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La Réunion-multimédia : SFR lorgne la zone océan Indien

7 avril 2011, 00:00

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La Réunion-multimédia : SFR lorgne la zone océan Indien

Filiale à 100 % de l’opérateur français SFR et désormais libre de se développer à l’étranger, la SRR (Société Réunionnaise de radiotélécommunication) envisage de  s’implanter dans l’océan Indien, tout en maintenant sa position sur le marché très disputé de la téléphonie et de l’Internet réunionnais,  affirme  son président  Bertrand Guillot  dans une interview au Journal de l’île de la Réunion.

Q. Vivendi vient de prendre seul le contrôle de SFR en rachetant pour près de 8 milliards d’euros les parts de Vodafone. Que va changer ce rachat pour SFR à la Réunion ?

R.  Ça ne va rien changer pour nos clients. Nous sommes une filiale à 100 % du groupe SFR et c’est avec lui que nous avons l’habitude de travailler. En revanche, ce rachat va permettre à SFR de se développer à l’extérieur du territoire français. Jusqu’ici seul Vodafone pouvait le faire. À notre niveau, la SRR, déjà présente à Mayotte et à la Réunion, va pouvoir s’intéresser aux pays de la zone océan Indien comme Madagascar, Maurice, Seychelles, Comores. C’est un virage très important.

Q. Serez-vous par exemple présent à Maurice où votre concurrent Orange est déjà implanté ?

Nous allons étudier les opportunités et réaliser des études de marché avant d’investir. Toute la question est de savoir comment exporter notre savoir faire avec un niveau de qualité élevé dans des pays où le pouvoir d’achat n’est pas aussi fort qu’à la Réunion. A Madagascar, le chiffre d’affaires moyen par client est d’environ 5 euros. Ici, il est plutôt de 25-30 euros.

La croissance externe fait partie de nos axes de développement. Encore faut-il pouvoir appliquer les recettes qui ont fait notre succès à la Réunion. Quant à Maurice, on va regarder.

Q. Le marché réunionnais est-il saturé, ou pouvez-vous encore développer votre chiffre d’affaires ?

R. En terme de volume, la Réunion est saturée. Il y a plus d’un téléphone portable par personne. Et pour la première fois, le nombre total de lignes de GSM a légèrement baissé en 2010. En termes de part de marché, nous sommes dans une phase de stabilisation. SFR est le premier opérateur avec 60 % de parts de marché. Le second possède 30 % et le troisième 10%.

Mais le marché est en train d’évoluer grâce à l’Internet mobile et aux webphones. Ces mini-ordinateurs portables et les services associés sont une source de croissance. Nous avons réalisé de gros investissements pour couvrir la population en réseau 3G. Aujourd’hui, 42 % de nos clients l’utilisent et 25 % possèdent un webphone. En 2011, nous espérons réaliser un chiffre d’affaires de 270 millions d’euros, soit une croissance de 5 à 6% par rapport à 2010.

Q. Votre arrivée sur le marché de l’Internet est une réussite. Pensez-vous poursuivre cette croissance et faire évoluer vos offres ?

R. Nous espérons atteindre 20 à 25 % de parts de marché d’ici la fin de l’année. Nous sommes dans le plan de marche prévu. L’an dernier, nous avons secoué le marché en proposant des débits élevés, le téléphone illimité et la télé. Nous  (…) souhaitons développer l’offre triple play qu’un tiers de nos clients ont choisi. Nous travaillons également avec les opérateurs satellites pour proposer à nos clients certaines de leurs chaînes via la Neuf box.

Q. La Région (Conseil régional réunionnais)  et l’État veulent développer le très haut débit. Êtes-vous prêts à investir dans cette technologie ?

R. Le très haut débit représente évidemment l’avenir et nous nous y intéressons. Mais à court terme, un seul opérateur ne peut pas investir dans cette technologie de manière rentable. On l’a constaté avec un opérateur qui a souhaité développer cette technologie à la Réunion et qui a dû mettre la clé sous la porte faute de rentabilité. Pour le moment, le client qui a déjà accès aux offres 20 mégas n’en retirerait pas un bénéfice supérieur. Il peut aujourd’hui avoir accès à tout ce que la technique propose. Nous ne pouvons pas offrir un accès cinq fois plus rapide mais deux fois plus cher s’il n’en retire pas un intérêt conséquent. Sans argent public, nous ne pouvons pas investir seul dans le très haut débit. Avec le grand emprunt, il y a aujourd’hui des pistes de réflexion.

(Propos recueillis par Jean-Philippe Lutton/ le Journal de l’île de la Réunion, 7 avril 2011.)