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Ile-aux-Aigrettes: à la découverte d’un jardin d'Eden au milieu du lagon

31 mars 2014, 19:42

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Ile-aux-Aigrettes: à la découverte d’un jardin d'Eden au milieu du lagon

10 heures à peine. Je suis déjà au débarcadère de Pointe-D’Esny. En face de la côte sud-est de Mahébourg, au loin, allongée, comme posée sur l’eau : l’île-aux-Aigrettes. C’est là-bas que je me rends, enfin, une fois que mes confrères seront arrivés. Cette île de 27 hectares est un véritable refuge pour une faune et une flore uniques au monde. Et elle a bénéficié récemment d’un nouveau système photovoltaïque, d’où notre venue.

 

 

Enfin, le minibus arrive et les journalistes et photographes descendent. Après les présentations d’usage, on est prêts à embarquer. «En temps normal, on demande aux visiteurs de gratter leurs chaussures. Mais comme on sait que vous ne venez pas d’une visite en forêt on fera une exception», explique Jean Hugues Gardenne, Fundraising Manager de la Mauritian Wildlife Foundation. C’est dit sur le ton de la plaisanterie, mais Jean Hugues Gardenne nous explique que même la plus petite graine d’une plante envahissante représente un danger pour les espèces endémiques qui se trouvent sur l’île. Pour ma part, je prends bien soin de frotter mes talons sur le sable.

 

On embarque. A peine le moteur allumé, ce passionné de la nature commence à nous parler de lézards, d’oiseaux, de tortues, et de boas de près de deux mètres de long. Boas ? Je m’apprête déjà à sauter par-dessus bord, lorsque le naturaliste nous rassure : les boas habitent l’île Ronde. Ouf. Cinq minutes plus tard, on arrive. L’aventure peut commencer.

 

Visite guidée

 

Jean Hugues Gardenne nous présente notre guide, Gyanni. La jeune femme explique que lézards, tortues et oiseaux sont pour la plupart en liberté sur l’île. On fait tout de suite plus attention en marchant, histoire de ne pas écraser un gecko.

 

Les geckos diurnes circulent librement dans l’île. Toute espèce envahissante de lézard peut représenter un danger pour ces reptiles.

 

Les geckos ne constituent pas la seule espèce présente sur l’île. On y croise aussi des scinques de Telfair. Ceux-là sont tellement rares que jusqu’à peu, on ne les trouvait que sur l’île Ronde. Toutefois la Mauritian Wildlife Foundation, qui s’acharne à restaurer l’île à travers la réintroduction d’oiseaux et de reptiles endémiques, a ramené quelques spécimens sur l’île-aux-Aigrettes. Le projet de la MWF vise à «restaurer la forêt de manière à ce qu’elle ressemble autant que possible à ce qu’elle était il y a plus de 400 ans de cela à Maurice», explique le guide.

Le Scinque de Telfair a été rapporté de l’île Ronde.

 

Après un virage j’aperçois… trois chauves-souris suspendues dans une cage. Sont-ce les mêmes que celles qui viennent s’attaquer à mes mangues ? Oui. «La chauve-souris de Maurice est une espèce menacée d’extinction», précise le guide.

 

 

Un peu plus loin, une grosse tortue vaque à ses occupations. Pas effrayée pour un sou à notre approche, elle pose pour les caméras, sort la tête, fait la moue…  Ca vaut le déplacement. Gyanni nous explique qu’il y en a 21 sur l’île. Il s’agit de tortues géantes d’Aldabra qui ont été élevées en captivité dans le centre de Rivière-Noire et amenées ici afin de jouer le rôle des tortues herbivores qui existaient jadis à Maurice, mais qui ont disparu il y a longtemps déjà.

 

Big Daddy et Monsieur Zoyberg, les tortues vedettes

 

Le guide ne manque pas de nous parler des deux tortues vedettes de l’île : Big Daddy et Monsieur Zoyberg. Big Daddy est la plus grosse et la plus vieille tortue de l’île. Du haut de ses 90 ans, elle pèse 207 kilos. Quelques minutes plus tard, on croise Monsieur Zoyberg, une imposante tortue de 198 kilos. Elle est un peu plus jeune que Big Daddy, mais reste une illustre représentante de son espèce. «Elle a entre 70 et 80 ans», dit le guide.

 

Monsieur Zoyberg pèse plus de 198 kilos. C’est l’une des plus grosses tortues de l’île.

 

 

Rencontre avec le pigeon rose

 

Bruissement dans les arbres, battements d’ailes. C’est un pigeon rose, aussi appelé pigeon des mares.  On distingue cette espèce endémique à Maurice à son plumage rose pâle et ses ailes brunes. Le pigeon des mares est un cousin éloigné du Dodo. Plus chanceux que son cousin, il a eu la possibilité de se servir de ses ailes pour échapper aux humains.

 

 

Des plantes à perte de vue

 

Obnubilés par la faune, nous manquons de passer à côté de la flore de l’île-aux-Aigrettes. Nous en sommes entourés. Le Vacoas, le bois de bœuf, le latanier bleu (qui n’est pas bleu). Autant de plantes présentes sur l’île.  Nous découvrons que le fameux bois d’ébène, utilisé pour la fabrication de meubles très demandés, se trouve au centre du tronc de l’arbre. Il s’agit de son cœur.

Le bois d’ébène utilisé pour la fabrication de mobilier est au coeur de l'arbre du même nom.

 

 

L’île est dotée d’une pépinière, qu’on nous fait visiter. On nous montre les graines de vacoas, de bois de rénette, d’ébène, entre autres. Mais l’une d’elles retient mon attention. «C’est quoi cette énorme graine avec des épines ?». La cadoque. Une espèce endémique qu’on a réintroduite aussi ? Non explique le guide, on en trouve partout. On en plante aux abords de l’île pour décourager les intrus. Ah, d’accord.

Le cadoque est planté sur l’île pour décourager les intrus.

 

On termine la visite sur une note fruitée, en frottant des feuilles de bois de rénette entre nos mains. Elles sentent la pomme. Impression ? Ravie. Les reptiles et les animaux qui peuplent l’île m’en ont mis plein la vue. Je suis juste un peu déçue de n’avoir pas aperçu Big Daddy… Ce sera pour une prochaine fois !