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La Chine décide d''étudier des sanctions contre l''Iran

2 avril 2010, 00:00

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La Chine décide d''étudier des sanctions contre l''Iran

La Chine fait savoir qu''''elle accepte de prendre part à des pourparlers avec les pays occidentaux sur une nouvelle série de sanctions contre l''Iran et que le président Hu Jintao assistera ce mois-ci à Washington à un sommet multilatéral sur la sécurité nucléaire.

Ces deux initiatives semblent de nature à apaiser les tensions entre Pékin et Washington après des mois de désaccords sur des sujets comme le cours du yuan, la censure exercée sur internet, le Tibet ou les ventes d''armes américaines à Taiwan.

Bill Burton, porte-parole de la Maison blanche, a salué un "pas important" de la Chine et a dit s''attendre à ce que la communauté internationale sont en mesure de "faire pression" sur l''Iran dès ce printemps.

Il a ajouté, à bord d''Air Force One, que la participation chinoise au sommet montrait que les deux pays pouvaient coopérer sur la prolifération nucléaire en dépit de désaccords sur d''autres questions.

La décision d''étudier des sanctions marque une évolution significative de la partie chinoise, qui repoussait précédemment les appels occidentaux en faveur de pressions concertées contre Téhéran. Accusé de chercher à se doter de l''arme nucléaire, l''Iran affirme ne développer qu''un programme atomique civil.

Pékin entretenait aussi le mystère quant à la présence de Hu au sommet sur le désarmement des 12 et 13 avril à Washington, qui précédera de peu la publication d''un rapport du Trésor américain susceptible d''accuser la Chine de manipuler le cours de sa devise pour que ses exportateurs en tirent parti.

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a indiqué que Hu serait présent à la réunion de Washington. "La Chine accorde beaucoup de valeur à la question de la sécurité nucléaire et s''oppose à la prolifération nucléaire et au terrorisme nucléaire", a-t-il dit à la presse.

A New York, la représentante des Etats-Unis à l''Onu, Susan Rice, a indiqué mercredi que son pays, la Grande-Bretagne, la France, la Russie et l''Allemagne s''étaient entendus avec la Chine pour entamer l''examen d''un projet de résolution du Conseil de sécurité comportant de nouvelles sanctions contre l''Iran.

Le porte-parole du ministère chinois s''est refusé à évoquer les aspects précis d''une résolution et a souligné que la Chine espérait toujours un compromis diplomatique sur l''Iran.

La Chine a longtemps rechigné à l''idée de durcir encore les sanctions imposées à l''Iran, qui est l''un de ses gros fournisseurs de pétrole. Si elle s''est ralliée aux puissances qui prônent les sanctions, c''est en souhaitant que ces mesures restent mesurées, déclarent des diplomates.

Selon un diplomate proche des négociations entre Pékin et ses partenaires, la Chine pourrait accepter de mettre les banques iraniennes sur une liste noire, d''imposer des interdictions de déplacement et de geler des avoirs iraniens à l''étranger, toutes propositions émises par Washington.

En revanche, elle s''opposerait à plusieurs suggestions avancées par la France, comme la mise sur liste noire des compagnies maritimes iraniennes, l''interdiction des importations d''armes, et des sanctions contre les secteurs pétrolier et gazier iraniens.

Signe du rôle central de Pékin dans une accélération des pourparlers, le principal négociateur iranien pour le nucléaire, Saïd Jalili, est arrivé jeudi dans la capitale chinoise. Il doit y rencontrer le ministre des Affaires étrangères, Yang Jiechi, et le diplomate Dai Bingguo, conseiller en politique étrangère.

La Chine, qui est l''un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, peut opposer son veto à toute résolution. Mais Pékin semble perdre patience envers l''Iran.

Selon Lin Liangxiang, les nouvelles mesures devraient frapper "des décideurs et des intérêts" iraniens mais sans affecter sérieusement les relations économiques de la Chine.

Le président américain Barack Obama a déclaré mardi qu''il souhaitait voir adopter une nouvelle résolution contre l''Iran dans les semaines qui viennent, mais ses alliés s''attendent à ce que les négociations durent au moins jusqu''en juin.

A Téhéran, Ramin Mehmanparast, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a affirmé jeudi que les sanctions décidées précédemment contre son pays n''avaient pas eu d''impact notable, rapporte l''agence officielle Irna.

Les autres pays ne devaient pas recourir à "des méthodes déplacées comme les pressions et les sanctions", a-t-il ajouté.
Guo Xiangang, ancien diplomate chinois à Téhéran, estime que "la Chine peut accepter quelque chose d''un peu plus dur (que les sanctions précédentes), mais sans être trop sévère. Cela restera avant tout un avertissement symbolique adressé à l''Iran".