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La Réunion : 22 000 demandes pour 6 000 logements sociaux distribués par an

27 juillet 2011, 12:00

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La Réunion : 22 000 demandes pour 6 000 logements sociaux distribués par an

Chaque année, plus de 22 000 demandes sont recensées pour moins de 6 000 logements sociaux distribués à la Réunion. Le rôle des commissions d’attribution de logements des sept bailleurs sociaux de l’île (SHLMR, SIDR, Semader, Sedre, Sodegis, Sodiac, Semac) est donc crucial.

Au-delà du critère strict des conditions de ressources, les règles du Code de la construction et de l’habitat qu’elles doivent appliquer donnent la priorité aux personnes handicapées, aux mal logées (insalubrité ou surpeuplement), à celles en hébergement provisoire et aux femmes victimes de violences conjugales. Ces cas ont toutes les chances de trouver une issue favorable au bout de quelques mois.

Pour les autres demandeurs, les discussions portent sur le contenu du rapport social réalisé à leur sujet, l’ancienneté de la demande, mais aussi sur le taux d’effort, c’est-à-dire sur le pourcentage de ses revenus que le ménage devra consacrer au loyer s’il est sélectionné. Ce taux ne devant pas dépasser la barre des 25%.

Aux yeux de la Confédération nationale du logement (CNL), représentée localement par Érick Fontaine, les bailleurs sociaux seraient toutefois beaucoup trop focalisés sur ce taux d’effort, qu’ils considéreraient avant tout comme une protection contre les impayés. Et ce, quitte à pénaliser durablement certains publics.

4 000 LOGEMENTS PRIVÉS VACANTS

Dans une interview accordée au Journal de l’Île, le mois dernier, Erick Fontaine s’interrogeait sur "25 à 30% des dossiers présentés en commission, qui ne sont finalement pas instruits, déclarait-il. Il s’agit en général de jeunes salariés au smic ou de retraités qui touchent aux alentours de 900 euros par mois."

Et d’expliquer : "Compte tenu que ces publics aux faibles revenus ne touchent pas d’allocation logement, leur dossier présente systématiquement un taux d’effort jugé trop important par les bailleurs. Ceux-ci ont moins peur, en cas d’impayé, avec un érémiste devant régler 60 euros de loyer par mois, qu’avec un salarié qui devrait débourser 400 euros mensuels."

Erick Fontaine d’ajouter : "Les bailleurs sociaux réalisent des opérations financières, plus que des opérations de logement." Pour l’administrateur de la CNL, les conséquences de ces dysfonctionnements se révéleront très graves à long terme. "C’est un combat que je mène depuis trois ans auprès de la profession, martèle Erick Fontaine. Je tire la sonnette d’alarme pour qu’on ne laisse pas ces personnes qui ont un emploi, ou bien qui ont travaillé toute leur vie, s’endetter dans le logement privé. Ces jeunes actifs et ces retraités sont gravement pénalisés. Ils n’obtiennent jamais rien dans le social."

Alertée, la préfecture avait reconnu le problème et, après le mouvement du Cospar, en 2009, avait instauré une "commission des cas singuliers". Mais problème, celle-ci n’avait aucun pouvoir légal. Erick Fontaine a donc demandé sa suspension. Aujourd’hui, il est à nouveau en négociation avec le préfet et l’ARS (Agence régionale de la santé) pour mettre en place un projet d’intermédiation locative.

 "Nous voulons obtenir de l’État un agrément qui nous permette de gérer les 4000 logements privés vacants sur l’île, explique Erick Fontaine. Leurs propriétaires devront adapter le montant du loyer au niveau du logement social. Ils obtiendront en contrepartie la garantie de l’État en cas d’impayés et pour l’entretien du logement. Nous espérons pouvoir démarrer ce projet qui sera également créateur d’emplois, dès la fin d’année." Un espoir d’oxygénation pour un secteur encore largement asphyxié.

Source : Le Journal de l’île de la Réunion.