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La Belgique élargit l'euthanasie aux mineurs

14 février 2014, 08:27

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La Belgique élargit l'euthanasie aux mineurs

Le Parlement fédéral belge a adopté jeudi une loi étendant aux mineurs la loi de 2002 dépénalisant l'euthanasie. Le texte a été approuvé à la Chambre des représentants par 86 voix pour, 44 contre et 12 abstentions.

 

Dans la galerie du public, quelqu'un a crié en français "assassins !" à l'annonce du résultat du vote.

 

La Belgique devient ainsi le premier pays à autoriser l'euthanasie pour les enfants malades quel que soit leur âge. Seuls les Pays-Bas l'autorisent déjà pour les enfants âgés de douze ans au moins.

 

Pour entrer en vigueur, la loi devra être promulguée par le roi Philippe.

 

Le projet, largement soutenu par l'opinion, avait déjà été approuvé par le Sénat. La plupart des partis d'opposition y étaient favorables aux côtés des socialistes et libéraux au pouvoir.

 

Les chrétiens-démocrates, bien que membres du gouvernement de coalition d'Elio Di Rupo, se sont opposés à cette initiative, de même que les dirigeants religieux chrétiens, musulmans et juifs, et l'extrême droite flamande du Vlaams Belang. Les évêques catholiques ont organisé plusieurs jours de prière et de jeûne pour manifester leur hostilité au texte.

 

"Il ne s'agit pas d'injections létales pour enfants. Il s'agit d'enfants malades en phase terminale, dont la mort est imminente et dont les souffrances sont grandes", a fait valoir Carina Van Cauter, députée libérale flamande, qui votera pour le projet. "Il y a des garde-fous clairs pour empêcher les abus", a-t-elle dit.

 

Les enfants à qui s'applique la proposition de loi doivent être malades en phase terminale et endurer des souffrances "inapaisables".

 

Ils doivent être "capables de discernement", une capacité évaluée par des psychologues. Les parents doivent également approuver la décision de leur enfant.

 

"BANALISATION"

 

Les opposants au projet jugent ces règles arbitraires et critiquent une interprétation de plus en plus large de l'euthanasie et sa "banalisation".

 

L'archevêque de Bruxelles André-Joseph Léonard, chef de l'Eglise catholique de Belgique, a dénoncé le fait que l'Etat accorde aux mineurs une telle responsabilité alors qu'ils doivent attendre la majorité à 18 ans pour acquérir la plupart de leurs autres droits.

 

"La loi dit que les adolescents n'ont pas le droit de prendre des décisions importantes en matière économique ou sentimentale, mais soudainement, ils deviennent capables de décider que quelqu'un doit les faire mourir", a-t-il dit.

 

En pratique, font valoir les défenseurs du projet, très peu de mineurs seront autorisés à mettre fin à leur vie.

Les Pays-Bas n'ont connu que cinq cas depuis 2002, alors que l'ensemble des cas varie de 2.000 à 4.000 par année.

 

Entre 2006 et 2012, seul un Belge âgé de moins de 20 ans a demandé à être euthanasié, alors qu'un millier d'adultes belges optent chaque année pour l'euthanasie.

 

Hormis en Belgique et aux Pays-Bas, l'euthanasie active n'est légale qu'au Luxembourg.

 

Le suicide médicalement assisté, dans lequel le patient concerné lui-même - et non le corps médical - doit s'administrer une dose létale, est autorisé en Suisse et dans les Etats américains du Montana, de l'Oregon, du Vermont et de Washington.

 

En France, la loi Leonetti de 2005 sur les droits des patients en fin de vie proscrit "l'obstination déraisonnable" et autorise dans certains cas l'euthanasie passive, c'est-à-dire l'interruption de l'alimentation et de l'hydratation artificielles ou l'administration d'opiacés ou de sédatifs à haute dose.