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Incendie meurtrier au port : la faute de Samlo se précise pour la police

28 avril 2011, 00:00

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Incendie meurtrier au port : la faute de Samlo se précise pour la police

Kevin Cureemsing, 27 ans, aurait été encore vivant si les normes avaient été respectées. Du polystyrène, un produit hautement inflammable recouvrant les parois de la cale, c’est-à-dire la chambre froide de l’épave qu’il découpait au chalumeau avec ses collègues, n’avait pas été enlevé. 

L’incendie meurtrier à bord du FV Hae Sung No. 1 dans l’après-midi du mercredi 27 avril dans une cale sèche chez Taylor Smith, aurait pu être évité.  Tel est le constat des enquêteurs de la police criminelle du port six heures à peine après que le corps sans vie de Kevin Cureemsing, 27 ans, ait été retiré du chalutier destiné à la vieille ferraille.

Un examen de l’épave effectué par la police et les pompiers, a révélé que le polystyrène expansé recouvrait encore la paroi intérieure de la cale. Celle-ci était la chambre froide du chalutier et comme Kevin Cureemsing et ses collègues, employés par la fonderie Samlo, découpaient le navire au chalumeau, le feu a démarré à partir de cette matière hautement inflammable.

Cette équipe a déjà de l’expérience dans la découpe de vieux navires et en était à sa quatrième épave. Or, selon les normes de sécurité, le polystyrène aurait dû être enlevé comme cela se fait pour le carburant afin d’éviter tout accident.

La police criminelle du port passe actuellement en revue les derniers moments de Kevin Cureemsing pour établir comment il s’est retrouvé au fond de la cale en feu. Selon le témoignage de ses collègues, l’habitant de St-Hilaire a essayé de venir à bout du brasier avec un seau d’eau. Pourtant, d’après l’enquête de la police, des lances anti-incendie étaient à portée de main chez Taylor Smith.

Ce mercredi 27 avril, Kevin Cureemsing et ses collègues étaient presqu’arrivés à la fin de leur journée quand l’incendie s’est déclaré. Il était aux alentours de16 heures et face à l’intensité des flammes, les pompiers du port et de la capitale n’ont pas eu d’autre alternative que d’immerger le chalutier.

La police ayant été informée de la disparition de Kevin Cureemsing, ses proches ont fini par être alertés par le poste de Cent Gaulettes vers les 18 heures. Ils se sont immédiatement rués devant les grilles de Taylor Smith pour s’enquérir de la situation.

De 20 heures à 00h00 passées, ils ont dû faire le pied de grue devant le portail sans savoir ce qui se tramait. Dhanilall Cureemsing, le père de la victime, a beau tenté de parler aux policiers qui lui barraient l’accès qu’il voulait assister aux secours. Il a passé la nuit à faire les cents pas, une photo du benjamin de ses trois enfants en main.

Le chalutier était encore fumant et ce n’est que vers les 22h10 que les pompiers ont actionné une pompe pour vider les cales du navire. A minuit passé, le corps du malheureux a été découvert au fond de la cale, partiellement brûlé.

L’autopsie pratiquée par le chef du service médicolégal de la police, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, le matin du jeudi 28 avril, a révélé que le jeune homme a suffoqué au fond de la cale. Il a été asphyxié par les émanations de fumée provenant du polystyrène.

Une enquête a également été ouverte par l’inspectorat du travail et le ministre de tutelle, Shakeel Mohamed, a promis des sanctions contre Samlo, une entreprise des frères Rajiv et Mahen Gowressoo. Celle-ci est notoirement connue pour ses accidents et morts d’homme depuis le début des années 2000.

Au pire, Samlo risque des poursuites pour homicide involontaire comme cela avait été le cas en 2006 pour Abdool Raouf Noordally, directeur de Noor Fishing, pour l’accident survenu le 19 novembre 1999 sur le Noor Star alors en réparation dans la rade. Les normes n’avaient pas été respectées et une explosion a éclaté, causant l’amputation d’une jambe de Vikash Paupiah, 30 ans, et des brûlures graves pour Sylvano Petit, 23 ans.