Publicité

La Chambre d’Agriculture estime que l’industrie sucrière est au bord du gouffre

30 juin 2010, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

La Chambre d’Agriculture estime que l’industrie sucrière est au bord du gouffre

Le président de la Chambre d’agriculture a lancé un appel pour que le gouvernement soutienne l’industrie sucrière dans ses projets de production d’énergie.

L’Assemblée générale de la Chambre, ce mercredi 30 juin à la Plantation House, a été l’occasion pour le président de la Chambre d’Agriculture de l’île Maurice de faire un plaidoyer en faveur du secteur sucre. Thierry Merven affirme que les producteurs ne survivront pas sans une valorisation rapide de l’industrie cannière et, plus particulièrement, de son potentiel énergétique.

Succédant au porte parole de la Chambre d’agriculture au micro, le ministre de l’Agro-industrie, Satish Faugoo, a lui, choisi de dédramatiser la situation. Il  déclare que la réforme est sur la bonne voie et soutient que des résultats encourageants ont été enregistrés ces dernières années. Toutefois, il dit comprendre les craintes des planteurs de canne.

«Je peux, affirmer ce matin que l’Industrie sucrière, et plus largement, l’industrie de la canne, est au bord du gouffre. Nous ne souhaitons pas noircir le tableau outre mesure ni céder au catastrophisme, mais il est de notre devoir de vous avertir de la gravité de la situation», explique Thierry Merven.

Outre la baisse conséquente du prix du sucre ces dernières années, couplée à une chute continue de l’euro, la réduction de la surface sous culture de canne fragilise également ce secteur. En effet, entre 2005 et 2009, cette surface a été, drastiquement, réduite de plus de 21 000 arpents. C’est qui équivaut à une perte de 750 000 tonnes de canne dans la production annuelle selon les estimations de la Chambre d’Agriculture.

Thierry Merven a lancé un appel au ministre de l’Agro-industrie pour une accélération du processus de la réforme. «Faisons ce qu’il nous reste à faire pour ne pas regretter dans cinq ou dix ans de n’avoir pas tout tenté pendant qu’il était encore temps», prévient  Thierry Merven.

Il a plaidé, pour une réforme du «cess», un prélèvement direct sur les revenus des usiniers. Les producteurs de sucre ont toujours demandé la réduction de cette taxe qui maintient une pression constante sur la profitabilité de l’industrie sucrière.

Cependant, le président de la Chambre d’Agriculture a mis plus d’accent sur le potentiel énergétique de l’industrie de la canne. Il souhaite un développement rapide de la production d’éthanol à Maurice. «Mettons de côté nos perceptions et nos émotions et mettons-nous d’accord de manière urgente sur les questions d’optimisation de la bagasse et de la mise en œuvre d’une véritable politique nationale pour le développement de l’éthanol», devait lancer le Président de la Chambre d’Agriculture au ministre Satish Faugoo.

Pour Thierry Merven, la survie de l’industrie sucrière passe, obligatoirement, par la production d’énergie à partir des sous-produits de la canne. Il estime que seule la canne peut nous permettre d’espérer une réduction de notre dépendance des énergies fossiles.

 «Nous avons fait de la sécurité alimentaire, et à juste titre, notre combat du jour. Je propose que notre combat de demain soit celui de la sécurité énergétique à partir de la canne», a-t-il conclu.

De son côté le ministre Satish Faugoo est revenu sur les initiatives du gouvernement en matière de réforme de l’industrie sucrière. En ce qu’il s’agit des demandes de la Chambre d’Agriculture, le ministre a proposé que les producteurs de sucre s’investissent davantage dans le concept de commerce équitable. Ce qui pourrait rapporter 60 dollars de plus à la tonne de sucre.

Le ministre a promis son soutien dans le combat contre les incendies des champs de cannes. Outre des peines plus sévères, il a déclaré qu’il y aurait des patrouilles plus fréquentes de la police dans les régions à risque. Il a également annoncé la mise en place d’un centre de recherche biogénétique pour la production de semence.

En ce qu’il s’agit de la réduction du Cess, le ministre a brièvement abordé la question en affirmant que le gouvernement étudie ce dossier avec une «attention active». C’est ce qu’avait, aussi, déclaré son prédécesseur, le ministre Arvin Boolell, lors de la première élection de Thierry Merven à la Présidence de la Chambre de Commerce en 2008.

Ce dernier a été reconduit à son poste pour la troisième année consécutive, à l’issue de l’Assemblée générale ce mercredi 30 juin.