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Fédération de la Police: «Le suicide au sein de la force exige une réelle attention»

3 décembre 2009, 00:00

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Fédération de la Police: «Le suicide au sein de la force exige une réelle attention»

Deux policiers se suicident avec leur arme de service le même jour. Le sujet est encore tabou aux Casernes centrales mais, dans un entretien, le président de la fédération de la police commente ces événements.

Les deux officiers – le  constable Mandary, 55 ans, et le constable Joganah, 46 ans– se sont tiré une balle dans la tête avec leur arme de service. Le premier s’est suicidé à 8h15 devant une école primaire d’Eau Coulée et le second vers 16h15 devant l’Hôtel du gouvernement le 2 décembre. Ce double suicide a plongé les Casernes centrales dans un état de choc. Personne n’ose tirer de conclusions ou donner des hypothèses sur les causes de ces incidents. «On ne sait pas pourquoi ils se sont suicidé. Deux policiers en un jour, c’est trop», confie un policier affecté aux Casernes. De son côté, le Commissaire de police, Dhun Iswar Rampersad, a déclaré hier après-midi: «C''''est un jour très triste pour la police. Nous devons rester unis en ce moment particulièrement difficile.»

Les funérailles du constable Joganah ont eu lieu hier et celle de Mandary, ce jeudi 3 décembre. Entre-temps l’unité de la police de Port-Louis Sud a ouvert une enquête, suivant la procédure habituelle dans ce genre d’affaires. 

Mais, selon Cheddumbrum Pillay, président de la Fédération de la Police (FP), ces deux cas ne sont pas liés et il ne s’agirait que d’une coïncidence. «Nous sommes tristes et cette situation est alarmante. Le suicide au sein de la force policière demande une attention particulière», explique-t-il. Ce dernier tient à préciser que le suicide au sein de la force policière ne concerne pas que les subalternes, mais également les officiers supérieurs. «Un Assistant Surintendant de Police (ASP), posté à Vacoas, s’était suicidé il y a quelques temps de cela. Nous avons également eu un cas de suicide chez les garde-côtes. Un Chef Inspecteur s’était immolé», raconte-t-il.

Pour le président de la FP, ces cas doivent être analysés et une étude approfondie doit être menée pour déterminer les motivations qui ont poussées ces policiers à se suicider. Selon lui, la thèse des transferts ne tiendrait pas. En effet, certains médias ont mentionné que l’une des raisons derrière le suicide du constable Joganah était la série de transferts qu’il aurait subis. «Joganah a eu une longue carrière à la NCG, puis il a été muté à la Special Support Unit (SSU), au poste de police de Rose-Hill respectivement. Sa dernière affectation a été au poste de police d’Eau Coulée», explique un policier qui connaissait la victime. Le constable Mandary avait, lui, été transféré de la police du Port à l’unité chargé de la sécurité de l’Hôtel du gouvernement.

Cheddumbrum Pillay, de son côté, tient à faire ressortir que le suicide n’est pas le seul mal auquel est exposé la force policière, en faisant référence à la vague de suicide d’il y a 3 ans. «La charge de travail des policiers a augmenté. Et les policiers sont constamment exposés à de nombreux dangers. Les policiers qui gèrent la circulation plusieurs heures par jour sont exposées au carbone monoxyde. J’espère que le management de la police fera le nécessaire pour le bien-être des policiers», explique-t-il.

Le suicide de ces deux policiers aura fait couler beaucoup d’encre, mais a également suscité une remise en question des besoins des policiers et au stress auquel ils sont tous exposés. Certains recommandent qu’une unité d’aide psychologique soit mise à la disposition des policiers, d’autres comme la Fédération de la police demande une étude approfondie…