de Somalie, des pays qui sont eux-mêmes dans le chaos", expliquait par exemple François Hollande le 25 octobre.