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Le Koweït appelle les arabes à dépasser leurs dissensions

26 mars 2014, 11:50

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Le Koweït appelle les arabes à dépasser leurs dissensions

Mettant en garde contre les "énormes" dangers dans la région, le Koweït a exhorté mardi les autres membres de la Ligue arabe à surmonter leurs dissensions, estimant qu'elles compliquaient les crises en Syrie et en Egypte.

 

Le médiateur de l'Onu pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a invité quant à lui les pays de la Ligue à ne plus approvisionner en armes les belligérants en Syrie, où plus de 140.000 personnes ont trouvé la mort dans les combats depuis mars 2011.

 

Lakhdar Brahimi n'a pas désigné de pays fournisseurs en particulier, mais l'Arabie saoudite et le Qatar passent pour être les principaux appuis des insurgés syriens, alors que l'Iran chiite soutient le régime de Bachar al Assad.

 

"L'ensemble de la région court le danger" d'être entraîné dans le conflit, a estimé Lakhdar Brahimi, qui appelle à de nouveaux efforts pour trouver un règlement politique à la crise syrienne.

 

L'émir du Koweït, Sabah al Ahmad al Sabah, a exhorté de son côté les pays arabes à surmonter leurs dissensions, qui, selon lui, empêchent toute action collective du monde arabe.

 

"Les dangers autour de nous sont énormes, et nous ne réussirons aucune action commune sans unité, sans mettre de côté nos divergences", a dit l'hôte de ce sommet, qui, sans nommer aucun pays, faisait allusion aux tensions actuelles entre certains pays arabes et le Qatar, étant donné le soutien de l'émirat aux Frères musulmans.

 

Pour le président égyptien Adli Mansour, les pays arabes doivent "écarter toute velléité de créer des problèmes entre nos peuples et nos pays".

 

Les participants à ce sommet ont fait état de la persistance de divergences sur le soutien accordé par le Qatar aux Frères musulmans, confrérie déclarée désormais hors-la-loi en Egypte, mais aussi sur les façons d'aborder le conflit syrien et sur la définition du "terrorisme" dans la région.

 

"A huis clos, les tensions demeurent, en filigrane. Il n'y a pas eu d'éclats publics", a dit un diplomate. "Il est clair que des divisions existent sur ce que pensent Saoudiens et Qataris".

 

Autre signe de discorde qui couve, certains délégués n'ont pas exclu que le sommet se termine sans communiqué final, fait rare, et qu'il y ait juste, à la place, une déclaration résumant la rencontre.

 

La tenue de ce sommet intervient sur fond de dispute au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à propos du soutien accordé par le Qatar aux Frères musulmans et à cause de la querelle entre Bagdad et Ryad sur les violences dans la province irakienne d'Anbar.

 

MÉDIATION KOWEITIENNE ?

 

"Des déclarations virulentes ont été faites sur l'Egypte, à huis clos. Le Qatar a dit sa façon de voir sur la situation en Egypte et l'Egypte a dit que cela la regardait", a déclaré un autre diplomate.

 

Les familles régnantes des pétromonarchies du Golfe ont tendance à régler leurs désaccords en privé, sans éclats publics, si bien que la décision prise par l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn ce mois-ci de rappeler leurs ambassadeurs en poste au Qatar traduisait une dispute pour le moins aiguë.

 

Ces trois pays accusent Doha de s'immiscer dans leurs affaires intérieures et d'accorder un soutien à des organisations islamistes dont les positions républicaines et révolutionnaires passent à leurs yeux pour une menace politique. Le Qatar nie toute ingérence mais ne veut en rien revenir sur ses choix.

 

Le Koweit a proposé sa médiation. A l'ouverture du sommet, le cheikh Sabah, tout sourire, s'est affiché entre le prince héritier saoudien, Salman, et l'émir du Qatar, cheikh Tamim bin Hamad al Sani, afin de donner un air de réconciliation à la rencontre.

 

Pour autant, l'émir du Koweit n'a, selon certains responsables, mené aucune tentative de médiation en marge du sommet et le cheikh Tamim semble avoir fait comprendre qu'il ne changerait pas d'avis sur les questions qui fâchent.

 

Dans son discours, l'émir du Qatar a dit que tout en respectant les choix des Egyptiens, il appelait à un "dialogue politique et social général" - propos qui ne manqueront pas d'être interprétés comme un appel aux autorités du Caire pour qu'elles reviennent sur l'interdiction des Frères musulmans.

 

Les relations qataro-égyptiennes se sont détériorées depuis que l'armée égyptienne a déposé, en juillet dernier, le président Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans, qui était soutenu par Doha.

 

Le conflit syrien a lui aussi tendu les relations dans la région, notamment entre les sunnites, au pouvoir dans le Golfe, et les chiites d'Irak, du Liban et d'Iran, qui soutiennent les alaouites syriens et donc le régime du président Bachar al Assad.

 

Réaffirmant qu'il ne voyait aucune solution militaire à cette guerre, Lakhdar Brahimi a estimé que le Liban risquait tout particulièrement d'être attiré dans le conflit syrien.

 

Le prince héritier saoudien a appelé pour sa part à "modifier l'équilibre des forces" sur le terrain en Syrie, où la crise a atteint selon lui des proportions catastrophiques.