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Interdite d’accès aux Seychelles, une Russe trouve refuge à Maurice

23 février 2009, 13:00

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Interdite d’accès aux Seychelles, une Russe trouve refuge à Maurice

Grâce à l’intervention d’Amnesty Maurice, Julia Timonina a vu son titre de séjour prolongé à Maurice. L’histoire de cette Russe est poignante.

Julia Timonina, aujourd’hui âgée de 31 ans, arrive, pour la première fois aux Seychelles, en 2005. Elle tombe immédiatement sous les charmes de l’île. Elle se promet déjà un deuxième séjour plus long. C’est lors de ce séjour, la même année, qu’elle rencontre l’homme de sa vie, un Seychellois Gaëtan Pierre. A la fin des vacances, elle rentre en Russie. Mais bien vite, elle trouve un emploi dans une agence de voyage, basée aux Seychelles. Et début 2006, elle revient donc vers les îles seychelloises. Gaëtan Pierre et elle-même décident de vivre ensembles. Tout se passe bien jusqu’à cette fatidique date du 8 mai 2006.

Ce jour-là, Julia Timonina reçoit un appel des bureaux de l’immigration. Elle s’y rend. A sa grande stupeur, elle apprend qu’elle est interdite de séjour- immigrante interdite- parce qu’elle serait nuisible à l’intérêt public. «Au début, je croyais que c’était une plaisanterie. Mais bien vite, j’ai dû déchanter. C’était un vendredi et j’avais quatre jours pour quitter l’île. En plus, je savais qu’être immigrante interdite voulait dire que je ne pourrais jamais plus revenir aux Seychelles. Ce qui impliquait que je devais renoncer à Gaëtan Pierre. Or, il n’en était pas question», confie Julia Timonina.

Dès lors commence une bataille juridique qui n’en finit plus. Entre la Cour suprême et la Cour d’appel seychelloises, elle fait le va et vient. Déboutée par la première, elle obtiendra, à chaque fois, une autorisation de faire appel de la seconde. «Le juge de la Cour d’appel m’autorisait à demeurer dans l’île aussi longtemps qu’un verdict final ne sera pas rendu dans mon affaire. Cela a été le cas pendant plus d’une année. Entre-temps, l’immigration seychelloise devait annuler mon permis de travail. C’est ainsi qu’un jour, des policiers se présentèrent devant notre maison, tiraient en l’air et m’embarquaient avec eux. Heureusement que lors du trajet, Gaëtan Pierre me vit avec eux. Je fus incarcérée dans la prison de l’aéroport. Comme c’était un vendredi, mon avocat ne put obtenir ma libération. Toutefois, il obtint que je sois présentée en Cour le lundi avant d’être déportée. Là une nouvelle fois, la Cour d’appel ordonna que je demeure dans l’île jusqu’à la fin de mon affaire», raconte la jeune femme.

Elle doit alors se présenter quotidiennement à la station de police. Elle s’y soumet malgré le fait qu’elle soit enceinte d’un mois. Avec son ami, ils tentent de se marier. Mais les autorités seychelloises ne veulent pas en entendre parler. «Elles m’ont dit qu’on pouvait se marier où on voulait, que ce soit à Maurice ou en Afrique, mais pas aux Seychelles», confie Julia Timonina.

Pendant tout ce temps, elle soutient qu’elle n’a jamais su véritablement ce qui lui était reproché. Finalement, en août 2008, elle remporte son affaire devant le Full Bench de la Cour d’appel. Siégeaient parmi les trois juges, notre compatriote le juge Domah. «Cependant, l’immigration seychelloise repassa à l’attaque. Elle me fit comprendre que je n’avais pas de statut légal pour rester dans l’île et que je devais rentrer en Russie pour avoir le droit de revenir aux Seychelles. C’est ainsi que mon ami me conseilla de venir à Maurice. Il allait ensuite me rejoindre pour que nous puissions nous marier», explique la jeune femme qui était déjà devenue mère d’une petite fille.

Ils vont effectivement se marier à Maurice. Mais lorsqu’elle tente de quitter l’île pour se rendre aux Seychelles, elle apprend des services d’Air Seychelles qu’ils n’ont pas le droit de la prendre à bord. Refoulée, elle reprend le combat juridique. «Mon avocat a entré trois affaires en Cour. La première pour contester la décision d’Air Seychelles. La deuxième contre le fait que je sois interdite de rentrer aux Seychelles. Et la troisième a trait au fait que notre enfant ne peut être séparé de ses deux parents. Depuis septembre de l’année dernière, toutes ces affaires sont continuellement reportées», déclare Julia Timonina.

A Maurice, elle a failli également être déportée du fait que son visa a expiré. Cependant, suite à l’intervention d’Amnesty Maurice, elle a obtenu une extension de son droit de séjour jusqu’à la fin de juin 2009. «Je dois dire mon appréciation de la compréhension dont les autorités mauriciennes témoignent à mon égard. Pour l’instant, je reste suspendue à la prochaine séance de la Cour», conclut Julia Timonina.