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La Cedeao menace d''intervenir militairement au Mali ?

3 avril 2012, 00:00

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La Cedeao menace d''intervenir militairement au Mali ?

Les chefs d''''État d''Afrique de l''Ouest, réunis lundi à Dakar, ont menacé d''intervenir militairement au Mali en pleine tourmente au moment où la ville de Tombouctou (nord) tombait aux mains des islamistes qui en ont chassé les rebelles touaregs.

Préventivement, la Cedeao avait déjà mis en état d''alerte en fin de semaine dernière une force militaire de quelque 2 000 hommes. L''organisation a également décidé d''un "embargo total" contre la junte au pouvoir à Bamako, en application des menaces annoncées lors d''un précédent sommet sur la crise malienne le 29 mars à Abdijan. "Toutes les mesures diplomatiques, économiques, financières et autres sont applicables dès aujourd''hui (lundi) et ne seront levées que quand l''ordre constitutionnel (sera) effectivement rétabli", a déclaré Alassane Ouattara, soulignant : "Nous avons demandé que l''embargo soit total par rapport à tous les États voisins du Mali."

Le sommet, auquel ont participé une dizaine de chefs d''État et des représentants de l''ONU, de la France et des États-Unis notamment, s''est tenu après la prestation de serment du nouveau président sénégalais Macky Sall.

Les islamistes chassent les rebelles touaregs

Au moment où étaient prises ces décisions, lundi, l''Agence France-Presse apprenait de sources concordantes que la ville historique de Tombouctou, ancien haut-lieu touristique du Mali, était tombée aux mains des islamistes d''Ansar Dine (défenseur de l''Islam) et d''al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Iyad Ag Ghaly, chef d''Ansar Dine, "est venu ce matin avec cinquante véhicules. Ils ont pris la ville, chassé les gens du Mouvement national de libération de l''Azawad (MNLA, rébellion touareg), qui étaient là, ont brûlé le drapeau du MNLA et ont mis leur drapeau au camp militaire de la ville", a affirmé Moussa Haïdara, caméraman, qui a filmé l''entrée dans la ville de Iyad Ag Ghaly.

La junte, dirigée par le capitaine Amadou Sanogo, avait justifié son coup d''État par "l''incompétence" du président ATT à combattre la rébellion dans le Nord. Sur le terrain, le putsch a eu pour principal effet d''accélérer l''offensive du MNLA et de ses "alliés" du moment. Mais leur domination sur tout le Nord pourrait paradoxalement exacerber leurs rivalités. Les hommes d''Ansar Dine ont clairement annoncé leur intention d''appliquer la charia dans tout le Mali, la MNLA, mouvement laïque souhaitant, lui, créer un État touareg dans le nord du pays. Le Conseil de sécurité de l''ONU se réunira mardi pour examiner la crise au Mali.

Pour rappel: la rébellion touareg du MNLA et les autres composantes de la rébellion, groupes islamistes et trafiquants, ont pris coup sur coup depuis vendredi les trois capitales régionales du nord: Kidal, Gao et Tombouctou, sans rencontrer de résistance. Rien - et surtout pas l''armée malienne en déroute - ne semble pouvoir stopper cette fulgurante offensive, qui suscite beaucoup de craintes parmi les populations. Des centaines d''habitants de Mopti (centre) et de ses environs, incluant des militaires et leurs familles, ont quitté leurs domiciles, craignant l''avancée des rebelles, ont indiqué des témoins.
Photo : Des militaires maliens au camp de la junte, le 30 mars 2012 à Kati, près de Bamako.

(Sources : Le Point.fr & L’EXPRESS.fr)