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Haïti : Des casques bleus de nouveau pris à partie

19 novembre 2010, 00:00

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Haïti : Des casques bleus de nouveau pris à partie

De nouveaux incidents ont éclaté, le jeudi 18 novembre, dans la capitale haïtienne, où des centaines de manifestants ont lancé des pierres contre des casques bleus accusés par la population d''''être à l''origine de l''épidémie en cours de choléra.

La police a fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser la foule. Une patrouille de soldats de la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti a dû se replier à la hâte après avoir été accueillie par une pluie de cailloux par des manifestants. Ceux-ci ont également tenté de bloquer les rues avec des pierres et des débris.

La foule scandait "La Minustah doit partir !" et "La Minustah a apporté le choléra à Haïti !".

Ces violences au coeur de Port-au-Prince font suite à des incidents similaires pendant plusieurs jours dans deux autres villes de l''île, Cap-Haïtien au Nord, et Hinche, dans l''Est.

Dans la deuxième ville du pays, deux personnes au moins ont été tuées et des dizaines d''autres blessées lors de heurts entre des émeutiers et les casques bleus.

Dans le Nord, les troubles ont sérieusement perturbé les efforts de la communauté internationale pour tenter d''enrayer la propagation de l''épidémie qui a déjà fait plus de 1.100 morts et plus de 18.000 malades infectés.

L''antenne haïtienne de l''Organisation panaméricaine de la santé (Paho) et de l''Organisation mondiale de la santé (OMS) a reçu des informations faisant état de victimes du choléra laissées dans les rues parce qu''elles étaient incapables d''accéder à temps aux postes de santé.

"Soigner le choléra est une chose simple mais pouvoir accéder (aux installations sanitaires) est capital", a souligné le Dr Lea Guido, déléguée du Pahoa à Port-au-Prince.

Les troubles sont nés de rumeurs, démenties rapidement par les Nations unies, selon lesquelles l''épidémie se serait propagée à partir des latrines d''un cantonnement de soldats népalais de la Minustah situées en bordure du fleuve Artibonite, principal foyer de l''épidémie dans le centre de l''île.

L''épidémie vient s''ajouter aux destructions et à la désolation résultant des dégâts causés par le tremblement de terre meurtrier du 12 janvier sur l''île, qui doit voter le 28 novembre aux élections présidentielle et législatives.

L''aérodrome de Cap-Haïtien est fermé depuis lundi, empêchant l''arrivée de secours et de personnels médicaux pour combattre le fléau. "Nous n''avons pas livré de nouveaux approvisionnements dans cette région de toute la semaine", a indiqué le Dr Guido dans un communiqué.

Un correspondant de CNN à Cap-Haïtien a fait état de l''existence de 35 patients admis dans un hôpital pour des blessures par balle depuis lundi.

A New York, le porte-parole de l''Onu, Farhan Haq, a été interrogé jeudi sur une information des médias suédois selon laquelle l''ambassadeur de Suède à Port-au-Prince aurait déclaré que le Népal était à l''origine de l''épidémie de choléra.

Le porte-parole a répondu que les Nations unies ne disposaient d''aucune preuve concluante d''un lien entre les casques bleus de la Minustah et l''épidémie.

La souche sud-asiatique du virus présente en Haïti est présente dans de nombreuses régions du monde en dehors de l''Asie, a-t-il ajouté, et ne provient pas nécessairement des soldats népalais de l''Onu.

A Washington, les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ainsi que du Paho ont prévenu jeudi que l''épidémie risquait de s''aggraver malgré les efforts déployés pour la contenir.

Les experts de ces institutions ont ajouté que l''infection, due à une source bactérienne cholérique identifiée auparavant en Asie du Sud et ailleurs, s''inscrivait dans une pandémie globale vieille de 49 ans et qui a été vraisemblablement introduite à Haïti par une seule personne infectée.


(Source: Reuters )