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La Réunion : Le tsunami socialiste balaye la droite

7 mai 2012, 00:00

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La Réunion : Le tsunami socialiste balaye la droite

En obtenant 71,49 % des suffrages, deuxième meilleur résultat de toute la France après la Guadeloupe, François Hollande réalise un score historique dans l’île. En dépit de ses appels à la mobilisation entre les deux tours, l’UMP essuie un échec cuisant.

Près de 290 000 voix pour François Hollande. A peine 115 000 pour Nicolas Sarkozy. Le deuxième tour entre le candidat socialiste et le chef de file de l’UMP s’annonçait déséquilibré à la Réunion. Il vire finalement au cauchemar pour la droite locale et offre à la gauche un succès auquel elle n’osait croire, elle-même, au début de la campagne électorale.

En obtenant 71,49 % des suffrages, François Hollande améliore de huit points le score de Ségolène Royal en 2007 et ramène le poids politique de son adversaire à un peu moins de 30 %, ce qui est très faible comparé aux résultats obtenus par Jacques Chirac en 1995 ou en 2002. Pour mémoire, l’enquête réalisée par Ipsos pour le Journal de l’île et Réunion Première du 12 au 16 avril donnait déjà une indication très précise de ce rapport de forces en créditant François Hollande de 74 % des intentions de vote au second tour contre 26 % pour le président sortant.

Entre le 22 avril et le 6 mai le candidat socialiste profite de la légère remontée de la participation dans l’île (+ 7,27 %, soit 42 000 électeurs supplémentaires) et bénéficie d’un excellent report des suffrages à l’intérieur de son camp. Au premier tour, Jean-Luc Mélenchon, Nathalie Arthaud, Philippe Poutou et Eva Joly avaient totalisé 37 570 voix. Sans surprise, celles-ci se sont massivement reportées sur François Hollande, conformément aux consignes de vote données par la plupart des candidats d’extrême gauche et d’Europe-Ecologie à l’issue du premier tour.

En tête dans les 24 communes

Le nouveau chef de l’État réalise d’excellents scores dans les communes tenues par des maires socialistes ou communistes. Il obtient 77 % des suffrages à Saint-Joseph, 76 % à Saint-Benoît, 81,5 % au Port, 71,5 % à la Possession, 72 % à Petite-Île.

Mais François Hollande se distingue aussi dans les communes de droite. Il totalise 78 % des voix à Saint-Philippe, 76 % à Salazie, 73 % à Bras-Panon, 70 % à Sainte-Marie, quatre municipalités dont les maires se sont ralliés dès le départ à la candidature de Nicolas Sarkozy. Faut-il y voir un effet Bayrou, le chef de file socialiste s’offre également un bel exploit à Saint-Leu en décrochant 77 % des suffrages, la commune de Thierry Robert, le président du Modem à la Réunion.

"Il n’y a pas de fatalité. On a quinze jours devant nous pour améliorer de façon très significative le score de notre candidat", expliquait, au soir du premier tour, René-Paul Victoria. En dépit d’une équation particulièrement complexe à résoudre, le député de Saint-Denis n’y a jamais renoncé publiquement, quitte à s’enfermer dans une sorte de déni de la réalité. Mais à l’instar des autres leaders de droite, le parlementaire UMP doit sans doute regretter, ce matin, la passivité de sa famille politique tout au long de cette campagne. Même si à Saint-Denis le résultat de François Hollande est inférieur à la moyenne départementale, la droite dionysienne n’a pas brillé par son activisme ces derniers mois.

Un quinquennat chaotique

La démobilisation de l’UMP a été encore plus impressionnante à Sainte-Marie, au Tampon, ou à Saint-Pierre. A l’exception de quelques interventions publiques, ni René-Paul Victoria, ni Michel Fontaine, ni Didier Robert, le président de la Région, ne se sont vraiment investis dans cette bataille présidentielle qui s’est surtout déroulée à travers le prisme médiatique.

L’absence de ses relais naturels sur le terrain a donc été préjudiciable à Nicolas Sarkozy dont la cote de popularité à la Réunion n’a cessé de se dégrader depuis son arrivée à l’Élysée.

Son effondrement électoral, le président battu dimanche le doit aussi à un quinquennat chaotique, marqué dans les territoires ultramarins par une remise en cause des politiques publiques menées jusqu’ici. En imposant à l’outre-mer la même rigueur que dans l’hexagone au titre de la solidarité nationale, en n’apparaissant pas comme le candidat capable de répondre aux attentes sociales de la Réunion, Nicolas Sarkozy s’est progressivement coupé des couches populaires et des classes moyennes. Dans la dernière ligne, il a aussi perdu ces électeurs issus des catégories sociales supérieures, tentés au premier tour par la candidature de Marine Le Pen, au second par une alternance pure et simple.

Et maintenant ? A un mois tout juste des législatives, la gauche dispose d’un boulevard devant elle, pour peu qu’elle fasse preuve de discipline et qu’elle sache unir ses forces. Mais l’UMP n’a pas tout perdu. Loin de là. D’abord parce que la dynamique n’est pas la même d’un scrutin à un autre. Ensuite, parce que le rejet dont a fait l’objet Nicolas Sarkozy depuis cinq ans ne s’étend pas forcément aux parlementaires de son camp. La bataille sera tout aussi âpre mais sa nature sera forcément différente

(Photo : François Hollande, en meeting à la Réunion, fin mars).

(Source : Florent Corée/ Le Journal de l’île de la Réunion).