Pics et pioches retournent révérencieusement la terre à l?Aapravasi Ghat. Tombé le béton d?une modernité qui menaçait d?ensevelir les vestiges de l?engagisme, c?est-à-dire l?hôpital qui se tenait à l?emplacement du site de la rue du quai, à Port-Louis.

Au bout de l?effort : une inscription très convoitée sur la liste du patrimoine mondial de l?UNESCO. ?Nous espérons soumettre une première mouture du dossier d?application au gouvernement d?ici février 2005.? Optimiste, Vijaya Teelock, chairperson du Aapravasi Ghat Trust Fund s?appuie sur une série de jalons posés dans le temps. ?La troisième phase des travaux débutera officiellement dimanche. Le processus a été enclenché en juillet 2003, avec la soumission du premier rapport technique du Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS), organe consultatif de l?UNESCO.?

Ce dimanche, au-delà des gestes symboliques de Sir Anerood Jugnauth, président de la République, et du Premier ministre Paul Bérenger ? dévoilement d?un panneau indicateur, utilisation du mortier traditionnel, ouverture d?une exposition et lancement d?un bulletin d?information ? ce sont avant tout les spécifications de l?UNESCO que le Trust Fund cherche à atteindre.

?Les travaux de restauration du site aboutiront quand il retrouvera l?état dans lequel il était en 1865, en pleine vague de l?engagisme.? Pour cela, l?Aapravasi Ghat Trust Fund s?est assuré les services de Munish Pandit, Restoration Architect dépêché par le chapitre indien de l?ICOMOS. ?Le rapport technique a estimé les travaux à Rs 6 millions. Le Ghat n?est pas qu?un lieu de débarquement, c?est tout un système qu?il commémore. À 80 % et en retrouvant le savoir-faire des artisans du 19e siècle, notre travail consiste à enlever les ajouts successifs au bâtiment initial et à restituer le toit de chaume et les murs en chaux.?

L?inscription éventuelle sur la liste du Patrimoine de l?UNESCO prévoit également l?aménagement d?une zone tampon autour du site. Dans cette optique, le projet du Trust Fund propose d?établir la liste des bâtiments entourant l?Aapravasi Ghat, dont des entrepôts actuellement utilisés par la Development Works Corporation. À terme, ces bâtiments devraient aussi faire l?objet de travaux de restauration. Un travail contre les outrages du temps qui se fera, d?ici le mois d?août, au Vagrant Depot, aux casernes de Trianon et d?Union Vale et à la station de quarantaine de l?île Plate.

Le Trust Fund espère, en août toujours, lancer son projet de collecte de l?histoire orale de la dernière génération d?employés de l?industrie sucrière. Intitulé From Indenture to VRS, il a pour objectif d?enquêter auprès des familles dont l?histoire est inextricablement liée à l?industrie et qui ont opté pour le Voluntary Retirement Scheme.