A quatorze mois de la présidentielle, Marine Le Pen arriverait en tête au premier tour dans tous les cas de figure, quelque soit le candidat socialiste, selon un sondage Harris Interactive diffusé, le lundi 7 mars 2011.

Un précédent sondage plaçant la présidente du FN en première position avec 23%, face à Martine Aubry, premier secrétaire du Parti socialiste et Nicolas Sarkozy, à égalité avec 21%, avait semé le trouble dans les états-majors politiques.

Des politologues avaient exprimé leur scepticisme, critiquant la méthode (internet) et soulignant que Marine Le Pen n''''était pas opposée au directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn, présenté comme le meilleur présidentiable du PS.

Mais la seconde vague du sondage Harris Interactive pour LeParisien.fr risque de donner des sueurs froides aux partis traditionnels puisqu''elle montre le même rapport de forces.

La seule différence étant que la candidature de Dominique Strauss-Kahn provoquerait l''élimination de Nicolas Sarkozy au premier tour. En outre, la dirigeante du FN gagnerait un point, à 24%, face au "patron" du FMI ou à l''ancien Premier secrétaire du PS, François Hollande.

Selon l''enquête diffusée lundi soir, Marine Le Pen (24%) devance Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI (23%), ainsi que Nicolas Sarkozy, en troisième position avec 21%.

Dans un second scénario, Marine Le Pen obtient également 24% des intentions de vote, devant Nicolas Sarkozy (21%) et François Hollande pour le PS (20%).

Le premier sondage Harris Interactive a créé la polémique, l''institut n''ayant divulgué dans un premier temps que le scénario l''opposant à Martine Aubry et placé comme candidat l''ex-Premier ministre Dominique de Villepin. Jérôme Sainte-Marie, directeur général adjoint de CSA, a affiché son scepticisme.

"LA PRESIDENTIELLE VA ÊTRE DIFFICILE"

La dirigeante socialiste Martine Aubry a évoqué un "coup médiatique."

"On ne joue pas avec cela, on ne joue pas avec le Front national, on ne joue pas avec des hommes et des femmes qui ne représentent pas la République", a-t-elle déclaré aux journalistes.

Le Premier ministre, François Fillon a estimé que "l''opposition devait aussi s''interroger sur sa propre attitude et sa propre responsabilité dans cette situation".

"Je n''ai pas besoin d''un sondage par ailleurs douteux (...) pour savoir que la présidentielle de 2012 va être difficile", a-t-il déclaré.

Le président du MoDem, François Bayrou, a fait part lundi sur Europe 1 de sa crainte quant à la progression du Front national dans l''opinion publique, tout en plaidant pour la "transparence" dans les sondages.

Il a accusé la droite d''avoir "attisé la peur de l''islam" et fustigé "un débat qui est porteur de poison pour la société française".

Des politologues ont estimé que le sondage Harris Interactive, en dépit de son manque de rigueur, traduisait la percée du FN depuis que Marine Le Pen a pris la tête du parti en janvier dernier.

Il oblige en tout cas les états-majors des partis traditionnels à revoir leur stratégie pour éviter la répétition du 21 avril 2002, qui avait vu Jean-Marie Le Pen se qualifier pour le second tour au détriment du socialiste Lionel Jospin. Le président de Harris Interactive, Jean-Daniel Lévy, s''est défendu sur Europe 1 d''avoir voulu "faire un coup".

"Sortir une donnée comme cette donnée demande une vraie responsabilité et si nous l''avons fait, c''est parce qu''en âme et conscience, nous étions persuadés que le fait d''avoir Marine Le Pen à 23% était le reflet absolu de ce qui se passe aujourd''hui dans l''opinion", a-t-il dit.

(Source: Reuters )