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Jayechand Jingree se raconte et explique l’affaire Kross Border

19 octobre 2013, 21:09

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Jayechand Jingree se raconte et explique l’affaire Kross Border

Il s’est retrouvé sous les feux de l’actualité après des allégations de faux et d’usage de faux au sein de la société Kross Border. Les connexions politiques de Jayechand Jingree, directeur général de cette compagnie offshore, ont également été évoquées par ses détracteurs. Au-delà de l’enquête policière, zoom sur cet homme qui, jusqu’ici, a fait profil bas.

 

«J’ai eu le sentiment d’avoir un fusil braqué sur ma tempe», lâche Jayechand Jingree, directeur général de Kross Border Trust Services Ltd, par rapport à son interrogatoire under warning dans le courant de la semaine. L’homme s’est retrouvé sous les feux des projecteurs à la suite d’allégations de faux et d’usage de faux faites par un homme d’affaires indien. Le président du PTr avait même évoqué ses connexions avec le MSM lors d’un point de presse début octobre. Jusqu’ici méconnu de plusieurs, cet expert comptable âgé de 65 ans avait gardé profil bas. Mais qui est-il vraiment ? Et quelle est sa version des choses dans l’affaire Kross Border ?

 

Jayechand Jingre n’aime en fait pas trop se montrer et fait tout pour que ses vies professionnelle et personnelle soient hermétiques. Il n’aime, par exemple, pas qu’on l’associe aux Jugnauth – Sarojini est la cousine de son épouse Brinda. «C’est pour cela que je ne suis pas dans la vie publique. Je fais mon travail et je rentre chez moi.» Mais il reconnaît qu’ils se fréquentent. «Car c’est la famille.»

 

Après avoir travaillé pour KPMG de Londres et Kemp Chatteris Deloitte & Touche à Maurice, Jayechand Jingree décide d’ouvrir sa propre compagnie. Celle-ci tourne à plein régime jusqu’en 2003 lorsque les États-Unis décident de voter une loi réclamant la séparation entre l’administration et l’auditing et accounting des firmes comptables. Il se retire donc de KPMG pour n’en garder que le volet offshore. Et peu de temps après, il nomme la compagnie qu’il dirige et dont il est actionnaire à part égale avec Georges Chung Tick Kan, la Kross Border. Celle-ci compte quelque 600 clients.

 

Selon Jayechand Jingree, ce qui l’oppose à Kolanda Reddy, principal actionnaire indien du Velakani Group, qui comprend trois sociétés offshore enregistrées à Maurice, est simple. Il explique que Kolanda Reddy est un client depuis l’an 2000, époque où il était encore chez KPMG. Il maintient que c’est un différend entre Kolanda Reddy et ses associés indiens dans leurs business dealings en Inde qui est venu jeter un pavé dans la mare. «Je pense qu’il a eu des démêlés avec ses coactionnaires en Inde et ces derniers l’ont mis à la porte comme directeur. Il est venu à Maurice et a sollicité mon aide pour augmenter le nombre de directeurs et prendre le contrôle des compagnies. J’ai refusé sur la base qu’on travaille pour les intérêts d’une compagnie et pas pour celle d’une seule personne.»

 

Jayechand Jingree ajoute : «Il a écrit pour demander à ce que nous augmentions le nombre de directeurs et qu’au lieu des six actuels, dont deux sont Mauriciens, on ajoute quatre autres directeurs indiens. Pour faire cela, il lui aurait fallu 75 % de majorité en assemblée générale extraordinaire qui ne s’est pas tenue du fait qu’il n’a pas la majorité requise. Ensuite, il a voulu réduire le nombre de directeurs et là encore, pour le faire, il fallait le principe de majorité de 75 % qu’il n’avait pas. Bien que je lui aie expliqué tout cela, il a commencé à faire des allégations à mon encontre, comme quoi je suis one-sided, que je conspire pour le priver de ses biens et ainsi de suite.»

 

Kolanda Reddy avait accusé Kross Border l’année dernière d’avoir falsifié sa signature pour procéder à certaines transactions. Jayechand Jingree nie ces allégations et accuse à son tour Kolanda Reddy d’avoir perçu illégalement des commissions qui auraient été versées sur ses comptes personnels dans le New Jersey, aux États-Unis.

 

Le directeur général de Kross Border souhaite que cette affaire reste du domaine civil et commercial. «Je suis disposé à lui donner le contrôle si le board de la société nous donne des instructions en ce sens.»