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Jaipur Foot Initiative : Une nouvelle vie pour 167 amputés

6 janvier 2014, 00:00

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Jaipur Foot Initiative : Une nouvelle vie pour 167 amputés

Cent soixante-sept amputés, dont Vivian Duval, ont redécouvert le sens du mot «autonomie» grâce à une initiative conjointe de la Bhagwan Mahaveer Viklang Sahayata Samiti (BMVSS) de l’Inde et la Global Rainbow Foundation (GRF).

 

Vivian Duval est un homme au moral d’acier. Ce pêcheur quinquagénaire, maçon à ses heures, a perdu la jambe droite à l’issue d’un accident de la route, le 23 avril 2011. Il perd connaissance et lorsqu’il revient à lui, il réalise que son genou est écrabouillé et son tibia démantibulé. Sa femme Nathalie, appelée d’urgence sur les lieux, s’évanouit lorsqu’elle voit l’étendue de ses blessures. Dans l’ambulance qui le conduit au Sir Seewoosagur Ramgoolam National Hospital (SSRN), à Pamplemousses, Vivian Duval demande au médecin de lui dire ce qu’il adviendra de sa jambe. Le praticien hésite. Comme il insiste, le médecin lui avoue que sa jambe est si amochée qu’il vaudrait mieux l’amputer.

Vivian Duval et son épouse Nathalie. Le pêcheur est désormais équipé d’une prothèse plus flexible.

 

Vivian Duval le prend philosophiquement et demande que les médecins fassent ce qui doit être fait. Il est amputé le jour même. À son réveil, il se promet de reprendre toutes ses activités, y compris la pêche. Au bout du sixième jour d’hospitalisation, c’est soutenu par ses béquilles et avec le sourire qu’il accueille sa femme venue lui rendre visite. Déterminé à ne pas s’apitoyer sur son sort, à son retour à la maison, il prend sa ravanne et chante le séga. Lorsqu’il obtient sa première prothèse de la sécurité sociale six mois après l’accident, il est surpris par sa rigidité. Celle-ci ne plie qu’au genou pour qu’il puisse s’asseoir. Il se jure de la dompter. Et il y arrive. Il reprend sa pêche au casier en allant à la mer dans le van d’un ami et parvient à son allure à ajouter une pièce à sa maison. Pour la fête de Noël, l’an dernier, il a fait plaisir à sa femme en posant des pierres de taille sur un pan de mur de leur domicile. «Pour grimper à l’échelle, je mets ma jambe valide d’abord puis je pose le moignon droit sur la barre et ainsi de suite.»

 

Vu que sa mère faisait du porte-à-porte pour Armoogum Parsuramen du temps où celui-ci était dans la politique active et qu’il a gardé contact avec ce dernier, il est averti lorsque la GRF, fondée par l’ancien ministre de l’Éducation, s’apprête à lancer la JaipurFoot Initiative. C’est ainsi qu’il a obtenu une autre prothèse fabriquée selon une technologie américaine et qui est plus flexible que la première. Il doit encore s’y adapter toutefois. «Je ne crois pas que je pourrais utiliser cette prothèse pour monter sur l’échelle et atteindre le toit car n’étant pas encore habitué à elle, elle pourrait plier sous mon poidset me faire chuter. Mais une chose est sûre, une fois que je m’y ferai,elle me permettra davantage de possibilités. Et comme elle est plus souple, elle me fera moins mal

 

Comme Vivian Duval, 166 autres Mauriciens âgés entre 40 et 50 ans, amputés en raison des complications du diabète, de maladies cardiovasculaires et d’accidents de la route, ont bénéficié d’une prothèse. La délégation de la BMVSS, qui est l’une des plus importantes organisations au monde à être au service des handicapés, comprenait huit prothésistes dont le Dr Om Prakash. La fabrication des dites prothèses a eu lieu entre les 24 décembre et 7 janvier au centre James Burty David de Pointe-aux-Sables, exception faite pour les 1er janvier qui était férié et 2 janvier en raison du rapprochement du cyclone Bejisa de nos côtes.

 

Pour que les bénéficiaires de prothèses puissent être suivis et d’autres prothèses fabriquées à Maurice, la GRF a lancé officiellement le Jaipur Foot Mauritius le 8 janvier au Swami Vivekananda International Convention Centre (SVICC), à Pailles. Cette organisation qui fonctionnera sous l’égide de la GRF, tournera pour l’instant avec quatre bénéficiaires de prothèses qui ont assisté les Indiens durant la durée de leur séjour.

 

Lors de son intervention au SVICC, Armoogum Parsuramen n’a pas manqué de remercier la délégation de la BMVSS qui a travaillé d’arrache- pied pour que les amputés mauriciens puissent obtenir leur prothèse. Comme la GRF a encore 150 amputés sur liste d’attente, la BMVSS a accepté de déléguer à nouveau une équipe de prothésistes à Maurice entre les 18 et 29 mars. Le fondateur de la GRF souhaite qu’à l’avenir, tout handicapé puisse dire comme Robert Hensel, handicapé entré dans le livre des records pour avoir couvert une distance de 6 178 miles sur fauteuil roulant : «Ichoose not to place DIS in my Ability» et que les entreprises mauriciennes puissent ouvrir leurs portes à 3 % de handicapés en mesure de travailler, comme le stipule la loi.