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Fraude en Inde : Des enquêteurs du Central Bureau of Investigation viennent à Maurice

14 mai 2011, 00:00

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Fraude en Inde : Des enquêteurs du Central Bureau of Investigation viennent à Maurice

Deux mois après une réunion de haut niveau entre l’Hôtel du gouvernement et la haute commission indienne à Maurice, des enquêteurs indiens prennent l’avion pour Plaisance, le lundi16 mai. Leur mission : établir si l’offshore local a servi à verser des pots-de-vin et à financer les firmes qui ont corrompu un ministre indien à hauteur de Rs 3 milliards.

C’est finalement la semaine prochaine que des agents indiens du Central Bureau of Investigation (CBI) débarqueront à Maurice. Cela, dans le cadre d’une vaste enquête ouverte sur des pots-de-vin de l’ordre de Rs 3 milliards versés par des entreprises à Andimuthu Rajah, ministre des Télécommunications de la Grande Péninsule pour des permis d’opération pour des fréquences de téléphonie mobile de seconde génération.

L’arrivée de ces enquêteurs a été plusieurs fois annoncée mais c’est devant la Cour suprême indienne, le vendredi 13 mai, que l’avocat du CBI a fait savoir qu’une de ses équipes prendra l’avion pour Plaisance, le lundi 16 mai. Un rapport sera alors soumis à la cour sur les entreprises qui ont profité de l’accord de non-double imposition qui existe entre Port-Louis et New Delhi pour graisser la patte à Andimuthu Rajah.

La Cour suprême indienne a requis du CBI de soumettre son rapport au plus tard le mardi 31 mai et le procès contre Andimuthu Rajah et ses présumés complices est prévu le lundi 6 juin. Parallèlement, le CBI doit soumettre un autre rapport sur un journaliste ayant tenté de soudoyer, contre des informations, des enquêteurs de l’Enforcement Directorate (ED), une unité spéciale du fisc indien, qui enquête sur ce même dossier communément appelé « 2G Scam ».

L’arrivée de ces enquêteurs a déjà fait l’objet d’une réunion au sommet entre les représentants de la haute commission de l’Inde à Maurice et des officiers du ministère mauricien des Affaires étrangères à l’Hôtel du gouvernement le vendredi 18 mars. Port-Louis voulant, en effet, avoir la version officielle via le canal diplomatique sur les révélations de la presse quant à l’hypothétique venue d’une mission de l’ED.

Aux Affaires étrangères, mention est faite de l’existence d’un accord de principe - un « memorandum of understanding » (MoU) - entre l’Inde et Maurice sur l’échange d’informations liées aux transactions financières. Ce qui est censé rendre inutile toute venue d’enquêteurs de la Grande péninsule.

A ce jour, l’enquête des autorités indiennes a démontré que les Rs 3 milliards perçus par l’ex-ministre Andimuthu Rajah ont été versés sur les comptes bancaires d’établissements offshore au nom de sa femme à Maurice et aux Seychelles. Ce détail aurait été rendu possible grâce à des commissions rogatoires menées sur les deux territoires.

Ces Rs 3 milliards ne constitueraient que le sommet de l’iceberg de ce que le ministre aurait perçu. Alors qu’il s’en est mis plein les poches, en contrepartie, le fisc indien a perdu plus Rs 50 milliards. La mission des enquêteurs du CBI visera aussi à déterminer si une partie de ces pots-de-vin versée à Andimuthu Rajah n’a pas été renvoyée en Inde sous forme d’investissement direct étranger.

Cette affaire est l’une des plus grosses affaires de corruption que la Grande péninsule ait connue. Surtout que le marché de téléphonie mobile est en plein boom avec 500 millions d’abonnés.

De tout ce grand déballage, on apprend qu’un parrain de la mafia de Mumbai, Dawood Ibrahim, l’homme qui a inspiré Badhshah, un film à la sauce Bollywood, est soupçonné d’avoir investi massivement dans les firmes ayant obtenu ces licences via l’offshore mauricien.