Publicité

Harcèlement des femmes dans la rue: Amnesty Maurice enclenche une campagne nationale

14 août 2009, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Harcèlement des femmes dans la rue: Amnesty Maurice enclenche une campagne nationale

«Respekte nu», c’est la campagne nationale que présente officiellement Amnesty Maurice, le 13 août, contre le harcèlement des femmes dans la rue.

L’ONG espère que cette campagne, qui s’étendra sur quatre mois, débouchera sur quelque chose de concret. Soit, la promulgation d’une loi.

«Les femmes sont très régulièrement victimes de harcèlement à Maurice. Elles ont le droit à la dignité et à la liberté de mouvement, d’où cette campagne», déclare Anne Marie La Pierre, Human Rights Education Associate pour l’Union Européenne (UE).

La première partie de la campagne médiatique aura lieu durant tout le mois de septembre, avec des émissions à la MBC et un forum pour réunir les femmes et les filles sur le harcèlement de rue, prévu pour le 26 septembre. Aux mois d’octobre et de novembre, la campagne poursuivra son cours avec des émissions radiophoniques, un concert le 10 octobre, des pièces de théâtre animées par la troupe Komiko, des expositions d’art et une marche. La deuxième partie de la campagne médiatique sera également enclenchée au mois de novembre.

De plus, les chanteurs Désiré François et Linzy Bacbotte lanceront une chanson intitulée «Femme» dans le cadre de la campagne «Respekte nu».

La décision d’entreprendre cette campagne fait suite à une étude intitulée «Roadblocks: The street harassment of women and girls in Mauritius», menée par Alyssa Fine, membre de Soroptimist International Ipsae Mauritius, en fin d’année 2008. Cette dernière a sondé un certain nombre de Mauriciennes sur leur expérience du harcèlement de rue.

Une des conclusions de cette étude est que les femmes et les filles sont le plus souvent victimes de harcèlement sur les arrêts d’autobus, dans les autobus et, surtout, pour celles qui vont à l’école ou au collège, durant le trajet aller-retour. Les autres endroits sont le marché, la plage, les centres commerciaux et… les églises.

Les femmes et filles interrogées révèlent qu’elles ont été victimes de harcèlement à n’importe quelle heure de la journée. Les auteurs de ces actes, incluant notamment sifflements, coups de klaxon, remarques verbales, attouchements, poursuites («stalking») et des expositions corporelles indécentes, sont des hommes de tous milieux et de tous âges. Ils inspirent, entre autres, la peur, l’irritation, la honte, l’humiliation, la culpabilité et l’inconfort de celles qui les subissent. Au point où les victimes se sentent obligées de changer de moyens de transport, de parcours, d’apparence vestimentaire et même de rester chez elles.

«Les conséquences du harcèlement de rue causent un manque de mobilité, d’autonomie et de liberté d’expression chez les femmes. Elles viennent renforcer la perception de l’inégalité des sexes, les stéréotypes et préjugés liés au genre…», soutient Alyssa Fine. «Je recommande donc que des actions soient développées dans le contexte des droits humains pour changer le comportement des hommes et des garçons et émanciper les femmes et les filles», conclut-elle.

Par ailleurs, les témoignages recueillis par Alyssa Fine au cours de son étude et par Amnesty Maurice, lors du forum prévu pour le 26 septembre 2009, serviront d’appui à l’ONG pour son plaidoyer auprès de parlementaires visant à «travailler sur quelque chose de concret», suite à «Respekte nu».