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Italie : L''austérité met en péril le gouvernement

7 juillet 2010, 00:00

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Italie : L''austérité met en péril le gouvernement

Les revers personnels, une cote de popularité en chute libre, un plan de rigueur impopulaire et les frondes au sein de sa coalition ont rendu Silvio Berlusconi plus vulnérable que jamais depuis son élection en 2008.

Le recours, annoncé lundi, à un vote de confiance au parlement afin de faciliter l''''adoption de son budget portant le sceau de l''austérité, montre que le président du Conseil italien a besoin de tenir sa coalition d''une main ferme.

Le gouvernement entend soumettre son plan de rigueur de 25 milliards d''euros à un vote de confiance des députés, quand bien même il est jugé essentiel jusque dans l''opposition pour résorber le déficit public et éviter une crise semblable à celle qui a touché la Grèce.

Le déficit a atteint 5,3% du produit intérieur brut l''année dernière et l''objectif pour cette année est de 5,0%.

Mais Silvio Berlusconi est attaqué de toutes parts, y compris au sein de sa coalition, sur la façon dont ont été définies les coupes budgétaires.

Les salariés estiment porter tout le fardeau de ce budget qui épargnerait les plus aisés. Les collectivités locales préviennent, elles, que les services de santé et d''éducation vont en pâtir.

Soucieux d''alléger la facture pour les électeurs de leurs circonscriptions, les députés de la coalition au pouvoir ont déposé pas moins de 1 250 amendements. Mais Berlusconi veut que son budget soit adopté rapidement "pour le bien commun".
Pour les observateurs, le vote de confiance est un moyen de contraindre au silence les voix dissidentes à droite et de leur faire adopter le texte, sous peine de voir la coalition s''effondrer par leur faute. Le budget sera à n''en pas douter voté, mais le malaise demeurera latent.

Malgré l''érosion de sa popularité et la démission de deux ministres en deux mois, le gouvernement devrait survivre à l''été, même si Gianni Letta, homme de confiance de Berlusconi, admet que "la saison est étouffante et pas seulement à cause du temps". Mais il est difficile de dire ce que septembre réserve.

La rivalité entre Berlusconi et Gianfranco Fini, président de la chambre basse du parlement et co-fondateur du Parti du peuple de la liberté du "Cavaliere", est à son paroxysme.

Après avoir longtemps déploré le manque de liberté de parole au sein du parti, Fini s''oppose fermement à un projet de loi visant à limiter le recours aux écoutes dans les enquêtes de police et à punir les journaux qui en publieraient le contenu.
Les analystes ne donnent pas cher d''une coalition dont les deux principaux dirigeants passent leur temps à s''éviter et s''insultent dès lors qu''ils sont dans la même pièce.

L''autre grande composante de la coalition, la Ligue du Nord, déplore la réduction des revenus des régions décidée dans le plan de rigueur. Un de ses chevaux de bataille n''est autre qu''une plus grande autonomie régionale dans l''affectation des revenus fiscaux, vers la santé ou d''éducation notamment.

Ambitieux et adroit, Fini, fort de cinquante députés acquis à sa cause, pourrait imaginer discrètement une "troisième voie", entre ce qui resterait de la coalition actuelle et l''opposition de gauche emmenée par le Parti démocrate, disent les analystes.
Fini, ajoutent-ils, attendrait le meilleur moment pour se lancer, quand Berlusconi sera plus faible encore qu''aujourd''hui.

Reuters