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Fang Lizhi, précurseur du mouvement démocratique chinois, est mort

7 avril 2012, 00:00

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Fang Lizhi, précurseur du mouvement démocratique chinois, est mort

L’un des précurseurs du mouvement démocratique chinois, l’astrophysicien Fang Lizhi, est décédé samedi à l’âge de 76 ans, à Tucson, aux Etats-Unis. L’homme qui sema les étincelles de la contestation étudiante, est décédé de causes naturelles, selon sa famille.

La mort en exil n’était certainement pas ce qu’avait souhaité cet éminent scientifique, qui a dû se réfugier dans l’ambassade des Etats-Unis à Pékin lors de la répression sanglante du mouvement démocratique de Tiananmen en 1989. Après un an de tractations avec Washington, Pékin finira par acquiescer à son départ, le 25 juin 1990, à bord d’un avion de l’US Army.

Membre de l’académie des Sciences, vice-recteur de l’université de Hefei, c’est vers 1985 qu’il décide, à lui seul, de défier le parti sur les campus. Son nom deviendra vite synonyme de subversion. Parcourant les universités, il prône de vraies réformes politiques. Se revendiquant «libre penseur», il déclare que «le marxisme est dépassé». Comme le stratège Sun Zi qui pensait qu’une citadelle doit se prendre de l’intérieur, il incite les étudiants à adhérer au parti pour en «changer la couleur».

Il encourage les étudiants de Hefei à manifester en 1986 pour réclamer plus de démocratie. Le mouvement prend son essor et s’étend à Shanghai, où Fang se déclare pour l’«occidentalisation totale de la Chine» sous les applaudissements de 12 000 étudiants. Ce mouvement démocratique de 1986-87 finira par toucher 29 villes avant d’être étouffé. Fang sera expulsé du parti.

Dès 1988 à Pékin, Fang est à nouveau à pied d’œuvre, organisant des salons de la démocratie avec Wang Dan, le futur leader étudiant de Tiananmen. Afin d’éviter d’offrir un prétexte au pouvoir, Fang ne participe toutefois à aucune des manifestations qui, deux mois et demi durant, ébranleront le régime. Après le massacre du 3-4 juin 1989, Fang croit à l’effondrement du parti communiste, puis doit se raviser.

A la fin de sa vie, il comparait le régime chinois aux dictatures de droite qui ont sévit en Amérique latine dans les années 1970. Dans un hommage rendu au Prix Nobel de la Paix chinois Liu Xiaobo en 2010, il appelait les Occidentaux à cesser de croire que le développement économique apportera inévitablement la démocratie en Chine. «Les dirigeants chinois, au contraire méprisent de plus en plus les droits de l’homme». Sa vision de la Chine est demeurée pessimiste jusqu’au bout.

«L’histoire malheureuse du Japon au début du 20eme siècle, mettait-il en garde, montre bien qu’une puissance économique émergente qui viole les droits de l’homme constitue une menace pour la paix du monde».

(Photo : Le dissident chinois Fang Lizhi et sa femme, en 2010).

(Source : Libération.fr)