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La Réunion : le retour aux tisanes péi... un patrimoine menacé

15 mai 2011, 00:00

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La Réunion : le retour aux tisanes péi... un patrimoine menacé

A la foire de Bras-Panon, les stands des tisaneurs font partie des plus plébiscités (Photo) . Mais ces spécialistes des “zerbaz péi”, dont le savoir se transmet de génération en génération, tendent aujourd’hui à disparaître.

Une association, l’Aplamedom, milite pour la reconnaissance de ce savoir et l’inscription des plantes péi à la pharmacopée française.

Ambaville, ayapana, benjoin, faham... Selon l’Aplamedom (Association pour les Plantes Aromatiques et Médicinales de La Réunion), dans l’île, ils seraient 5 à 10% à utiliser des plantes médicinales presque quotidiennement. “Ici, nous avons la Carte Vitale, la CMU, des conditions d’accès aux soins identiques à celles des autres départements français. Mais on s’aperçoit que de nombreuses personnes utilisent des “zerbaz péi”, notamment lorsqu’elles souffrent de maladies chroniques, comme le diabète par exemple”, souligne Claude Marodon, pharmacien et président de l’Aplamedom.

Des propos que confirment Daniel et Judith Tibere, un couple de tisaneurs connus dans toute l’île. A la foire de Bras-Panon, le stand qu’ils tiennent ne désemplit pas. Ils confient : “Nous produisons des tisanes, chez nous, à Trois-Bassins et un peu à Bellemène. Notre savoir est transmis de générations en générations. Nous savons quelle plante utiliser en fonction des problèmes des personnes : le romarin pour les saisissements, la cannelle et la menthe pour les grippes. Après, il y a des choses que nous ne dirons pas, ça fait partie des secrets des tisaneurs”.

Judith Tibere, qui est allée présenter ses tisanes au Salon de l’Agriculture de Paris et qui a obtenu le titre de “Zarboutan Nout Kiltir” en 2006, reprend : “Aujourd’hui, on ne trouve plus de jeunes qui veulent reprendre la tradition. Des tisaneurs, dans l’île, il n’en reste qu’une dizaine. Et puis, il y a ceux qui vendent des tisanes sans connaître leurs propriétés. Certains vendent des plantes sous un nom alors qu’il s’agit d’autres choses, ça peut être très dangereux ! Le bois quinquina par exemple, peut être nocif si on ne sait pas comment l’utiliser”.

Jean-Jacques Silon, également tisaneur, confirme : “On ne peut pas faire cette activité si on n’est pas passionné et si on ne s’informe pas régulièrement. Les feuilles du goyave marron ont un effet bénéfique mais les fleurs provoquent des vomissements, il faut le savoir. Et puis, les dosages sont très importants !”. Jean-Jacques, qui consomme des tisanes péi depuis toujours, affirme : “Les tisanes, c’est naturel, ce n’est pas comme les médicaments remplis de produits chimiques !”