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Gilbert Espitalier-Noël : « «L’immobilier est un placement sûr sous certaines conditions» »

4 avril 2012, 11:20

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Le Chief Executive Officer d’ENL Property commente la situation économique et explique la stratégie de son groupe qui fait d’importants investissements dans l’immobilier.

Comment voyez- vous l’économie mauricienne pour 2012 et 2013 ?

Il est évident que nous avons des jours difficiles devant nous. Il y a des signes clairs que la consommation locale, jusqu’ici assez épargnée par la crise économique mondiale, a commencé à en souffrir. Cela dit, la détente monétaire et les récentes initiatives prises par le secteur privé aussi bien que par le gouvernement permettent de rester modérément optimiste.

La baisse du taux d’intérêt suffi ra- t- elle pour vaincre la frilosité du secteur privé et relancer l’investissement qui stagne depuis trois ans ?

Je suis sûr que lorsque vous parlez d’entrepreneurs frileux, ce n’est pas ENL que vous avez en tête ! La récente baisse des taux d’intérêts était attendue et nécessaire. Celle- ci, de concert avec d’autres initiatives publiques et privées, va certainement contribuer à améliorer le climat des affaires et motiver les entrepreneurs à investir davantage. Cela est bien vrai pour le secteur de l’immobilier où les entrepreneurs font beaucoup appel aux banques pour financer leurs projets.

« ENL Property » mène de front plusieurs projets immobiliers d’envergure. Quel est le montant global investi à ce jour ?

Les chiffres peuvent être trompeurs quand on parle d’investissement : les Rs 3 milliards investis dans Bagatelle Mall ne peuvent être comparés aux Rs 4,7 milliards mobilisés pour La Balise Marina, par exemple. Le premier projet est entièrement financé par le développeur puisque les espaces sont loués et non vendus. La Balise Marina, elle, est financée par les acheteurs des résidences Integrated Resorts Scheme ( IRS).

En revanche, il est plus aisé d’estimer le nombre d’emplois que nous avons créés à ce jour. Celui- ci avoisine les 3 500.

Quels sont les prochains chantiers d’ « ENL Property » ?

Bagatelle Mall of Mauritius , Les Allées d’Helvétia, les IRS La Balise Marina et Villas Valriche ainsi que le centre commercial Kendra sont tous des projets réalisés par phases et mobiliseront nos ressources pendant longtemps encore. Pour ce qui est des nouvelles initiatives, nous travaillons sur des projets résidentiels dans la zone du Réduit ainsi que sur des développements infrastructurels et immobiliers en support à l’éducation tertiaire et au domaine médical. Nous avons aussi des projets en cours de matérialisation en Afrique. Le savoir- faire et l’expérience acquis au gré des projets réalisés dans l’île sont éminemment exportables et nous entendons les mettre à profit pour étendre notre influence dans la région.

Retournons à Maurice, et à Saint- Pierre en particulier. La région reçoit beaucoup d’attention d’ENL. Qu’avez- vous prévu au juste ?

Nous prévoyons le développement de zones industrielles et logistiques dans cette localité. Il est évident qu’avec la nouvelle autoroute Terre Rouge – Verdun – Ebène ainsi que le Saint Pierre bypass , tous deux opérationnels début 2013, Saint- Pierre deviendra une zone stratégique, au coeur de l’île.

Et votre IRS à Savinia, à Savannah, vous l’abandonnez ?

Pour le moment, le marché pour les produits IRS n’est pas suffisamment porteur pour permettre à un projet comme celui conçu à Savinia de voir le jour. Nous y reviendrons quand les conditions économiques mondiales se seront améliorées.

Cela fait un moment que le marché pour les produits IRS est en diffi culté. Des 15 projets approuvés, cinq seulement ont décollé.

Un projet IRS est extrêmement complexe. On ne le réussit qu’au prix d’une bonne maîtrise de nombreux corps de métiers. Les ressources financières nécessaires sont importantes, la qualité du personnel technique doit être excellente et le marketing du projet bien ficelé. Si on ajoute à ces exigences l’extrême difficulté du marché international pour les résidences haut de gamme depuis 2008, on comprend très vite pourquoi de nombreux projets n’ont pu voir le jour.

Peut- être devrait- on faire une croix sur ce secteur ?

Certainement pas. Nous verrons d’autres IRS se matérialiser au cours des prochaines années, j’en suis convaincu. Un véritable savoir- faire a été construit durant les dernières années.

Cela permettra le développement de nouveaux projets et la construction de nouvelles phases au sein de projets en cours.

La suppression de la « Capital Gains Tax » aiderat- elle à la reprise ?

Evidemment. L’introduction de la Capital Gains Tax et celle de la taxe sur les dividendes étaient deux grosses erreurs car elles venaient directement affecter l’image d’une fiscalité simple et légère qui a tant aidé Maurice au cours des dernières années.

Il en faut sûrement davantage pour améliorer le climat d’affaires à Maurice comme l’aurait souhaité la Banque mondiale, par exemple?

Les choses se sont beaucoup améliorées au cours des dernières années. Cependant, il y a toujours un décalage entre le discours et le temps mis pour l’obtention de certains permis.

Le permis de morcellement en est un exemple.

Il y a aussi trop de contraintes par rapport aux transactions foncières dans lesquelles les étrangers sont impliqués. Nous devrions complètement libéraliser les transactions foncières pour les étrangers quand il s’agit de développements commerciaux.

Les transactions résidentielles sont plus sensibles et doivent faire l’objet d’une libéralisation beaucoup plus graduelle et contrôlée.

L’immobilier reste un placement sûr. Plus sûr que la Bourse ou les dépôts en banque, pensez- vous ?

Cela dépend du profil de l’investisseur. Chaque type de placement a ses mérites et ses désavantages. Nous croyons beaucoup dans l’immobilier mauricien comme un placement stable et sûr, aussi longtemps que le développement est guidé par une vision pour le long terme.

Nous croyons aussi dans le marché boursier et nous y sommes très actifs. Pour ce qui est des banques, heureusement ou malheureusement, nous sommes en situation de découvert plutôt que de dépôt !

Qu’est- ce qui explique la velléité d’ENL de s’orienter aussi résolument vers l’immobilier ?

ENL a toujours été un acteur majeur dans l’agriculture et le restera. Nous sommes aujourd’hui parmi les trois plus gros producteurs de canne à Maurice avec pas moins de 12 000 arpents sous culture au Centre et au Sud de l’île, et une diversification importante vers la production à grande échelle de légumes sous serres et de bovin. Certaines de nos terres sont particulièrement favorables au développement immobilier, surtout au Centre.

Nous percevons donc des opportunités intéressantes pour la conversion d’une petite partie de ce patrimoine ( moins de 4 % sur 15 ans) pour des projets immobiliers visant surtout à générer des recettes locatives importantes et pérennes.

Qu’est- ce qui motive ENL dans tous ces investissements ?

Avant tout, créer des espaces de vie modernes, bien planifiés et qui offrent une meilleure qualité de vie aux Mauriciens, comme le témoignent nos réalisations jusqu’à présent.

Nous sommes aussi motivés par l’innovation et aspirons à être toujours à l’avant- garde. Nous sommes passionnés par ce que nous faisons et avons, à travers cette passion que nous pensons contagieuse, créé, avec nos consultants, une équipe formidable et soudée. Nous sommes également à l’écoute de nos actionnaires qui attendent de nous une croissance permanente dans la valeur de leurs actifs et une distribution régulière et raisonnable de dividendes.

Et quid de l’environnement ? Vos investissements le respectent- ils toujours ?

Le mot respecter est le bon. Il est un fait, souvent oublié, qu’à chaque fois que quelqu’un met une brique en terre, il affecte l’environnement. De fait, la question n’est pas de savoir si un projet affecte l’environnement, mais plutôt de savoir quelles sont les mesures prises pour en minimiser l’impact et pour s’assurer qu’il a plus d’effets positifs qu’il n’en a de négatifs. Il va de soi que si les autorités jugent qu’un projet apporte plus de problèmes environnementaux qu’il n’apporte de bénéfices économiques et sociaux, celui- ci ne doit pas être mis en oeuvre.

Aucun de nos projets ne tombe dans cette dernière catégorie.

Ceux qui vous critiquent n’ont pas quand même toujours tort ?

Certaines critiques sont fondées. D’autres sont carrément ridicules et malveillantes. Elles étaient justifiées quand les eaux de lavage de Bagatelle ont été malencontreusement acheminées à la rivière Martindale par un drain d’eau pluviale. Nous avons d’ailleurs immédiatement reconnu le problème et y avons remédié au plus vite.

Par contre, les insinuations faites la semaine dernière dans les colonnes de ce même journal à l’effet que nous construisons sur de vieilles salines à Rivière- Noire sont fausses. Le journaliste se base sur cette supputation pour construire une attaque déplacée à l’encontre de notre groupe. C’est faire preuve d’un manque de sérieux désolant.

La Balise Marina est notre unique projet à Rivière- Noire et il est construit sur des terres en friche, qui jusqu’en 1997 étaient sous culture de canne. Il n’y a pas de salines ni sur le site ni à côté de celui- ci.

Et l’environnement social où sont implantés vos projets, y accordez- vous l’attention qu’il mérite ?

A travers l’ ENL Foundation , nous consacrons une équipe dédiée et un budget non négligeable à l’amélioration des conditions de vie dans nos communautés d’implantation.

Nous avons choisi de soutenir plus particulièrement l’épanouissement des jeunes et la préservation de l’environnement.

Dans le cas des projets IRS Villas Valriche et La Balise Marina, des programmes indépendants sont mis en chantier avec un fort accent sur l’employabilité et l’entrepreneuriat. Nous entendons maintenir le cap malgré les récents amendements à la loi gouvernant la Corporate Social Responsibility.

 

Propos recueillis par Alain BARBÉ

Alain BARB