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Eric Arnéphy : « Nous devons bâtir sur ce ''momentum'' au niveau national »

19 août 2011, 00:00

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Eric Arnéphy : « Nous devons bâtir sur ce ''momentum'' au niveau national »

A en croire Eric Arnéphy, Commisaire général des 8es Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) et directeur exécutif du Conseil National des Sports seychellois, les résultats enregistrés par son pays à la huitième édition des mini-Jeux olympiques de la région océan Indien sont supérieurs aux pronostics qui avaient été faits avant le début des compétitions. « Nous ne pensions pas terminer deuxièmes au classement final, à une médaille d’or de La Réunion », déclare-t-il, en pensant déjà à l’après Jeux et à la nécessité de « travailler sur la relève ».

Les 8es JIOI viennent de prendre fin. Quel est le sentiment qui vous anime : satisfaction ? Mission accomplie ?

Les deux. On a réussi le pari d’organiser des Jeux à un certain niveau et d’assurer le confort et le bien-être des délégations présentes aux Jeux. Cela s’est bien passé au niveau de l’hébergement dans le Village de Persévérance, de la restauration et du transport. Au niveau de la compétition aussi, cela s’est bien déroulé. Il y a eu des compétitions intenses avec beaucoup d’émotions.

Nous avons gagné le pari d’organiser la grande fête sportive de l’océan Indien.

Les Seychelles ont réalisé un véritable exploit : c’est une deuxième place qui vaut une première place au classement final…

 Oui, c’était inattendu. Nous avions fait des pronostics mais certaines performances nous ont surpris. Nous ne pensions pas terminer deuxièmes au classement final, à une médaille d’or de La Réunion. C’est un exploit ! Nous sommes fiers et félicitons les athlètes qui ont tout donné avec honneur pour les milliers de spectateurs et de supporters qui les ont suivis.

Quel était l’objectif initial du sport seychellois à ces Jeux ?

 Nous connaissions nos points forts et nos points « moins forts » quand nous avons fait la comparaison avec les autres délégations. La plus grande surprise est venue des sports collectifs. On ne s’attendait pas à remporter l’or en basket-ball, avec Madagascar et La Réunion. En football non plus, avec La Réunion, Maurice et Madagascar. En sports collectifs, nous remportons quatre médailles d’or sur cinq finales disputées.

Nous nous attendions à de bons résultats en haltérophilie qui fait partie de nos points forts. Nous connaissions notre niveau en volley-ball et en badminton. La surprise est venue de la boxe où nous avions quatre finalistes alors que Maurice en comptait sept. On s’attendait à une plus forte opposition de Maurice. Nous sommes contents.

Comment expliquez-vous cette montée en puissance du sport seychellois depuis les Jeux de Madagascar en 2007 et qui s’est vérifiée à nouveau en ce mois d’août 2011 ?

 C’est peut-être lié à la préparation, au programme de préparation des équipes qui s’est révélé bien. C’est peut-être aussi l’avantage d’évoluer à domicile. Cela a affûté nos sélections. Il y a peut-être aussi le fait qu’il n’y a pas eu beaucoup de frottements entre athlètes de la région en amont des Jeux. Ils ont été confrontés quand les Jeux ont débuté. Nous pensions être en retard, finalement, ce fut la surprise.

Combien a coûté la préparation des sportifs seychellois à votre pays ?

 C’est une préparation qui était étalée sur trois ans, de 2008 à cette année. Chaque année, un budget tournant autour de 4 à 8 millions de roupies (seychelloises) était alloué à la préparation. On n’arrête pas. Ça continue. L’intensité augmentera dépendant des compétitions. Je crois qu’on peut dire qu’il y a eu un bon rendement pour l’investissement.

Et les Jeux eux-mêmes combien ont-ils coûté ?

 Une somme de Rs 42 millions avait été identifiée. Je dois saluer les sponsors qui nous ont aidés à lever les fonds nécessaires. Je n’ai pas encore de chiffres précis, je les aurais dans un mois, je pense, mais nous n’aurons pas de problèmes à régler les dettes.

Combien d’habitants y a-t-il aux Seychelles ?

 Environ 87 000.

A combien s’élève la population de sportifs ?

 Aux Seychelles, il faut compter entre 4 000 et 5 000 licenciés et 30 associations-fédérations parmi lesquelles il y a aussi celle des jeux d’échecs.

Comment est-ce que le sport seychellois évalue sa performance aux Jeux quand on sait qu’à La Réunion il y a 833 451 habitants (en 2010), à Maurice 1 281 699 habitants (en 2010) et à Madagascar 20 042 551 habitants (en 2008) ?

Nous avons un problème de choix. Quand on compare les 87 000 habitants des Seychelles aux 20 millions de Madagascar, Madagascar a un large éventail de choix. Nous sommes limités. Je pense que la qualité des personnes fait la différence, le dynamisme pousse les gens à se donner à fond. Sur un petit territoire, il est plus facile de gérer le potentiel. Quand on est nombreux, il y a peut-être le problème de choix qui complique le processus.

Est-ce la preuve que le modèle seychellois est un succès ?

 C’est difficile de répondre à cette question. Le modèle seychellois s’inspire d’autres modèles qui sont en vigueur dans d’autres pays. Nous tentons de les émuler et les avons adaptés à notre contexte.

Nous sommes déjà aux avant-postes en haltérophilie et en badminton, nous allons garder ça. Il faut se pencher sur les autres disciplines. Nous nous inspirons d’autres pays, nous faisons des efforts.

En athlétisme par exemple, les Mauriciens et les Seychellois ont la même physionomie mais les résultats ne sont pas les mêmes. Il faut essayer de comprendre pourquoi.

Justement, pourriez-vous nous décrire le modèle sportif seychellois ? Comment opère-t-il ?

 C’est un modèle qui ressemble au modèle mauricien. Nous avons des comités directeurs, des comités exécutifs, des entraîneurs, des programmes de détection, des programmes de développement à l’intention des jeunes. Il y a différents programmes à différentes étapes qui conduisent à l’élite.

C’est presque le même modèle que le modèle mauricien. Cela dépend de celui qui pilote le projet, car il a un rôle à jouer dans la qualité du produit qu’il livre dans l’arène.

Nous faisons appel à des Cubains, des Chinois qui nous ont aidés à préparer nos équipes. Ils ont épaulé les techniciens seychellois. C’est une valeur ajoutée qui se greffe sur les compétences des techniciens locaux. Nous avons su marier les deux compétences.

Quels sont les prochains objectifs du sport seychellois maintenant que les Jeux sont terminés ?

 Nous devons bâtir sur ce « momentum » au niveau national. Les supporters attendaient des performances, ils ont vu les performances qu’ils attendaient. Nous allons continuer à bâtir.

Dans certains sports, il nous faut travailler sur la relève. En haltérophilie par exemple, certains athlètes vont prendre leur retraite sportive. Il nous faut travailler sur la relève et garder ceux qui vont continuer en vue des prochains JIOI. C’est un travail intense qui nous attend avec le « backing » financier nécessaire.

Propos recueillis par Robert D’Argent


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