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Haïti : Cri d''alarme face à l''épidémie de choléra

20 novembre 2010, 00:00

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Haïti : Cri d''alarme face à l''épidémie de choléra

La réponse internationale à l''''épidémie de choléra qui frappe Haïti est inadaptée et les financements manquent pour venir efficacement en aide à la population, ont déclaré le vendredi 19 novembre, des organisations humanitaires comme Médecins sans frontières (MSF) et l''agence onusienne OCHA.

Le bilan provisoire de cette épidémie, qui fait des dizaines de victimes chaque jour, s''établit à plus de 1 180 morts.

"De sérieux manques dans le déploiement de mesures adaptées sapent les efforts pour endiguer l''épidémie", déplore MSF dans un communiqué.

"Malgré la présence massive d''acteurs internationaux sur le terrain, les actions entreprises à ce jour n''ont pas permis de répondre aux besoins de la population", ajoute l''organisation.

"MSF appelle tous les groupes et organismes d''aide présents en Haïti à renforcer l''ampleur et la rapidité de leurs efforts pour assurer une réponse efficace aux besoins des populations", a précisé Stefano Zannini, chef de mission de MSF dans le pays.

"Un plus grand nombre d''acteurs est nécessaire pour traiter les malades et mettre en place les mesures de prévention nécessaires, alors même que les cas augmentent considérablement à travers le pays. L''heure n''est plus aux réunions et aux discussions, mais à l''action", a-t-il ajouté.

En un peu plus d''un mois, l''épidémie s''est étendue à huit des dix provinces du pays et 20.000 personnes ont dû être soignées dans les hôpitaux. La maladie peut tuer en quelques heures par déshydratation si le patient ne reçoit aucun traitement.

Les efforts pour endiguer l''épidémie ont été compliqués par des rumeurs selon lesquelles le choléra aurait été apporté en Haïti, où il n''avait pas reparu depuis un siècle, par le contingent népalais de la Minustah, la force des Nations unies sur place.

Ces rumeurs sont à l''origine de plusieurs attaques contre les casques bleus. A Cap-Haïtien, dans le Nord, les affrontements ont fait deux morts et des dizaines de blessés.

Ces violences, que l''Onu impute à des agitateurs animés de motifs politiques, ont gêné les opérations de secours.
Imogen Wall, porte-parole de l''OCHA, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l''Onu, a déclaré avoir reçu seulement cinq des 164 millions de dollars réclamés la semaine dernière par les Nations unies pour combattre le fléau.

"La réponse est totalement inadéquate et dans cette situation c''est une course contre la montre, il nous faut de toute urgence de l''aide si nous voulons sauver des vies", a-t-elle dit à Reuters.

"Nous n''avons pas les moyens nécessaires (...) Si nous pouvons atteindre les gens et si nous avons les médicaments qu''il faut, alors nous sauverons des vies", a-t-elle ajouté.

Des volontaires humanitaires parlent de malades en train d''agoniser dans les rues et au bord des routes, incapables de rejoindre les hôpitaux ou les dispensaires où ils pourraient être sauvés.

Imogen Wall a précisé que trente centres spécialisés avaient été pour l''instant mis en place. Selon l''Organisation mondiale de la santé (OMS), l''épidémie va inévitablement s''étendre à la République dominicaine voisine mais devrait y faire moins de ravages.

De nombreux Haïtiens travaillent en République dominicaine et comme il est fréquent que la bactérie du choléra ne produise pas de symptômes apparents, cette maladie propagée par l''eau peut aisément franchir la frontière, a noté Gregory Hartl, porte-parole de l''OMS, lors d''un point de presse à Genève.

Christian Lindmeier, autre porte-parole de l''OMS, a noté que les meilleures conditions d''hygiène de la République dominicaine devraient y rendre les affections diarrhéiques moins dangereuses.


 (Source: Reuters)