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La Réunion : le prix du pétrole plombe les ailes des compagnies et des voyageurs

1 mars 2011, 00:00

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La Réunion : le prix du pétrole plombe les ailes des compagnies et des voyageurs

Les Réunionnais constatent année après année l’envolée des prix des billets d’avion. Les compagnies accusent les coûts d’exploitation et la flambée de l’or noir pour expliquer des tarifs prohibitifs. 

Gérard Ethève, président d’Air Austral, explique: « Entre 2009 et 2011, le prix du kérosène a subi une hausse de 70 %». « Une hausse de 10 centimes du litre de kérosène, cela équivaut tout de suite à une facture gonflée de 25 millions d’euros pour une compagnie qui réalise un chiffre d’affaires d’entre 8 et 12 millions d’euros. Notre activité est extrêmement sensible aux cours mondiaux. La chute de l’euro face au dollar n’a rien arrangé. Nous effectuons 65 % (ndlr : notamment le carburant) de nos achats dans cette devise », martèle Gérard Ethève.

Du coup, le poste kérosène a pris le large dans le prix du billet d’avion. Chez Air Austral, il est passé « en l’espace d’un an de 20 % à 32 % du total ». Ainsi, le tiers d’un billet est donc absorbé par le carburant chez Air Austral. Suivent de près la maintenance et l’assurance de l’appareil qui contribuent pour 23 % du prix final réglé par l’usager.Les frais de personnel représentent 19 % pour cette compagnie, les redevances aéronautiques 10 %, l’assistance aéroportuaire 5 %, les frais de commercialisation des billets et les services en vol 4 % chacun. Enfin, les frais généraux de la compagnie grappillent encore 3 % du prix du billet. Le boss de la compagnie régionale poursuit : « Il y a des coûts incompressibles dont le carburant et la sécurité. L’avion n’est pas un objet bon marché ».

Pour autant, les fameux frais incompressibles ont bon dos. Ils n’expliquent en aucun cas la multiplication des tarifs pratiqués pour un même avion ni les écarts monstrueux entre haute et basse saison. Le président d’Air Austral précise : « La saisonnalité pénalise nos entreprises. On brade nos sièges en période creuse, soit huit mois par an, avec des tarifs deux fois trop bas. En revanche, les voyageurs paient le prix fort, jusqu’à 1,5 fois de trop, en période de pointe ».

Une partie non négligeable du prix du billet d’avion est constituée d’une série de taxes. Les redevances passagers (QX et QW) sont perçues par les gestionnaires d’aéroports pour assurer leur fonctionnement et leurs investissements.

La taxe aviation civile (FRSE), la taxe sûreté (FRTI) et la taxe solidarité (IZ) sont perçues par l’État. La première vise à financer l’aviation civile directement. La deuxième abonde les caisses pour la sécurité aérienne et celle des aéroports. Enfin, la troisième, dite taxe Chirac, finance l’association Unitaid, sous la houlette de l’OMS, qui vise à lutter contre les pandémies.

La plus importante, qui n’est d’ailleurs pas une taxe, n’est autre que la fameuse surcharge carburant. Celle-là même qu’Air France a rehaussé début février et Air Austral début janvier. Les montants oscillent entre 212 euros et 232 euros pour les trois compagnies françaises. Mais cette surcharge, mise en place depuis 2004 pour pallier à une cherté du pétrole censée être passagère, n’a connu qu’une poignée de baisses contre une longue série de hausse.

(Source : Le Journal de l’île de la Rénion,1er mars 2011.)