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I, Frankenstein : À la sauce Underworld

1 février 2014, 00:00

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I, Frankenstein : À la sauce Underworld

1795. Ayant rejeté l’être qu’il a lui-même créé à partir de morceaux de cadavres, le docteur Victor Frankenstein le pourchasse jusqu’au pôle Nord pour le tuer. Or, il meurt victime du froid et c’est la créature elle-même qui l’enterre. Elle est alors attaquée par deux démons, mais deux gargouilles viennent à son secours et l’emmènent devant leur reine Léonore et leur commandant Gédéon.

 

Léonore nomme la créature «Adam», lui explique que les gargouilles ont été créées afin de combattre les démons sur terre et l’invite à les rejoindre. Mais Adam refuse et s’en va après avoir reçu en cadeau des armes lui permettant de détruire des démons. Plus de deux cents ans plus tard, Adam tue un groupe de démons dans une boîte de nuit. L’un d’eux parvient à s’échapper et alerte Naberius, le prince des démons. Ce dernier vit sur terre sous l’apparence de Charles Wessex, un richissime homme d’affaires.  Il emploie depuis des années une scientifique, Terra Wade, p o u r mener des expériences sur des morceaux de cadavres afin de recréer la vie. Apprenant qu’Adam est toujours en vie, Wessex va tout mettre en oeuvre pour le capturer…

 

 

LA NOTE 5/10

 

Dépoussiérer le mythe de Frankenstein lessivé par un trop plein d’adaptations cinématographiques, pourquoi pas ? Fallait-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain dès les toutes premières minutes du long-métrage ? En moins de temps qu’il n’en faut pour entamer son paquet de pop-corn, une voix off nous résume l’intrigue traditionnelle issue du roman de Mary Shelley et… passe à tout autre chose. Car nous sommes ici les témoins d’une guerre entre des démons et une armée de gargouilles au service de Dieu afin de prendre possession du livre écrit par le professeur Frankenstein. La créature, mollement incarnée par Aaron Eckhart qui se demande encore ce qu’il est venu faire dans cette galère, se retrouve donc au milieu d’un match à peu près aussi palpitant qu’une partie de Scrabble entre analphabètes. Sur le mode Underworld, le script nous plonge dans une succession de scènes d’action souvent illisibles où les CGI (Computer-generated imagery) – plutôt corrects d’ailleurs – remplacent l’imagination du spectateur, prié de manger son pop-corn sans jamais faire intervenir sa matière grise.

 

Passe encore que le film n’entretienne absolument aucun rapport avec Frankenstein, mais le résultat final est un fourre-tout abracadabrantesque qui tient de la bouillie pure et simple. Bourré d’incohérences, I Frankenstein ressemble furieusement aux délires kitsch de Stephen Sommers dans les années 1990-2000 tel son Van Helsingde triste mémoire. Ajoutez à cela des dialogues risibles, des acteurs en roue libre et des paraboles bibliques écrites avec des moufles, et vous aurez une petite idée de la chose. Si l’ensemble pourra donc faire illusion auprès des gamins de moins de 12 ans, le public plus mature se demandera avec beaucoup d’à-propos pourquoi un tel produit a été distribué dans les salles alors qu’il avait toutes les qualités requises pour échouer dans les bacs à soldes des hypermarchés. Vous voilà prévenus.


MON OEIL

 

Les multiples facettes du biopic

 

Le film biographique, plus communément appelé «biopic» dans le monde du 7e art, est un genre cinématographique particulièrement populaire. En témoigne la longue liste (passée et à venir) de films appartenant à cette catégorie, dont fait aussi partie le Yves Saint Laurent de Jalil Lespert, sorti dans nos salles la semaine dernière. Or, tous les films de cette catégorie ne sont pas logés à la même enseigne.

 

En effet, certains de ces films se disent biographiques mais n’utilisent le vécu qu’en tant que prétexte pour mettre en scène une «interprétation» de la vie de l’individu en question (comme c’est apparemment le cas pour Graceof Monaco, avec Nicole Kidman, dont la sortie est prévue cette année). Ces films sont généralement rejetés et conspués par la famille ou les fans de l’idole concernée.

 

D’autres films font la démarche inverse, prenant le parti de s’assurer la collaboration de la famille ou des fans dans le but de donner le plus de réalisme possible au film (comme pour Yves Saint Laurent). Mais si ce genre de démarche garantit une bonne publicité de la part des proches, il court souvent le risque d’occulter les aspects les plus osés ou controversés de la vie du sujet. Par exemple, le biopic sorti en salles la semaine dernière est décrit par Pierre Bergé, compagnon de longue date du couturier, comme étant une représentation fidèle de sa vie.

 

Or, s’il lève effectivement certains voiles sur la vie du créateur, notamment l’histoire d’amour entre les deux hommes (qui dura toute leur vie) et ses multiples addictions, il se perd en faisant trop de place à Bergé (sans doute pour le remercier de son soutien), ne brossant au final que les grandes lignes du personnage de Saint Laurent (magnifiquement interprété par Pierre Niney).

 

Car c’est le risque que courent ces biopics : à trop vouloir plaire à tout le monde, le résultat est parfois une mièvrerie bourrée de bons sentiments qui reste à la surface de ce qu’était réellement le sujet.

 

Très rares sont les films de ce genre qui sortent du lot, grâce à leur interprétation (The Social Network, Walk The Line, Raging Bull, Ray, Capote, Lincoln) ou à leur mise en scène (I’m not there, La liste de Schindler, Les Affranchis), mais ce qu’ils ont en commun, c’est qu’ils s’attachent à rendre réellement justice au sujet. Au final, ils n’ont d’exceptionnel que leur intégrité. Espérons pouvoir en dire autant au sujet de Saint Laurent, le prochain film sur la vie du créateur, dont la sortie est prévue dans quelques mois.


FICHE TECHNIQUE

Genre : Épouvante ,horreur

Durée : 1 h 35

De : Stuart Beattie

Avec : Aaron Eckhart, Bill Nighy, Yvonne Strahovski, Miranda Otto, Socratis Otto, Jai Courtney, Kevin Grevioux

Salles : Star Caudan, Bagatelle, La Croisette