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Laurence Le Guen : «Il n’y a pas une seconde de monotonie»

2 février 2012, 00:00

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Laurence Le Guen : «Il n’y a pas une seconde de monotonie»

<STRONG>Laurence Le Guen a remporté la Ligue de trail 2011. Sa régularité s’est avérée payante et ce succès, dans une spécialité qui lui a apporté équilibre et sensation de bien-être, restera un de ses plus beaux souvenirs. Regard de femme sur un sport où le plaisir côtoie l’effort et la souffrance.</STRONG>

?  La régularité dont vous avez fait preuve la saison passée vous a permis de remporter la Ligue de trail 2011. Ce succès vous a-t-il fait plaisir ?

– Au début de l’année, j’avais pris la résolution d’accorder beaucoup de sérieux au trail, avec pour objectif de me placer dans le Top 5. J’ai fait toutes les courses, sauf deux que j’ai manquées car j’étais absente du pays et au final, cette régularité m’a permis de me retrouver devant mes adversaires qui, ayant d’autres objectifs pour la saison, n’avaient pu défendre leurs positions comme elles l’auraient souhaité. Cette première place m’a évidemment beaucoup plu et restera un beau souvenir pour moi.

? Comment avez-vous découvert le trail ?

– En 2008, je m’étais inscrite au 10km du Ferney Trail et l’expérience m’avait séduite. J’ai enchaîné en 2009 avec d’autres courses et j’ai réalisé que je me débrouillais assez bien. Puis, le nombre de compétitions augmentant, j’y ai pris goût.

? Jusque-là quels sont les sports que vous aviez pratiqués ?

– Un peu de cross-country quand j’étais au collège, beaucoup de vélo, mais je n’avais jamais fait de compétitions.

? Qu’est-ce qui vous a attiré dans la course en montagne ? Comment en êtes-vous devenue une férue ?

– En montagne, tout change constamment : le paysage, le rythme de la course, le terrain. Cette diversité contribue à rendre la course dynamique. Il n’y a pas une seconde de monotonie et chaque trail est une expérience unique. Outre cela, le trail m’apporte un équilibre de vie : il faut s’alimenter correctement, faire attention à son corps, être régulier aux entraînements. Grâce au trail, je me sens bien dans mon corps et dans ma tête. C’est également sur un trail que j’ai rencontré mon conjoint et cela contribue aussi à en faire un sport cher à mon coeur. Aujourd’hui, cette discipline occupe une place importante dans ma vie.

? Qu’est-ce qui différencie, selon vous, ce genre d’activité sportive des sports classiques ?

– Sans hésiter, je dirais que c’est la convivialité et la bonne humeur que partagent les trailers. En trail, on se bat d’abord contre soi-même avec pour objectif de terminer l’épreuve. L’autre, c’est celui qui est aussi passionné que nous. Il est notre égal, notre compagnon de galère, celui qui s’est réveillé, comme nous, à quatre ou cinq heures du matin pour être sur la ligne du départ à six heures trente. On n’hésitera pas à faire un brin de causette et rigoler avec le concurrent qui nous rattrape et on fait un bout de chemin ensemble. On s’échange les barres de céréales ou on file une gorgée d’eau à celui qui est en panne sèche. A l’arrivée, qu’on ait mis une, voire deux heures de plus que le premier, on a les yeux qui brillent de plaisir et on s’assoit par terre pour se raconter notre course.

? La proximité avec la nature, le fait d’évoluer au contact de la terre parmi les arbres, de faire le plein d’oxygène contribue-t-il à affermir ce lien entre les coureurs et le trail ?

– L’élément naturel ne peut être dissocié du trail.

Le plaisir côtoie l’effort et la souffrance. Tous les sens sont en éveil : on en prend plein la vue, on respire l’air pur ou les senteurs des bois, les feuilles gorgées de la rosée matinale nous rafraîchissent au passage et soudain, malgré le fait qu’on court depuis deux heures et qu’il faut encore grimper Piton ou Parakeet, on se sent heureux d’être là.

? Avant de goûter aux joies de l’effort vert, aviez vous, ce qu’on pourrait appeler, une conscience environnementale ?

– Oui, car j’ai toujours aimé la nature. J’aime cette sensation de paix et de sérénité que l’on peut ressentir face à un beau paysage.

? Le trail a-t-il contribué à affiner cette sensibilité, ce respect pour ce que la nature offre de plus beau et qui doit être préservé pour les générations à venir ?

– Le trail m’a surtout donné de découvrir des endroits magnifiques préservés de la pollution. Il m’est arrivé de surprendre une biche ou un marcassin au détour d’un sentier, d’évoluer au-dessous de dizaines de paille-en-queue !

Dans ces moments-là, on se sent privilégié d’être là, mais c’est triste de constater que même au beau milieu de la nature, le béton gagne du terrain. J’espère que ces invasions resteront limitées.

? Vous entraînez-vous spécialement pour chaque rendez-vous du calendrier trail ?

– L’entraînement varie, selon la longueur du trail.

Pour les parcours inférieurs à 15 km, je ferai une ou deux sorties lors des deux semaines qui précèdent la course. Pour les plus longs parcours, il faut commencer plus tôt et courir davantage.

? Combien d’heures consacrez-vous par semaine à l’entraînement ?

– A titre d’exemple, pour le vertical trail (25 km 2000m D+), un footing d’une heure trente le mardi, une sortie VTT de 30 km le jeudi et un entraînement sur le tracé de la course ou une sortie VTT de 40-50 km le samedi.

? Le fait d’avoir remporté la Ligue 2011 changera- t-il quelque chose dans votre approche de la compétition ?

– Pas vraiment, car je tiens à privilégier l’aspect plaisir. J’ai remporté la ligue en 2011 et j’en suis heureuse mais je veux continuer à dévaler les pentes ou patauger dans la boue sans me poser de questions. L’entraînement sert à être en forme le jour de la course. Je me fixe un objectif-temps et si je l’atteins, je suis satisfaite, peu importe le rang. Un podium de temps en temps, c’est la cerise sur le gâteau.

? Quels seront vos objectifs cette saison ?

– Malheureusement, il n’y aura pas de saison 2012 pour moi car j’irai bientôt retrouver mon conjoint qui vit en France, mais je compte bien m’inscrire à un club de trail là-bas et m’attaquer à d’autres sommets.

? 2012, une nouvelle saison pleine pour une discipline qui monte…

– J’espère que le trail fera de plus en plus d’adeptes. Les organisateurs des courses effectuent un travail remarquable : balisage et entretien des sentiers, création de nouveaux parcours, recherche de partenaires et sponsors, tout cela dans le seul et unique but de faire vivre leur passion et la faire découvrir à un plus grand nombre. Je pense qu’ils sont en train de remporter leur pari et ce fut un plaisir pour moi de les côtoyer.

J’encourage vivement les amateurs de course à pied, de randonnée, les amoureux de la nature à venir s’essayer au trail. Ce serait bien aussi qu’il y ait davantage de filles sur les courses, afin que la saison 2012 soit encore plus excitante que les précédentes.

A tous les trailers de la saison 2012, je vous dis bonne chance et… bonne route !