Publicité

Evasion : Des îles et des ailes

24 août 2012, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Evasion : Des îles et des ailes

On pourrait croire par moments en parcourant la fiche descriptive de Trinité-et-Tobago, Etat insulaire des Caraïbes situé dans la mer des Antilles, au large du Venezuela, qu’il s’agit de l’île Maurice. Son passé colonial, sa langue officielle, son multiculturalisme, ses fêtes, son héritage indien, sa démographie - 1 220 000 d’habitants en 2009 - les origines françaises de son carnaval, son créole trinitéen à base lexicale française, proche du créole martiniquais, son créole trinitéen et son créole tobagodien à base lexicale anglaise, son régime politique inspiré du système britannique en font presque une copie conforme de l’ancienne île de France. Sauf que l’histoire se passe à des milliers de kilomètres dans le Pacifique.

Christophe Colomb découvre l’île qu’il baptise Trinité en 1498. En 1532, l’Espagne conquiert le territoire et la colonisation espagnole débute. Durant la guerre de Hollande, c’est au tour des Français de prendre possession de Trinité-et-Tobago. En 1678, le traité de Nimègue entérine la possession de Trinité pour le roi Louis XIV aux dépens des Espagnols et celle de Tobago aux dépens des Hollandais. Les deux îles passent sous domination anglaise en 1797 et deviennent propriété de l’Angleterre en 1802 par la Paix d’Amiens. Tobago fera partie de la colonie des îles-du-Vent (Windward Islands Colony) jusqu’en 1899, année où elle est rattachée à Trinidad pour former une seule colonie. Trinité-et-Tobago devient un Etat indépendant en 1962 puis une république au sein du Commonwealth en 1976.

Si Maurice a connu un âge d’or de la canne à sucre et du textile, Trinité-et-Tobago elle a connu l’âge d’or du cacao entre 1870 et 1930 avant de vivre un essor économique dans les années 90 grâce aux revenus du pétrole, secteur qui est exploité depuis 1907. Ce pays est aujourd’hui cinquième producteur mondial de gaz naturel liquéfié et premier fournisseur pour les États-Unis avec lesquels il entretient une relation privilégiée. Grâce à ses ressources naturelles, il a pu développer en grande partie l’industrie pétrochimique. Trinité-et-Tobago est premier exportateur mondial de méthanol et d’ammoniac.

Aucun point de comparaison entre Maurice et ces deux îles ne peut être trouvé au chapitre du secteur de l’énergie. En sport, la comparaison est possible mais en respectant proportions et ordres de grandeur. Le plus célèbre athlète trinidadien est Hasely Crawford, champion olympique du 100 m à Montréal en 1976. Ato Boldon a occupé la scène internationale des années durant. Il a trusté de nombreux podiums mais on se souvient plus particulièrement de sa médaille d’argent sur 100 m aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000 et de sa médaille d’or sur 200 m aux championnats du monde d’athlétisme de 1997 à Athènes. De nombreux athlètes trinidadiens sont reconnus internationalement à l’instar de Marc Burns, Darrel Brown ou encore du vice-champion olympique au 100 m Richard Thompson. Le jeune Keshorn Walcott, 19 ans, a perpétué la tradition en devenant champion olympique du javelot aux Jeux de Londres.

Le football est aussi très populaire à Trinité-et-Tobago, surtout depuis sa qualification historique pour sa première participation à une Coupe du monde en 2006 en Allemagne. L’attaquant Dwight Yorke, qui a évolué plusieurs années dans l’équipe de Manchester United avec laquelle il a remporté de nombreux titres dont celui de meilleur buteur de la Ligue des Champions, lui avait permis alors d’être le plus petit pays représenté. Le cricket est le troisième sport très populaire sur les deux îles. Les meilleurs joueurs évoluent au sein de l’équipe des Indes occidentales. Le batteur Brian Lara a même détenu plusieurs records du monde.

Kirani James a aussi démontré que naître dans une petite île, d’environ 90 343 habitants, n’est pas une fatalité en offrant à la Grenade son premier titre olympique le 6 août à Londres sur 400 m. Le podium était complété par le Dominicain Luguelin Santos et le Trinidadien Lalonde Gordon.

Stéphan Buckland, Eric Milazar, finaliste et demi-finaliste olympiques, et Bruno Julie, médaillé de bronze à Pékin en 2008, ont montré la voie. Mais pour que les exemples qu’ils ont laissés ne soient pas vains, ceux qui se battent pour diriger le pays et le sport devraient sortir de cette logique égoïste consistant à diriger pour diriger, en divisant pour mieux régner. Ne plus venir les mains vides, sans projet, et s’inspirer de la réussite de Trinité-et-Tobago et de la Grenade pour doter Maurice enfin d’un modèle sportif complet pouvant convenir tant aux civils qu’aux scolaires, tant aux sportifs amateurs qu’aux professionnels. Et réunir dans une même équation santé, bien-être et exploits.
Robert D’Argent

Suivre toute  l’actualité sportive sur Lékip.mu.