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Faute de budget, l'Etat fédéral américain cesse ses activités

1 octobre 2013, 08:40

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Faute de budget, l'Etat fédéral américain cesse ses activités

 

Face à l'échec du Congrès à voter un budget avant l'heure limite, la Maison Blanche a ordonné aux agences fédérales américaines de cesser leurs activités, lundi 30 septembre juste avant minuit (6 heures, heure de Paris). Ce "shutdown" paraissait de plus en plus inévitable à mesure qu'approchait l'heure limite de la fin de l'année budgétaire, à minuit (6 heures, heure de Paris).
 
Peu avant l'expiration du délai, les républicains de la Chambre des représentants ont annoncé vouloir procéder à un nouveau vote du texte de financement de l'Etat, qui saperait une fois encore la réforme de la santé fermement défendue par Barack Obama et ses alliés démocrates. Ils appellaient aussi à la convocation d'une commission bicamérale pour résoudre les différends. Une annonce interprétée par les démocrates comme le déclenchement quasi-certain de la fermeture des agences fédérales, et qualifiée par le représentant Alcee Hastings d'"auto-immolation". 
 
Le ping-pong parlementaire n'a pas cessé lundi entre le Sénat, à majorité démocrate, et la Chambre des représentants, dominée par les républicains, sur le projet de loi de finances. Lundi soir, les cinquante-quatre sénateurs démocrates ont rejeté, sans surprise, le texte adopté peu avant par la Chambre des représentants, qui prévoyait de reporter l'entrée en vigueur de la loi sur la santé de Barack Obama – troisième tentative dans ce but des républicains, alors que l'application de l'Obamacare devait franchir une étape cruciale mardi. "Albert Einstein a dit, pour définir la folie, que cela consistait à faire la même chose encore et encore en pensant qu'on obtiendrait un résultat différent", a ironisé le chef de la majorité démocrate, Harry Reid.
 
OBAMA NE CÈDE PAS
 
"Le temps presse" pour parvenir à un accord sur un budget finançant l'Etat américain, a insisté Barack Obama lors d'une intervention lundi soir à la Maison Blanche. Le président a dit espérer "qu'à la dernière minute, une fois de plus, le Congrès, en particulier la Chambre des représentants, choisira d'agir correctement". Mais il a exclu de céder à la pression des républicains, répétant que la réforme du système de santé serait appliquée à partir de mardi quoi qu'il arrive.
 
"Une partie d'une formation dans une chambre du Congrès n'obtiendra pas la fermeture des opérations de l'Etat pour disputer les résultats d'une élection", a affirmé M. Obama, réélu en 2012 lors d'une campagne où son adversaire républicain avait promis d'abroger la réforme de l'assurance-maladie promulguée en 2010. Les républicains de la Chambre se retrouvent bloqués par "les promesses impossibles à tenir faites à l'aile extrême-droite de leur parti", a aussi dénoncé le président.
 
SHUTDOWN : "DES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES TRÈS RÉELLES"
 
L'absence de discussions directes entre les deux camps fait craindre la première fermeture de l'Etat fédéral depuis janvier 1996, point culminant de trois années de confrontation permanente entre démocrates et républicain sur le budget.
 
Ce "shutdown", qui se produirait mardi à minuit (6 heures, heure de Paris), sauf accord in extremis, "aura des conséquences économiques très réelles pour des gens dans la vraie vie, et tout de suite", a expliqué M. Obama. "Des centaines de milliers de fonctionnaires resteront à leur poste sans être payés, et des centaines de milliers d'autres seront immédiatement mis en congés sans solde", a-t-il rappelé. Cette paralysie "gripperait les rouages de notre économie au moment où elle redémarrait", selon lui.
 
Plus de 800 000 employés jugés non essentiels seraient ainsi mis en congés sans solde, sans garantie de paie rétroactive – un acte pur d'"automutilation", avait estimé samedi Barack Obama. Partout dans le pays, les portes des parcs et musées nationaux resteraient fermées. Les fonctions régaliennes de l'Etat fédéral – justice, sécurité, FBI, opérations militaires extérieures – seront de leur côté assurées. Les deux chambres du Congrès ont approuvé un texte qui garantit que les militaires seront payés à temps, sans retard, quoiqu'il arrive.
 
Le président américain avait affirmé un peu plus tôt qu'il n'était "pas du tout résigné" face à une telle éventualité. Devant les journalistes réunis dans le bureau ovale, il a annoncé qu'il ne négocierait pas sous la menace d'une fermeture des services gouvernementaux ou d'un défaut sur la dette souveraine des Etats-Unis. Les élus doivent en effet se pencher prochainement sur le plafond de la dette, qui doit impérativement être relevé d'ici au 17 octobre pour éviter un éventuel défaut de paiement du pays.