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Etats-Unis : Propos controversés d''Obama sur un incident imputé au racisme

24 juillet 2009, 00:00

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Etats-Unis : Propos controversés d''Obama sur un incident imputé au racisme

Barack Obama a provoqué une vive polémique lorsqu''''il a fait irruption dans le débat racial en prenant fait et cause pour un professeur noir de Harvard, qui accuse la police de racisme à la suite de son arrestation.

Le président américain a déclaré mercredi lors d''une conférence de presse que, s''il n''était pas au courant "de tous les faits", la police de Cambridge, Massachusetts, avait "agi de façon stupide" lors de l''interpellation de Henry Louis Gates.

Cet éminent universitaire, ami d''Obama et classé en 1997 parmi les 25 Américains les plus influents par le Time, a été arrêté jeudi dernier alors qu''il tentait d''entrer à son domicile, dont la serrure était grippée.

La police est intervenue après un appel d''une femme ayant vu un noir essayer de forcer une porte et a expliqué que Gates avait été arrêté en raison de son emportement et de son manque de coopération.

Il aurait refusé dans un premier temps de justifier son identité et crié sur le policier devant des personnes rassemblées devant chez lui.

Ces charges ont été abandonnées mardi, mais Gates, directeur de l''Institut de recherches africaines et afro-américaines, a réclamé des excuses du sergent James Crowley, auquel il a eu affaire, et a menacé de poursuivre la police.

Il a en outre estimé que son cas témoignait de la persistance de stéréotypes et jugements au faciès.

Interrogé sur cet incident qui a fait beaucoup de bruit aux Etats-Unis, Barack Obama a fait irruption dans le débat sur la discrimination raciale, dont il s''était prudemment mis à l''écart depuis son entrée à la Maison blanche en janvier dernier.

"Je ne sais pas - n''ayant pas été là et ne connaissant pas tous les faits - quel rôle la race a pu jouer là-dedans, mais je pense qu''il est juste de dire, en premier lieu, que chacun d''entre nous serait assez en colère" (si cela lui arrivait), a déclaré Barack Obama.

"En second lieu, que la police de Cambridge a agi de façon stupide en arrêtant quelqu''un dès lors qu''il y avait déjà des preuves qu''il était dans sa propre maison", a-t-il ajouté. Au Massachusetts, pourtant un fort bastion libéral, beaucoup ont jugé que le président avait franchi la ligne blanche en formulant un jugement sans connaître les tenants et les aboutissants de l''affaire.

Barack Obama a eu "tout faux en critiquant ce policier en particulier et le département en général", a estimé un avocat du syndicat des policiers de Cambridge.

Sur internet, de nombreux partisans d''Obama se sont agacés de son intervention et ont massivement commenté l''article relatif à cette affaire sur le site du Boston Globe.

"J''ai peut-être voté pour lui, mais je suis vraiment déçu qu''il ait décidé de se lancer au milieu de tout ça AVANT de connaître les deux versions de l''histoire. Et de l''avoir fait à travers une accusation si outrageuse envers la police", disait le commentaire le mieux noté par les internautes.

Le porte-parole de la Maison blanche, Robert Gibbs, a défendu Barack Obama en expliquant qu''il avait voulu "signifier qu''à un moment, le contrôle de la situation a été perdu".

Sur le site du Boston Globe, certains s''interrogeaient sur la possibilité que cette affaire marque un retour en arrière dans un Etat où les élèves noirs essuyaient encore des jets de pierres et de bouteilles il y a à peine 35 ans au passage de leur autobus.
Mais nombreux estiment que ces questions n''ont plus cours depuis que le Massachusetts a élu en 2006, avec le démocrate Deval Patrick, le deuxième gouverneur noir de l''histoire des Etats-Unis.

(Source : Reuters)