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Infinity : Jérôme Appavoo accuse Jean Suzanne d’avoir gonflé le bilan financier de l’entreprise

25 février 2011, 00:00

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Infinity : Jérôme Appavoo accuse Jean Suzanne d’avoir gonflé le bilan financier de l’entreprise

Après les accusations de Jean Suzanne contre son ex-directeur financier, Jérôme Appavoo, c’est ce dernier qui accuse, cette fois, son président exécutif d’avoir falsifié des comptes de la société, à travers un procédé qui passe inaperçu auprès des comptables et des auditeurs de la compagnie.

Des révélations troublantes dignes de la plus grosse fraude à Maurice. Voilà comment Jérôme Appavoo, ancien directeur administratif et financier d’Infinity, décrit la situation financière dans laquelle est embourbé le centre d’appels. Il accuse Jean Suzanne, le président exécutif et actionnaire majoritaire, d’avoir acheté plusieurs noms de «domaine» sur le web, en vue de faire croire à l’auditeur d’Infinity que les soldes, dus par les clients, existaient bel et bien.

 « Tous les comptes d’Infinity sont falsifiés depuis 2006. En avril 2010, dû aux soldes toujours élevés des débiteurs dans les livres de la société, la vente de l’Infinity Tower a été notre seul plan de secours », a déclaré Jérôme Appavoo qui a animé une conférence de presse ce vendredi 25 février, à l’hôtel Saint-Georges, à Port-Louis.

 Jérôme Appavoo dit être en possession de documents qui font apparaître que les confirmations de soldes des clients, qui ont été reçus par e-mail, appartiennent à Jean Suzanne. « Jean Suzanne était donc derrière tous ces e-mails depuis plusieurs années. Les comptes de la société étant plus alléchants, avec un plus gros chiffre d’affaires, les banques font confiance à Infinity. C’est certainement pour cela qu’un investisseur a fait une proposition formelle à Jean Suzanne de racheter, pour 8 millions d’euros, Infinity, en juillet 2010 », ajoute-t-il.

 Selon Jérôme Appavoo, le chiffre d’affaires annuel depuis 2004 n’a jamais dépassé la barre des Rs 140 millions. « Elément troublant, alors que nous entendons parler de certains chiffres avoisinant les Rs 300 millions », a-t-il déclaré. Jérôme Appavoo s’interroge sur l’intérêt des dirigeants, dont Jean Suzanne et Gérald Bouillaud, de gonfler les chiffres d’affaires officiels de l’entreprise. « N’est-ce pas dans le but de donner l’image d’une société durable et d’augmenter les capacités d’emprunt de la société, tout en attirant les investisseurs ? », s’est-il demandé.

 Un procédé, qui selon lui, a déjà fait mouche en 2008. « 600 000 euros ont été injectés dans les comptes de la société en échange de 10 % des actions d’Infinity par Jocelyn Bertignon », a-t-il expliqué. Il précise même que Jean Suzanne s’est rendu à Paris pour signer un protocole d’accord en vue de « régir les relations entre associés ».

 « Les accusations gratuites faites par Gérald Bouillaud dans ce protocole démontre sa frustration de ne plus être associé à Jean Suzanne. Cela pour des raisons obscures qui les regardent. Je tiens à être dissocié de ce protocole, n’étant ni présent ni signataire. Je me réserve le droit de poursuivre au civil et au pénal toute personne portant des accusations calomnieuses à mon égard », a-t-il ajouté.
 
Jérôme Appavoo nous apprend aussi qu’en septembre 2010, Bouillaud et Bertignon se sont rendus en Tunisie pour ouvrir un centre d’appels. « Jocelyn Bertignon devait alors rompre le protocole d’accord en lançant une série de saisies directement dans les mains des clients d’Infinity. Cela aura pour effet d’essouffler financièrement Infinity BPO », a souligné Jérôme Appavoo.

Ce dernier révèle aussi qu’en janvier 2011, il aurait reçu un SMS de son président exécutif, lui demandant de « mettre la société sous administration judiciaire, car le ciel lui est tombé sur la tête ». « Il m’informe de sa volonté d’arrêter toute implication personnelle au sein de l’entreprise. Je lui ai alors répondu en lui faisant comprendre que je ferai de mon mieux, avec les cadres de la société, pour tenir jusqu’à son retour », souligne-t-il.

Selon Jérôme Appavoo, les accusations qui faisaient état du détournement de la somme de Rs 1 million sont totalement fausses. Il indique que cette même somme a été distribuée à plus de 200 salariés d’Infinity, cela en présence de dix cadres. « Je dispose des originaux faisant apparaître les signatures de chacune des personnes », précise-t-il.

Devant l’évidence même que c’était la fin d’Infinity dit-il, les cadres de l’entreprise et lui-même ont décidé de mettre en place une entreprise d’externalisation spécialisée dans la transcription médicale. « Sunil Mohen, alors responsable des Services généraux, accepte la vente de trente tables inutilisées au sein d’Infinity. Cela nous aurait permis de démarrer nos activités », indique-t-il.


 « Nous venons avec des actions légales, telle que la déposition des dossiers complets sur les fraudes perpétrées au sein d’Infinity auprès de l’ICAC, la MRA afin que Jean Suzanne paye les taxes et cotisations dues sur les sommes perçues. Les dossiers, quant aux différentes infractions commises, seront également déposés à la CID », ajoute-t-il.

Jean Suzanne, pour sa part, nie toujours son tort quant au non paiement de salaires. Il a comparu en cour industrielle ce vendredi 25 février matin, où un «prohibition order» a été émis contre lui, lui empêchant de quitter le pays. Il a plaidé non coupable aux accusations portées contre lui.