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L''Afghanistan, pays le plus dangereux pour les femmes

16 juin 2011, 00:00

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L''Afghanistan, pays le plus dangereux pour les femmes

La violence, le délabrement du système de santé et la pauvreté font de l''''Afghanistan le pays de la planète le plus dangereux pour les femmes, selon une étude coordonnée par TrustLaw, une entité de la fondation Thomson Reuters.

La République démocratique du Congo, le Pakistan, l''Inde et la Somalie suivent dans ce classement mondial établi sur six critères : la santé, les violences à caractère sexuel, les violences à caractère non sexuel, les facteurs culturels ou religieux, les ressources économiques et le trafic.

Afghanistan : Le conflit en cours, les frappes aériennes de l''Otan et les pratiques culturelles conjugués font de l''Afghanistan un pays très dangereux pour les femmes, note Antonella Notari, qui dirige le groupe Women Change Makers, un collectif de femmes chefs d''entreprise dans le monde. "De plus, les femmes qui tentent de prendre la parole ou d''assumer des fonctions publiques, qui défient les stéréotypes tenaces établissant ce qui est acceptable pour les femmes et ce qui ne l''est pas, par exemple en travaillant comme policières ou présentatrice de télévision, sont souvent victimes d''intimidations voire assassinées", ajoute-t-elle.

Selon les chiffres compilés par l''Unicef dans son rapport sur la Situation des enfants dans le monde, le taux de mortalité maternelle, c''est-à-dire le risque pour une femme de mourir lors d''une grossesse ou en donnant naissance à un enfant, est de 1 pour 11 en Afghanistan, soit le plus élevé de la planète (à titre de comparaison, il est en moyenne de 1 sur 210 en Asie et de 1 sur 6 600 en France).Cela bien sûr en raison d’un manque aigu de soins de santé dont sont victimes les femmes. L''Afghanistan se distingue aussi par le taux d''analphabétisme des femmes (87%) et par les mariages forcés, qui concerneraient entre 70% et 80% des jeunes filles et des femmes.

VIOLS ET AVORTEMENTS SÉLECTIFS
République démocratique du Congo (RDC) : ce pays africain a été le  théâtre d''une guerre et d''une catastrophe humanitaire qui a fait jusqu''à 5,4 millions de morts entre 1998 et 2003. La RDC arrive en deuxième position de cette liste des pays les plus dangereux pour les femmes du fait principalement des viols qui y sont pratiquées. Une étude récente de chercheurs américains a estimé que plus de 400 000 femmes y étaient violées chaque année.

Somalie : ce pays est  privé de toute structure étatique véritable depuis vingt ans. Ainsi, la santé, ou plutôt l''absence de système de santé, met également en péril les femmes. "La chose la plus dangereuse qui puisse arriver à une femme en Somalie est d''être enceinte. Quand une femme est enceinte, sa vie devient du 50-50 parce qu''il n''y a pas du tout de soins anténataux, pas d''hôpitaux, pas de soins, rien", explique la ministre somalienne des Femmes, Maryan Qasim. En Somalie, le taux de mortalité maternelle est de 1 pour 14.

Pakistan : dans ce pays,  ce sont avant tout des pratiques culturelles, tribales et religieuses qui nuisent aux femmes. D''après les chiffres de la Commission nationale des droits de l''homme, un millier de femmes et de filles sont victimes chaque année de "crimes d''honneur (viols ou assassinats)". Et bien souvent, la justice est plutôt clémente à l’égard des hommes coupables d’atrocités à l’égard des femmes. Par exemple, l’affaire  Mukhtaran Mai, une Pakistanaise violée en 2002 par 14 hommes qui voulaient « laver l''honneur » de leur village. Six de ses agresseurs ont été condamnés à mort pour ce viol, mais la Cour suprême a prononcé cette année l''acquittement de cinq d''entre eux, le sixième voyant sa peine commuée en réclusion criminelle à perpétuité.

L’Inde est pour sa part stigmatisée pour le nombre élevé d''"avortements sélectifs" et d''infanticides. Parce que les fillettes sont considérées comme un poids économique, des familles préfèrent avorter lorsqu''elles découvrent que le fœtus est de sexe féminin. Le Fonds population des Nations unies chiffre à 50 millions le nombre de "fillettes disparues" en Inde sur les cent dernières années. Des études récentes avancent le chiffre de 12 millions au cours des trente dernières années. Les femmes indiennes sont aussi très exposées au trafic sous ses différentes formes. En 2009, Madhukar Gupta, alors ministre de l''Intérieur, avait avancé un chiffre de 100 millions de personnes, essentiellement des femmes et des filles, victimes de trafic (prostitution, travail forcé, mariage forcé).

"Il est vrai que les Asiatiques du Sud, en général, n''accordent pas de valeur à leurs filles, ce qui apparaît nettement dans l''évolution du ratio garçons/filles en Inde", souligne Meenakshi Ganguly, directrice pour l''Asie de l''organisation Human Rights Watch (HRW). "Cela provient pour une large part d''une tradition féodale, où les fils étaient les héritiers aussi bien que ceux à qui incombait la charge des personnes âgées. Mais depuis lors, cela s''est enraciné dans les attitudes, et les femmes sont simplement considérées comme des inférieures", ajoute-t-elle.


Reuters