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Grande-Bretagne : David Cameron satisfait de la réponse policière aux émeutes

11 août 2011, 00:00

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Grande-Bretagne : David Cameron satisfait de la réponse policière aux émeutes

La riposte contre les émeutiers en Grande-Bretagne a commencé, s''''est réjoui, le mercredi 10 août, le Premier ministre, David Cameron, après une nuit plutôt calme à Londres mais agitée dans d''autres grandes villes anglaises.

La vague de violence s''est propagée dans la nuit de mardi à mercredi dans le Nord. Les villes de Manchester, Liverpool et Birmingham ont été le théâtre du plus important déchaînement de violence depuis le début des émeutes, samedi.

Le bilan de la nuit établi par la police est de 113 personnes arrêtées à Manchester et à Salford et 50 à Liverpool. Depuis le début des violences, la police métropolitaine (Met) a procédé à 770 arrestations à Londres. Elle a fait état de 111 blessés dans ses rangs.

Londres, où 16.000 policiers ont été déployés mardi soir contre 6.000 la veille, est restée relativement calme. Les propriétaires des magasins avaient pris les devants, barricadant leurs commerces pour éviter des actes de vandalisme.

"Nous avions besoin d''une riposte et la riposte est en cours", a dit David Cameron après une nouvelle réunion du comité de sécurité Cobra, chargé des situations de crise.

"La police disposera de toutes les ressources dont elle a besoin", y compris des balles en plastique et canons à eau, a ajouté le Premier ministre, revenu de vacances en Italie mardi.

David Cameron a qualifié les émeutes de banale criminalité sans évoquer les conditions socio-économiques dans ces quartiers, dont les responsables des communautés locales jugent qu''elles sont à l''origine des violences.
Stephen Kavanagh, un des commissaires adjoints de la police londonienne, a fait savoir que le dispositif serait maintenu pour la nuit de mercredi à jeudi. "Ce soir, nous allons encore une fois envisager le pire", a-t-il déclaré à la BBC.

Trois morts à Birmingham

L''ampleur des violences à Birmingham, la deuxième ville de Grande-Bretagne, montre que la crise est loin d''être finie.
La police de Birmingham a ouvert une enquête pour homicide après la mort de trois personnes renversées par une voiture.

Selon un ami des victimes, qui s''exprimait au micro de la BBC, les trois hommes appartenaient à un groupe d''autodéfense et tentaient de prévenir les pillages. "La voiture a foncé sur eux. C''est un meurtre commis de sang-froid", a-t-il dit.

Dans de nombreuses villes, les mêmes scènes ont été observées: des jeunes dissimulés sous des capuches ont cassé des vitrines, pillé des magasins, provoqué les policiers, voire incendié des boutiques. Manchester et sa grande banlieue de Salford, Liverpool, West Bromwich et Wolverhampton, près de Birmingham, ont notamment été touchées.

"Ce sont des actes de criminalité purs et simples, les pires que j''ai jamais vus à cette échelle", a déclaré un responsable de la police, Garry Shewan. "Ces gens ne manifestent contre rien, ce n''est pas un sentiment d''injustice ou une quelconque étincelle qui a mené à ça".

Les conclusions rendues mardi soir par la commission chargée d''enquêter sur les conditions dans lesquelles la police a abattu un homme dont la mort a été à l''origine des premières émeutes samedi à Tottenham pourrait alimenter la colère des émeutiers.

Les premiers rapports indiquaient que Mark Duggan, 29 ans, avait tiré sur les forces de l''ordre avec un pistolet retrouvé à ses côtés. Mais selon un communiqué de la Commission indépendante des plaintes contre la police (IPCC), "il n''existe à ce stade aucune preuve que l''arme retrouvée sur la scène (de crime) a été utilisée" contre les policiers.

Mardi, un homme de 26 ans, atteint par une balle alors qu''il se trouvait dans sa voiture à Croydon, dans le sud de Londres, a succombé à ses blessures.

"Ils ont donné l''exemple"

Les violences contre les personnes et les petits commerces, dont les photos et vidéos sont largement relayées sur les réseaux sociaux par internet et les chaînes d''information télévisée, ont choqué de nombreux Britanniques.

Mais le pays s''interroge aussi sur les raisons de ces violences, les plus graves depuis des décennies.
Les habitants des quartiers concernés et certains commentateurs les attribuent aux tensions entre les jeunes et la police, aux difficultés économiques en cette période d''austérité et aux écarts de richesse croissants.

Ce phénomène "doit être interprété comme une explosion d''agressivité d''une ''sous-classe'' exclue socialement et économiquement", écrit le journal libéral The Independent.

Le Daily Telegraph, quotidien de droite, adopte un ton bien plus dur: "Il faut apprendre à ces voyous le respect de la loi de la manière forte. Ces émeutes ont humilié la nation et le gouvernement doit en être tenu responsable."

Les contempteurs du gouvernement affirment que sa politique d''austérité visant à réduire les déficits publics a aggravé la situation de cette jeunesse fortement touchée par le chômage. Inversement, les bonus monumentaux accordés aux banquiers sont devenus emblématiques du culte de l''argent chez les élites.

Les scandales de corruption dans la police londonienne et celui de 2009 sur les notes de frais des parlementaires ont aussi répandu l''image de l''avidité de toute une société.

"Tout le monde a entendu parler des pots-de-vin de la police, des parlementaires volant des milliers (de livres) avec leurs notes de frais. Ils ont donné l''exemple. C''est l''heure de piller", a dit à Reuters à Londres un jeune du quartier d''Hackney.

 (Source: Reuters)