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L''armée égyptienne sous pression après quatre jours de violences

19 décembre 2011, 00:00

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L''armée égyptienne sous pression après quatre jours de violences

Les pressions internationales s''''intensifiaient, lundi 19 décembre, sur le pouvoir militaire en Egypte pour mettre fin à la confrontation avec des manifestants antiarmée qui a fait 11 morts et des centaines de blessés en quatre jours dans le centre du Caire.


Le secrétaire général de l''ONU, Ban Ki-moon, a accusé les forces de sécurité égyptiennes d''usage "excessif" de la violence à l''encontre des manifestants. La secrétaire d''Etat américaine, Hillary Clinton, a appelé dimanche les Egyptiens à s''abstenir de toute violence et demandé "instamment aux forces de sécurité égyptiennes de respecter et de protéger les droits universels de tous les Egyptiens, y compris les droits d''expression et de réunion".

Une personne est décédée lundi matin, alors que les forces de l''ordre ont barré avec un mur en béton la rue touchée par les affrontements de dimanche, où le calme semblait revenu lundi en fin de matinée.

ONZE MORTS EN QUATRE JOURS

"Le nombre de tués depuis le début des heurts est monté à onze, dont un ce jour", a affirmé Adel Adaoui, adjoint du ministre de la santé, ajoutant qu''une enquête avait été ouverte. Il a également fait état de 201 blessés dimanche, alors que le précédent bilan officiel s''élevait à 10 tués et près de 500 blessés en trois jours.

De nouveaux affrontements avaient éclaté dans la nuit de dimanche 18 à lundi 19 décembre aux abords de la place Tahrir du Caire entre les forces de l''ordre égyptiennes et des centaines de manifestants hostiles à l''armée au pouvoir.

Durant la nuit de dimanche à lundi, des policiers et des militaires armés de matraques étaient parvenus à expulser les manifestants de la place Tahrir, épicentre du soulèvement ayant abouti au renversement de Hosni Moubarak en février.

Ceux-ci dénoncaient notamment le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, ministre de la défense de Hosni Moubarak pendant vingt ans et désormais chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA) supervisant la transition. De jeunes gens ont lancé des pierres et des cocktails Molotov contre les forces de l''ordre, au sein desquelles la police semble avoir remplacé l''armée en première ligne.

Ces violences surviennent entre les deux tours de la deuxième phase des élections législatives. Le parti Liberté et Justice (FJP), émanation politique des Frères musulmans, a revendiqué environ 40 % des voix lors du premier tour de cette deuxième phase la semaine dernière. Dix mois après le renversement d''Hosni Moubarak, une partie de la population soupçonne l''armée de profiter de son rôle à la tête du processus de transition pour tenter de conserver le pouvoir. Un groupe de manifestants campe sur la place Tahrir depuis un rassemblement le 18 novembre contre une proposition visant à soustraire l''armée à tout contrôle civil dans le cadre de la future Constitution. Des incidents éclatent régulièrement depuis. Fin novembre, quarante-deux personnes ont trouvé la mort.

ÉVACUATION DE LA PLACE TAHRIR

Lundi, le parquet a décidé le maintien en détention de 123 personnes arrêtées lors des heurts et la libération de 53 autres, ordonnant que neuf autres prévenus soient soignés avant d''être entendus, a annoncé l''agence officielle Mena. Ils sont poursuivis pour résistance à l''autorité, violences contre les forces de sécurité, incendie de bâtiments publics et atteinte à des propriétés publiques et privées.

Lundi matin, quelques dizaines de personnes ont observé un sit-in sur la place Tahrir, brandissant des banderoles hostiles au pouvoir militaire et des capture d''écran extraites de la vidéo ci-dessous, largement diffusée dans les journaux et sur les réseaux sociaux égyptiens. On y voit des militaires traîner une femme sur la chaussée par son abaya (voile qui couvre tout le corps), dévoilant son soutien-gorge, avant de lui donner un coup de pied dans le ventre.

Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) a par ailleurs affirmé lundi avoir découvert un plan visant à "brûler l''Assemblée du peuple", ajoutant que sur la place Tahrir, "des foules" étaient "prêtes à appliquer ce plan".

Les forces de l''ordre ont verrouillé le secteur des violences, dressant un mur de béton dans la rue où se sont déroulés à coups de pierre les heurts de dimanche, perpendiculaire à la grande avenue conduisant de la place Tahrir au siège du gouvernement. L''avenue est barrée depuis samedi afin d''empêcher les manifestants d''approcher du siège du gouvernement, où la confrontation avait débuté.


(Sources : LeMonde.fr/Reuters)

LeMonde.fr/Reuters