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Jerry Lim, l’antre des délices mauriciennes à la montréalaise

22 février 2014, 10:25

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Jerry Lim, l’antre des délices mauriciennes à la montréalaise

De la supérette paternelle au service traiteur à Maurice, il a franchi les horizons pour mettre l’eau à la bouche des Canadiens. Au quotidien, Jerry Lim mitonne à petit feu des «Délices de l’île Maurice», restaurant mauricien à Montréal. Rencontre.

 
Sue les murs chatoyants, mis en lumière par un éclairage feutré, se dessinent de grandes cartes postales. De la mer couleur azur, découpée par les rayons du soleil tropical, en passant par l’inéluctable flamboyant, symbolique icône de la saison estivale, et les drapeaux nationaux, on découvre un ensemble de paysages vantant le cachet touristique de Maurice.
 
L’image est soudainement rompue par une agitation. Le comptoir s’est transformé en salle de réservations de commandes tandis que la cuisine fait retentir les casseroles. On pèle, on découpe, on fait sauter les spécialités mauriciennes. Au menu : des commandes de «gâteaux piments», de croquettes d’«arouille» et de «wantans», entre autres. «Et là, le restaurant n’est pas encore ouvert. Tout à l’heure, ce sera les menus réguliers qu’il faudra concocter», explique Jerry Lim. L’homme, âgé d’une quarantaine d’années, s’affaire derrière ses fourneaux.
 
C’est ainsi qu’il nous immerge dans l’ambiance gastronomique de son pays natal. Une île qui l’a vu grandir auprès de ses quatre frères et de son père, Robert. Ce dernier, originaire de Beau-Bassin, devient rapidement sa source d’inspiration.
 
«À l’époque, mon papa dirigeait le Cascadelle Mini Market. C’était un petit supermarché. Mais rapidement, il a décidé de diversifier ses activités en créant Hefa, une ligne de produits alimentaires frigorifiés tels que des croquettes, des hakiens, les piments farcis et autres amuse-bouches. Il était parmi les premiers à se lancer dans ce domaine», se remémore Jerry Lim.
 
 
Baigné dans cette ambiance culinaire, il met rapidement la main à la pâte pour prêter main-forte à son père après sa scolarité au collège La Confiance. L’idée des amuse-bouches Hefa fait ainsi vite recette ; ce qui motive davantage Jerry Lim à explorer les ficelles de ce métier. C’est ainsi qu’il se lance dans le service traiteur et la restauration. «Je me débrouillais pour assurer les commandes pour les mariages et autres occasions», confie notre interlocuteur.
 
Cinq ans après ses études secondaires, Jerry Lim rencontre sa future épouse, Stéphanie. Quelques années plus tard, le couple décide de mettre le cap sur le Canada où il célèbre son union. «Micheline, ma soeur, y vivait déjà. Nous voulions la rejoindre et nous y installer », raconte Stéphanie Lim, dans la quarantaine et ancienne étudiante du collège London.
 
Arrivant au Canada en 1989, Jerry et Stéphanie Lim s’entourent des membres de leur famille et commencent à travailler au sein du restaurant Délices de l’île Maurice. Situé à Verdun, au sud-ouest de Montréal, l’établissement était alors géré par un de leurs proches. Le couple y travaillera pendant une quinzaine d’années avant de le racheter au propriétaire à sa retraite.
 
Jerry et Stéphanie Lim apportent leur touche personnelle aussi bien au menu que dans l’événementiel pour mieux faire découvrir la gastronomie mauricienne. «Au Canada, l’avantage est que nous pouvons trouver pratiquement la totalité des ingrédients mauriciens. Aussi, nous proposons la majorité des plats typiquement issus de notre gastronomie. Cela va du vindaye d’ourite, des caris divers aux boulettes chinoises ainsi que le fameux mine frit, entre autres», explique Jerry Lim.
 
Le menu, régulièrement agrémenté de spécialités, est composé de buffets thématiques, notamment pour la célébration de la fête nationale mauricienne. Ce concept ne tarde pas à attirer les Mauriciens immigrés au Canada qui n’hésitent pas à faire des kilomètres pour goûter à une petite parcelle gustative de leur île. «Cela me fait plus d’une heure de route mais ça vaut le détour. Car les plats nous permettent de renouer avec notre pays», soutient Désiré, un fidèle client venu récupérer sa commande du jour.
 
Outre les Mauriciens, les clients sont principalement des Canadiens friands de la cuisine épicée à la mauricienne. «Alors que les choix des compatriotes demeurent classiques, notamment à travers les nouilles frites, les Canadiens, eux, privilégient les saveurs authentiques comme les caris et rougailles», explique Jerry Lim. Ce dernier concocte tous les plats avec l’aide de Stéphanie et Micheline. Dans sa tâche, il bénéficie aussi du soutien de ses trois enfants : Vicky, 20 ans, Ricky, 15 ans et Nicky, 12 ans.
 
Ce commerce familial, bâti à partir de l’inspiration de son père, Jerry Lim entend bien le faire grandir. «Nous voudrions faire une expansion ; par exemple, pour accueillir plus de convives. Mais en même temps, ce n’est pas évident. Car ici, au Canada, il y a eu plusieurs tentatives infructueuses d’opérer des restaurants mauriciens», avoue-t-il.
 
Jerry Lim a, lui, misé sur le bouche à oreille et une fidélisation de la clientèle à travers une qualité gastronomique. «Ici, je suis comme un homme à tout faire ! Il faut toucher à tout pour bien gérer. Il y a des jours, voire des soirs, où on ne dort pratiquement pas avec le volume de travail. En même temps, il faut également être flexible aux préférences des clients pour bien répondre à leurs attentes.»
 
L’innovation est toujours une autre règle d’or. Dans sa cuisine, Jerry Lim expérimente et goûte pour maintenir la qualité de son art culinaire. Et puis, il y a aussi la passion. Celle qu’il communique à ses clients de l’assiette. Telle une recette exotique savamment dosée qu’il distille à ces derniers. Jerry Lim leur raconte l’île Maurice gastronomiquement. Les Délices de l’île Maurice sont bien parties pour conquérir les palais canadiens. Ainsi, le savoirfaire mauricien s’exporte au-delà des frontières. Et avec ses spécialités locales, Jerry Lim porte haut les couleurs mauriciennes qu’il concocte dans sa nouvelle terre d’adoption.
 
«Les plats nous permettent de renouer avec notre pays...»