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Il n’est pas bon de faire un accident ou une crise cardiaque à l’île Maurice

18 mai 2013, 13:24

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Il n’est pas bon de faire un accident ou une crise cardiaque à l’île Maurice

Le monsieur est élégamment habillé. Il marche à côté de sa femme. Il dit qu’il est fatigué. Il s’écroule. Les gens s’attroupent. Le monsieur ouvre tout grand la bouche, il porte la main à la poitrine. Le monsieur est en train de mourir…

 

Les curieux savent qu’on peut le sauver. On veut le sauver, mais personne ne sait comment. Personne dans la foule n’a été initié à la réanimation cardio-pulmonaire (RCP).

 

Il n’est pas bon de faire un accident ou un arrêt cardiaque à l’île Maurice. Face à une personne victime d’un arrêt cardiaque ou d’un accident de la vie courante, les Mauriciens sont largement démunis, car moins d’un pour cent de la population a été initié aux premiers secours, aux gestes qui sauvent. On n’est pas en Norvège ou en Autriche où respectivement 95 %  et 80 % de la population ont été initiés aux premiers secours et à la RCP.

 

Certains Mauriciens essayent bien de se former, par bonne volonté. En s’adressant, entre autres à la Croix Rouge mauricienne. Elle réclame plus d’un millier de roupies pour cette formation. Alors, seuls ceux qui ont besoin d’une attestation de formation en premiers soins pour leur travail acceptent de payer.

 

Une situation catastrophique pour Maurice quand on sait que le SAMU  prend un minimum de 30 minutes pour arriver. Beaucoup trop long en cas d’arrêt cardiaque mais également en cas d’hémorragie suite à des blessures accidentelles, de réaction allergique, d'étouffement ou d’asphyxie.

 

Le monsieur bien habillé a eu à la fois de la chance et de la malchance dimanche dernier quand il s’est écroulé devant l’entrée d’un supermarché du Nord du pays. Il y avait un don de sang sur le parking, presque en face du lieu où il s’était écroulé. Deux jeunes médecins lui ont bien porté secours en pratiquant une RCP. Massage cardiaque et respiration artificielle ont duré quelques minutes. Ils n’ont pas insisté.

 

Qui ne se souvient de Fabrice Muamba qui, en mars de l’année dernière, est terrassé sur le terrain de White Hart Lane par une crise cardiaque massive lors du quart de finale de la FA Cup qu’on suivait en direct. Son cœur s’arrêtera de battre pendant une heure. Il doit la vie au massage cardiaque et à la respiration artificielle pratiqués sans relâche du terrain de foot à l’hôpital et en réanimation.

 

Il avait pu quitter l’hôpital quatre jours après sa crise cardiaque et vit aujourd’hui avec un défibrillateur implanté dans le corps.

 

Les défibrillateurs ventriculaires automatiques implantables (DAI) permettent chaque année de sauver des milliers de vies dans le monde.De tels implants ne sont pas encore à la disposition des Mauriciens. La seule Mauricienne qui vit avec un DAI a dû se rendre à Paris pour l’implantation.

 

Même les défibrillateurs externes que l’Europe et les Etats-Unis font aujourd’hui installer dans les lieux très fréquentés – supermarchés, aéroport, gare routière etc. – ne sont même pas disponibles dans les urgences des plusieurs hôpitaux de l’île.

 

Une aberration pour un pays qui passe par un pic de maladie cardiovasculaire et où il faut attendre au moins six mois avant de pouvoir passer un test d’effort dans un hôpital.

 

Pas étonnant que beaucoup de cardiaques du pays ne sont pas dépistés. Ainsi, beaucoup encore mourront comme le monsieur bien habillé. D’une mort subite, sans symptôme aucun dans les heures qui précèdent le décès.

 

 

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