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L''arrestation du Premier ministre ordonnée au Pakistan

15 janvier 2013, 00:00

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L''arrestation du Premier ministre ordonnée au Pakistan

 La Cour suprême du Pakistan a ordonné mardi l''''arrestation du Premier ministre, Raja Pervez Ashraf, dans le cadre d''une affaire de corruption présumée dans le secteur de l''énergie.

Lors d''une manifestation qui a réuni des milliers de personnes à Islamabad, la capitale, un prédicateur soufi très respecté, Muhammad Tahirul Qadri, a demandé la démission du gouvernement, dirigé par le Parti du peuple pakistanais (PPP), ainsi que des réformes d''envergure et le report des prochaines élections tant que la corruption n''aura pas été éradiquée.

Le gouvernement et l''opposition doivent engager des négociations en vue de mettre en place un cabinet de transition pour superviser la préparation des élections dès que le Parlement aura été dissous, normalement en mars. Aucune date pour le futur scrutin n''a été avancée.

Selon de nombreux observateurs, l''armée soutient les manifestations antigouvernementales et, tout en tirant les ficelles en coulisse, se réjouit de voir des personnages publics comme Qadri dénoncer les carences du pouvoir.

Un collaborateur du Premier ministre, Fawad Chaudhry, a dit n''avoir "aucun doute" sur le fait que l''armée agisse de concert avec la Cour suprême, qui a donné vingt-quatre heures aux autorités pour arrêter Raja Pervez Ashraf et seize autres personnes.

Raja Pervez Ashraf a succédé en juin dernier comme Premier ministre à Yusuf Reza Gilani, destitué par la Cour suprême. Gilani avait été condamné en avril pour outrage à la Cour suprême en raison de son refus de rouvrir des enquêtes pour corruption contre le président Asif Ali Zardari.

DEMANDES "ANTICONSTITUTIONNELLES"

La Bourse de Karachi perdait 3% mardi, soulignant l''inquiétude des marchés face aux turbulences politiques.

Muhammad Tahirul Qadri, revenu récemment du Canada où il s''était installé, a menacé de camper devant le Parlement fédéral avec des milliers de ses partisans tant que ses demandes n''auront pas été satisfaites.

Prononçant un discours, protégé par une vitre à l''épreuve des balles, il a rendu hommage à l''armée et à la justice pakistanaises.

Alternant les phrases en ourdou et en anglais, il a accusé le gouvernement de maltraiter les forces armées, "qui sont sincères, très compétentes et hautement professionnelles".

A propos du système judiciaire, il a salué son indépendance et sa qualité, déplorant aussitôt que le gouvernement se refuse à appliquer ses décisions.

A un moment, les forces de sécurité ont tiré en l''air et lancé des grenades lacrymogènes pour contenir la foule.

Le ministre de l''Intérieur, Rehman Malik, a ensuite déclaré que le gouvernement ne se plierait pas aux exigences de Qadri, qu''il a jugées "anticonstitutionnelles".

La campagne du chef religieux divise les Pakistanais. Certains le tiennent pour un champion des réformes, d''autres pour une marionnette des militaires.

Il est cependant capable de mobiliser des milliers de membres de son organisation religieuse Minhaj-ul-Quran, qui gère un réseau d''écoles et de dispensaires et peut organiser les secours en cas de catastrophe naturelle.