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Haïti : les autorités mal à l''aise avec le retour de Duvalier

18 janvier 2011, 00:00

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Haïti : les autorités mal à l''aise avec le retour de Duvalier

Les autorités haïtiennes ne sont pas ravies par le retour de Jean-Claude Duvalier, mais l''''ancien dictateur a le droit de revenir dans son pays, a déclaré  le Premier ministre, Jean-Max Bellerive.

Surnommé "Baby Doc", Jean-Claude Duvalier a effectué un retour inattendu dans son pays dimanche, après 25 ans d''exil en France. Des organisations internationales de défense des droits de l''homme ont réclamé son arrestation et son jugement pour crimes contre l''humanité.

Prié de réagir à ce retour, le Premier ministre Jean-Max Bellerive a déclaré lundi que son gouvernement était "mal à l''aise" avec la réapparition surprise de Jean-Claude Duvalier. Comme la Constitution haïtienne interdit l''exil forcé, l''ancien "président à vie" avait le droit de revenir, a poursuivi le chef du gouvernement, même  si son passeport diplomatique délivré en 2005 a expiré. "Si des procédures judiciaires sont engagées à son encontre, alors le système judiciaire fera ce qu''il a à faire", a-t-il dit.

Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International estiment que Jean-Claude Duvalier, âgé de 59 ans, doit être traduit devant la justice pour les crimes et les sévices dont ont été victimes des milliers d''opposants pendant les 15 ans où il a été au pouvoir. "Le retour de Duvalier en Haïti ne devrait se faire que dans un seul but, le traduire en justice", a déclaré José Miguel Vivanco, directeur de HRW pour les Amériques.

"Baby Doc" avait accédé au pouvoir à la mort de son père François Duvalier, alias "Papa Doc", en 1971, devenant à 19 ans le plus jeune chef d''Etat au monde. Proclamé "président à vie", il a dirigé le pays jusqu''à son départ en exil en France en février 1986, à la suite d''un soulèvement populaire. "Les violations importantes et systématiques des droits de l''homme commises en Haïti pendant l''ère Duvalier équivalent à des crimes contre l''humanité", a déclaré Javier Zuniga, conseiller spécial d''Amnesty International. "Haïti est dans l''obligation de le poursuivre en justice, de même que tous ceux qui sont responsables de tels crimes."

Pour les observateurs, le retour de "Baby Doc" à Port-au-Prince ne fera que compliquer la situation politique en Haïti, où la tension est vive depuis le premier tour de la présidentielle, le 28 novembre. Les résultats du premier tour, dont l''annonce a été suivie d''émeutes, donnent en tête Mirlande Manigat, devançant de peu Jude Célestin, candidat soutenu par le président sortant René Préval. Les experts de l''Organisation des Etats américains (OEA) préconisent, sur la foi d''irrégularités "importantes" dans le décompte des voix, que Célestin soit disqualifié et remplacé au second tour par le candidat arrivé troisième, le chanteur populaire Michel Martelly.

Duvalier, accueilli à son arrivée par des centaines de partisans, a déclaré rentrer au pays pour faire montre de solidarité avec le peuple haïtien, durement éprouvé par le séisme du 12 janvier 2010 puis, à la fin de l''année dernière, par une épidémie de choléra qui a fait dans les 4.000 morts.

(Source : Reuters)