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Le MMM déclenche les hostilités pour forcer PTr et MSM à se décider

28 décembre 2008, 01:00

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Le MMM déclenche les hostilités pour forcer PTr et MSM à se décider

Pour son dîner de fin d’année en soirée du 27 décembre, le Mouvement Militant Mauricien (MMM) l’a clamé haut et fort: il sera partenaire majoritaire au sein d’une alliance qui comprendra le Parti Mauricien Social Démocrate (PMSD) et l’Union nationale (UN) d’Ashock Jugnauth.

Le bruit courait même ces derniers jours que le MMM annoncerait la démission collective de ses élus pour contraindre Navin Ramgoolam, Premier ministre et leader du Parti Travailliste (PTr), à organiser les élections. Cela devait être à l’occasion de ce dîner de fin d’année. Mais il n’en a rien été. Il semblerait que le MMM a surtout choisi de faire parler de lui. «Une communication totale» en quelque sorte. La manœuvre consiste évidemment à occuper pleinement l’espace médiatique.

«Nous allons intensifier notre action à la rentrée de janvier. Nous allons pleinement occuper le terrain. Et vous verrez l’accueil que nous recevrons des gens», avance, à cet effet, un dirigeant mauve. Le MMM a, en ce sens, activé la guerre des nerfs. Il est le premier des trois principaux partis à affirmer à avoir fait son choix sur la configuration électorale qu’il adoptera.

Serait-ce définitif? Le temps le dira mais les observateurs politiques sont quasi unanimes à penser que l’échiquier évoluera encore jusqu’aux prochaines législatives. Ils n’ont pas tort.

On ne se lance pas aussi vite et en premier dans une course qui risque d’être longue. On pourrait s’essouffler lorsque la vraie course sera lancée. Ce n’est pas non plus seulement une affaire d’un parti qui «panique», comme l’affirme le secrétaire général du PTr, Deva Virahsawmy.

Ce serait plutôt une manœuvre à faire avancer à découvert les deux principaux adversaires, mais aussi éventuel partenaire, du MMM. A savoir le PTr et le Mouvement Socialiste Mauricien (MSM) de Pravind Jugnauth.

Si cette partie de bonneteau est déclenchée par le MMM, c’est, par contre, bien Navin Ramgoolam qui détient la carte maîtresse. Depuis quelque temps, il s’est laissé à des déclarations politiques. Les agitations du MMM ne le laisse pas indifférent. Il n’a pas intérêt à laisser le parti mauve occuper seul le terrain. Cependant, dans l’immédiat, il ne s’est pas véritablement livré. Se contentant d’affirmer qu’il ne transigera pas sur ses «principes et convictions» concernant les éventuelles alliances. S’il est aussi vague dans ses déclarations, c’est qu’il est conscient de son avantage mais aussi parce qu’il a des messages à faire passer à ses futurs éventuels partenaires. Il est la fiancée qui se fait courtiser. Ce n’est pas à lui d’aller chercher une nouvelle alliance. Sauf si évidemment, sa cote et la crédibilité de son gouvernement ne s’érodent drastiquement…

Reste le MSM. Les critiques émanant de ce parti contre le gouvernement ne cible que Rama Sithanen. Pravind Jugnauth se verrait-il vice-Premier ministre et ministre des Finances? Quoi qu’il en soit, s’il veut, désormais, une nouvelle alliance avec le MMM, ce sera à lui d’aller frapper à la porte des mauves. Aller seul aux élections ? Ce serait presque un acte suicidaire. L’option PTr reste la plus vraisemblable. Dans cette éventualité, à terme, il sera toujours perdant. On voit mal Navin Ramgoolam préparer sa succession en ouvrant une voie royale pour le dirigeant d’un autre parti. Un éventuel gouvernement
PTr-MSM, plus d’autres partis d’appoint, pourrait difficilement durer. Et c’est le MSM qui en ferait les frais en premier.

Les dès sont loin d’être jetés. 2009 vivra souvent au rythme de l’actualité politique. Chacun va essayer de jouer la partition qui lui semblera la plus favorable. Pour l’instant, seul le MMM affiche une posture déterminée.

Jusqu’ici Navin Ramgoolam a été, pour sa part, assez timide lorsqu’il s’est agi de se prononcer sur la plate-forme qu’il conduirait. Les jours de l’Alliance sociale seraient-ils menacés? C’est la configuration qui lui semblerait la plus apte à remporter les élections que Navin Ramgoolam privilégiera. A ce titre, on ne reprend pas une formule qui a fait son temps…

 

Nazim ESOOF