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Haïti : Le nouveau président Michel Martelly promet de "réveiller" son pays

15 mai 2011, 00:00

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Haïti : Le nouveau président Michel Martelly promet de "réveiller" son pays

L''''ancien chanteur pop Michel Martelly a prêté serment comme président, le samedi 14 mai, à Haïti, où il a demandé à ses compatriotes de l''aider à remettre sur pied leur pays en proie à la pauvreté et dévasté par le séisme du 12 janvier 2010.

"Haïti était endormi et aujourd''hui Haïti se réveille (...) c''est le mandat que vous m''avez confié et, croyez-moi, les choses vont changer", a dit Martelly dans un discours inaugural prononcé en créole.

Une vaste foule a manifesté son approbation en se pressant contre les barrières du palais présidentiel à dôme blanc dont le délabrement témoigne des ravages du séisme de l''an dernier, qui a fait plus de 300.000 morts.

Sans expérience des affaires publiques, Martelly, âgé de 50 ans et surnommé "Sweet Micky", a insisté sur la promesse de changement qui l''a propulsé à la victoire le 20 mars au second tour de la présidentielle, face à l''ancienne "première dame" Mirlande Manigat, 70 ans.

"La main dans la main, épaule contre épaule, nous allons changer Haïti, reconstruire ce pays pour le rendre plus fort", a dit le nouveau président, dont le discours a été précédé par une sonnerie de conques cérémonielles.
"Un nouveau départ"

Dans ce pays instable des Caraïbes, ancienne possession française à l''histoire ponctuée de révoltes et de dictatures, c''est la première fois qu''un président démocratiquement élu a remis le pouvoir à un dirigeant librement élu de l''opposition.

Martelly s''est aussi employé à rassurer les donateurs étrangers qui ont promis une aide de 10 milliards de dollars pour la reconstruction d''Haïti après le séisme. Il s''est engagé à fournir des garanties aux investisseurs et aux propriétaires privés.
Auparavant, la cérémonie d''investiture s''était déroulée devant les élus de l''Assemblée nationale dans un bâtiment préfabriqué érigé à l''emplacement de l''ancien parlement détruit par le tremblement de terre.

Signe des défis que devra tenter de relever le nouveau président, une panne d''électricité a plongé la cérémonie dans une demi-obscurité.

Parmi ses partisans présents samedi figurait son collègue haïtien-américain Wyclef Jean, star du hip-hop qui a évoqué l''enthousiasme soulevé par sa dynamique promesse de changement.

"Cela représente un nouveau départ (...) les gens veulent de l''éducation, pas des dons. Ils ont maintenant un dirigeant qui va les mobiliser", a déclaré Jean à Reuters en comparant l''élection de Martelly à celle de Barack Obama en novembre 2008 aux Etats-Unis.

Dans son discours, Martelly a appelé de ses voeux "un Haïti où la santé ne soit pas un luxe, un Haïti qui ne soit pas fait de bidonvilles", en ajoutant qu''il s''appliquerait à fournir un enseignement gratuit à tous les enfants du pays.
L''ex-président Bill Clinton, émissaire spécial de l''Onu en Haïti, conduisait la délégation américaine. La France était représentée par le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé.

Investissements et sécurité

Des centaines de milliers de survivants du séisme de janvier 2010 attendent toujours des logements décents et du travail, et une épidémie de choléra a coûté la vie depuis l''automne dernier à près de 5.000 personnes.

Pour appliquer sa politique, "Sweet Micky" doit s''appuyer sur des structures étatiques traditionnellement faibles, minées par la corruption et le favoritisme, et une administration aux effectifs décimés par le tremblement de terre.

"Depuis la chute de la dictature de Duvalier (en 1986), mettre sur pied un gouvernement efficace s''est révélé une gageure, quel qu''ait été le président", dit Mark Weisbrot, codirecteur du Center for Economic and Policy Research, un groupe de réflexion dont le siège est à Washington.

"Par le passé, l''Etat a exploité la population. Les fonctionnaires se sont enrichis. Ils ont perdu le sens du service de la nation. La fonction publique signifie être au service de la population", notait Martelly le mois dernier.

Il met en avant ses liens privilégiés avec la population mais devra tenir compte d''un Parlement dominé par les députés et sénateurs de la coalition Inite du président sortant René Préval, qui ne pouvait briguer de nouveau mandat.
La communauté internationale, qui maintient plus de 12.000 casques bleus à Haïti, paraît décidée à soutenir Martelly. L''aide extérieure, essentielle au relèvement du pays, représente les deux tiers du budget de l''Etat.

Martelly a promis de prendre des mesures pour attirer les investissements, notamment dans des projets d''infrastructures et de tourisme.

Le maintien de la sécurité est également une de ses priorités. Martelly a proposé de rétablir l''armée haïtienne, trop impliquée par le passé dans la vie politique et dissoute par le président Jean-Bertrand Aristide au milieu des années 1990. En raison de la situation économique du pays, son idée suscite de nombreuses réserves, notamment au Congrès américain.

Le nouveau chef de l''Etat est issu du parti Repons Peyizan, dont le message aux accents populistes et anti-establishment prône la justice sociale.