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Le sud de la Somalie, touché par la famine, inaccessible aux ONG

23 juillet 2011, 00:00

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Le sud de la Somalie, touché par la famine, inaccessible aux ONG

Les ONG caritatives ne sont pour l''''heure pas en mesure d''acheminer de l''aide à plus de deux millions de Somaliens confrontés à la famine, car les zones du sud du pays, contrôlées par les islamistes d''Al Chabaab, leur sont interdites et sont les plus dangereuses au monde où elles auraient à travailler.

L''organisation Al Chabaab, qui entretient des liens avec le réseau Al Qaïda, a interdit l''année dernière l''acheminement de l''aide alimentaire dans les régions sous son contrôle.

"Pour le moment, nous ne parvenons pas à atteindre 2,2 millions d''habitants. Il s''agit de l''environnement le plus dangereux dans lequel nous ayons à travailler dans le monde. Mais des gens meurent en ce moment. Ce n''est pas une question politique, c''est une question de vies à sauver", a expliqué Josette Sheeran, directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (Pam), à son personnel et à la presse dans le nord-est du Kenya.

La pire sécheresse depuis une vingtaine d''années touche la Corne de l''Afrique, à savoir certaines régions du Kenya, d''Ethiopie, ainsi que la Somalie, soit au total une dizaine de millions d''habitants selon les Nations unies. Dans le sud de la Somalie, 3,7 millions d''habitants sont exposés à la famine.

Le Pam compte parmi les organisations humanitaires qui ont reçu l''ordre d''évacuer l''année dernière les régions contrôlées par les rebelles islamistes et qui se préparent néanmoins aujourd''hui à y retourner. L''agence onusienne envisage de larguer des vivres sur les zones inaccessibles par la voie terrestre, a déclaré un responsable du Pam à Sheeran.

Les ONG humanitaires sont confrontées au danger des terrains minés, notamment dans les zones frontalières où des heurts ont opposé cette année les miliciens d''Al Chabaab aux forces kenyanes et éthiopiennes, a expliqué Régis Chapman, directeur du Pam pour la Somalie.

Al Chabaab interdit l’aide des ONG

Sheeran s''est rendu samedi dans un village kenyan, El Adow, situé à une centaine de kilomètres de la frontière somalienne. Des carcasses de bovins jonchaient les zones arides environnant cette localité, a constaté un journaliste de Reuters. Plus du quart des enfants de la région souffrent de malnutrition et un tiers des adultes reçoivent une aide alimentaire actuellement, indique l''Onu.

A El Adow, une femme de 75 ans, Nimau Witou, a obtenu ainsi trois sacs de blé, de soja et de haricots, et un bidon d''huile, distribués par le Pam. Avec ces vivres, cette femme, qui dit avoir perdu la totalité de son cheptel depuis le début de la sécheresse, devrait pouvoir faire vivre sa famille pendant un mois.

"Ce n''est pas ce que nous mangeons d''habitude. Mais c''est notre seule façon de nous en tirer", a-t-elle déclaré.
Sheeran était accompagnée dans sa visite du ministre français de l''Agriculture, Bruno Le Maire, qui doit rendre compte lundi à Rome de sa visite, lors d''une réunion extraordinaire de l''Onu.

Al Chabaab accuse les Nations unies d''exagérer la gravité de la crise humanitaire et dénonce l''état de famine décrété dans deux régions de Somalie, y voyant là des intentions politiques sous-jacentes.

Revenant sur un engagement pris voici quelques jours, Al Chabaab a déclaré que les ONG humanitaires expulsées en 2010 ne pourraient pas regagner le sud de la Somalie. Quant au gouvernement de transition somalien, il n''étend guère son pouvoir en dehors de la capitale Mogadiscio, où l''armée gouvernementale appuyée par des troupes de l''Union africaine s''efforce de contenir la progression des islamistes. Le gouvernement de transition a condamné le refus d''Al Chabaab d''autoriser l''acheminement de l''aide.

"Les extrémistes affament et font mourir la population", a déclaré le Premier ministre, Abdiweli Mohamed Ali. "Ce sont les insurgés eux-mêmes qui sont à l''origine de la famine", ajoute-t-il.


(Source : Reuters)