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La Réunion : un million d’euros pour acheter les pieds dans l’eau

19 septembre 2011, 00:00

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Pour s’offrir une maison en bord de mer, il faut aujourd’hui compter une moyenne d’un million d’euros. Ou lâcher 2 000 à 3 000 euros de loyer par mois. Un marché de niche où les opportunités sont rares.

Envie d’acquérir une belle villa avec accès direct sur la plage ? Avant de concrétiser, vous avez le temps de rêver et sympathiser avec votre banquier. Sur le web ou dans les annonces gratuites, la prospection tourne court. Les professionnels de l’immobilier vous confirment à l’unisson le constat : à l’achat, les biens de prestige pieds dans l’eau sont devenus denrée rare à la Réunion. “C’est vraiment exceptionnel. D’ailleurs, on n’a rien en ce moment”, répond la patronne de l’agence Saint-Gilles immobilier. Chou blanc également du côté de l’agence Croix du Sud : “Du pieds dans l’eau ? Désolé, rien à vous proposer, sourit Agnès Lougnon. J’en ai vendu deux depuis le début de l’année. Une villa de maître à Grand-Fond, une autre du côté de Boucan. Coût de la transaction ? “Dans les 850 000 euros”.

On parle là d’une fourchette basse. Avec du terrain, et selon l’état du bien, les tarifs atteignent voire dépassent le million d’euros. À la location, il faut compter une moyenne de 2000 à 3 000 euros. Le prix de l’exclusivité, de la rareté, d’un privilège. Car les heureux propriétaires d’un bien sur la côte sont de moins en moins vendeurs. “Ce sont des grandes familles pour la plupart, qui entretiennent un rapport très affectif avec leur maison. Le bien se transmet généralement aux héritiers”, analyse Cyril Arné, conseiller de l’agence Transactis à Saint-Paul.

Peu de vendeurs donc mais aussi peu d’acheteurs potentiels. À un million d’euros, “les postulants se limitent à des directeurs de société ou des professions libérales qui ont déjà des biens”, indique Nicole Tessonneau, de l’agence Saint-Gilles Immobilier. Reste que les opportunités ne traînent pas. “Pour un bien d’exception, il y a toujours preneur. Même à un million d’euros, une maison en bord de mer ne reste pas plus de trois mois sur le marché”, assure Agnès Lougnon.

À ce niveau la transaction, on marche évidemment au coup de foudre. Et le client a souvent des “exigences précises”. Piscine, belles prestations, environnement de qualité. Or, ces prétentions sont loin de correspondre à la réalité du marché. Bon nombre de ces demeures, construites il y a 40 ou 50 ans, affichent un état vétuste. Autre contrainte qui limite les transactions, la non-conformité avec le règlement d’urbanisme. Ces fameux pas du roi qui imposent un recul minimum par rapport au domaine public maritime. La majorité des biens y fait entorse.

Quand aux constructions nouvelles ? A moins d’être pistonné, difficile aujourd’hui d’obtenir un permis pour bâtir une villa dans le sable. En l’état, le foncier est saturé. Et le prochain plan local d’urbanisme de Saint-Paul ne devrait pas ouvrir la voie à des déclassements de parcelles sur la côte. En somme, les riverains du battant des lames ont tout lieu de continuer à profiter de leur situation privilégiée. Ceux qui rêvent encore d’acheter ont intérêt, eux, à ne pas laisser filer la moindre opportunité d’ici au 1er février 2012. À cette date, les plus-values immobilières sur les ventes de résidences secondaires seront en effet taxées. De quoi inciter les vendeurs à surenchérir un peu plus.

Photo : Les propriétaires d’un bien en bord de mer sont de moins en moins vendeurs.

Source : Vincent Boyer, Le Journal de l’île de la Réunion.