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Les ateliers de l’APEIM en quête d’autonomie

15 juillet 2013, 00:00

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Les ateliers de l’APEIM en quête d’autonomie

Un adulte handicapé non encadré peut facilement régresser et devenir dépressif. Pour éviter ces séquelles à leurs élèves et leur permettre d’acquérir une certaine autonomie dans leur vie quotidienne, l’Association des Parents d’Enfants Inadaptés de l’île Maurice (APEIM) les encadre au sein de ses quatre ateliers disséminés à travers l’île. Incursion au coeur de l’un d’entre eux...

 

Dans cette partie de l’école Bon Secours louée par l’APEIM règne une ambiance studieuse, bien que l’éducation n’y soit pas formelle. Dans l’espace dédié à l’Atelier s’affairent 26 adultes handicapés intellectuels habitant Terre- Rouge, Baie-du-Tombeau, Port-Louis, Cité Vallijee et Pointe-aux-Sables. Certains d’entre eux arrosent des fines herbes poussant dans des bacs alors que d’autres, attablés un peu plus loin sous un arbre, jouent à un jeu de cartes spécial, outil qu’utilise l’éducatrice Marie-Michèle Félix pour aider ces adultes handicapés à s’exprimer plus facilement.

 

Le bâtiment où a été aménagé l’atelier à proprement parler se compose de deux salles de classe. Ian Choolun, le responsable de l’atelier, fait le va-et-vient entre la salle où Raja Chinien, éducateur de sport et de communication, vérifie la pose de mosaïque autour de miroirs, et une petite salle où Raphaël et ses amis s’apprêtent à couler de la cire chaude dans des moules servant à la fabrication de bougies. Tout est fait dans le strict respect des normes de sécurité.

 

La mosaïque, une activité à la fois ludique et constructive...

 

Parmi ces activités, auxquelles viennent s’ajouter l’agriculture, la peinture et la cuisine éducative – soit l’initiation aux plats simples comme une omelette ou une salade –, les activités obligatoires sont la communication et le sport. Les groupes de parole sont programmés le lundi, lorsque ces adultes handicapés reprennent l’école après le week-end. «Ils racontent ce qu’il sont fait pendant ces deux jours. S’ils ont été à un mariage ou à Bagatelle, ils le disent. Et quand ils ont un souci ou un chagrin, ils s’expriment aussi. Mais ils peuvent aussi le faire à n’importe quel autre moment de la semaine», raconte Ian Choolun. Leur activité préférée est le sport – qu’ils pratiquent au Champ de Mars – et la fabrication de bougies.

 

Revalorisation

 

Cet atelier de l’école Bon Secours a été inauguré il y a une dizaine de jours. Il se trouvait auparavant au centre St Montfort à Port-Louis mais l’APEIM a souhaité centraliser ses services au sein de cet établissement scolaire où l’association opère déjà.

 

La philosophie de ces ateliers, dénombrés à quatre et qui encadrent 125 adultes handicapés intellectuels, est d’aider ceux qui émergent des pré-ateliers à développer une certaine autonomie dans leur vie quotidienne. «La déficience mentale atteint la personnalité du sujet dans sa globalité et gêne son développement. Si les handicapés adultes ne sont pas pris en charge, ils vont régresser et quand leurs parents vieilliront et que leur fratrie se sera installée ailleurs, ils se sentiront seuls et déprimeront. L’atelier leur permet de maintenir un fonctionnement adapté le plus longtemps possible. À travers la mise au travail interne, on leur offre des activités qui vont leur permettre d’être indépendants dans la vie courante.Certains pourront faire des petits boulots rémunérateurs», dit-il en précisant que depuis que les ateliers ont vu le jour, une trentaine d’adultes handicapés ont été employés comme jardiniers ou laveurs de voitures. «Beaucoup d’adultes handicapés iront un jour habiter chez une belle-soeur ou un beau-frère et il faut qu’ils occasionnent le moins de problèmes possibles à leur entourage et qu’ils puissent se débrouiller seuls autant que possible.»

 

 

Depuis 2008, l’Union européenne finance les ateliers. Ce qui permet de rehausser le niveau des équipements achetés. Le Programme des Nations unies pour le développement parraine leur projet d’agriculture bio qui a obtenu la certification Ecocert. Les éducateurs sont quant à eux formés par l’Institut régional du travail social de La Réunion, spécialisé en formation continue. Les objets réalisés par ces adultes handicapés sont placés dans les ateliers. «Quand cela arrive, ils sont heureux car leur travail s’en trouve valorisé». Belle initiative…