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La Russie réprime "propagande" homosexuelle et offenses aux croyants

11 juin 2013, 19:40

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La Russie réprime "propagande" homosexuelle et offenses aux croyants

Les députés russes ont adopté mardi 11 juin deux lois punissant tout acte de "propagande" homosexuelle devant mineur et réprimant les "offenses aux sentiments religieux", critiquées par les militants des droits de l'homme. La loi contre la propagande homosexuelle a été adoptée à la Douma en deuxième lecture, et dans la foulée en troisième et dernière lecture par 436 députés. Un seul s'est abstenu et aucun n'a voté contre.



Après les débats qu'avaient suscités sa première lecture en janvier, de nombreux amendements avaient été déposés et son intitulé modifié, remplaçant le terme "homosexualité" par "relations sexuelles non traditionnelles". "Quels que soient les termes employés dans la loi, il n'en reste pas moins qu'il s'agit de discrimination et de violation des droits" des LGBT (lesbiennes, gay, bi et trans), a dénoncé l'ONG Human Rights Watch, dans un communiqué.



"Les relations sexuelles traditionnelles sont des relations entre un homme et une femme", avait déclaré en introduction des débats mardi Elena Mizoulina, députée du parti Russie juste (centre gauche) et coauteur du texte. "Ces relations ont besoin d'être protégées par le gouvernement", a-t-elle ajouté.



Selon la loi, une personne physique risque de 4 000 à 5 000 roubles d'amende (100-125 euros), une personne dépositaire de l'autorité publique de 40 000 à 50 000 roubles (1 000-1 250 euros) et une entité juridique de 800 000 à un million de roubles (19 000-23 500 euros). Les sanctions sont encore plus sévères si cette propagande est effectuée sur Internet, et prévoient que les entités juridiques pourront être fermées jusqu'à 90 jours. Les étrangers risquent aussi une amende pouvant aller jusqu'à 100 000 roubles, et pourront, en outre, être détenus 15 jours et expulsés.



Le délégué du Kremlin pour les droits de l'homme, Vladimir Loukine, a dit mardi craindre la façon dont sera appliquée la loi. "Si elle est appliquée avec sévérité et sans discernement, cela peut faire des victimes et aboutir à des tragédies humaines", a-t-il déclaré, cité par l'agence Interfax.



Une vingtaine de personnes avaient été interpellées dans la matinée lors d'échauffourées entre militants homosexuels et partisans de la loi devant le bâtiment de la Douma. La plupart des personnes arrêtées semblaient être des partisans de la cause gay. Le terrain est propice en Russie aux discours homophobes – l'homosexualité a été considérée comme un crime depuis l'époque soviétique et jusqu'en 1993, comme une maladie mentale jusqu'en 1999.



Selon un sondage de l'institut Vtsiom, 88 % des Russes soutiennent l'interdiction de la propagande homosexuelle. Par ailleurs, 54 % des Russes pensent qu'il faut punir l'homosexualité. Récemment, plusieurs cas de meurtres pour homosexualité ont été recensés dans le pays.