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Enquête: Carte d’identité nationale, où est passé le disque dur ?

10 mars 2014, 10:32

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Enquête: Carte d’identité nationale, où est passé le disque dur ?

Sous pression, le Bureau du Premier ministre (PMO) a-t-il menti à la population au sujet de la disparition d’un disque dur contenant des informations confidentielles dans le cadre du lancement de la nouvelle carte d’identité nationale ? Nos investigations ont révélé que le PMO s’est empressé, le 19 octobre dernier, de démentir cette disparition de peur de soulever une vague d’indignation publique.

 
Cependant, une source au sein de ce service nous apprend, en citant un document confidentiel, que «le disque dur n’a pas été retrouvé» et qu’il «circule encore quelque part». «La décision a été prise que nous devons dire que le disque dur a été retrouvé afin de clore l’affaire», est-il encore noté dans ce document.
 
Notre source affirme que c’est Rao Ramah, le Project Director du Mauritius National Identity Scheme (MNIS), qui a donné des instructions pour étouffer l’affaire. Interrogé par  l’express samedi matin, Rao Ramah s’en est d’abord tenu à la version officielle : «Le PMO a publié un communiqué pour dire que le disque dur avait été retrouvé.» Puis, il nous a rappelés une demi-heure plus tard. Il souhaitait nous faire part de ce que le Project Manager singapourien, dont il n’a pas voulu indiquer le nom, venait de lui dire au téléphone : «Il m’a confirmé qu’aucun disque dur n’a été égaré.»
 
Rao Ramah devait ensuite déclarer, sans que nous ayons fait allusion à la possibilité que le disque dur en question soit en notre possession : «Si vous me dites que vous avez trouvé un disque dur, ça m’interpelle.» Avant de préciser que ce disque dur est «crypté» et qu’il «ne contient pas d’informations biométriques».
 

Pas de caméras de surveillance

 
L’information de la disparition d’un disque dur du MNIS a été révélée par nos confrères de Radio Plus le samedi 19 octobre 2013 au matin. Le PMO, assailli de critiques sur les risques d’utilisation à mauvais escient d’informations personnelles contenues dans les cartes d’identité biométriques, a voulu tuer dans l’oeuf une nouvelle polémique.  D’où le communiqué express émis le soir pour dire que «le disque dur n’a jamais disparu» (lire ci-dessous).
 
Cependant, une source évoque que plusieurs employés du département concerné ont été remerciés après cet incident. Elle nous a par ailleurs appris que malgré la présence de données sensibles, ce bureau du MNIS n’était pas équipé de caméras de surveillance.
 
C’est une «supervisor» du MNIS qui a affirmé, dans une déposition enregistrée le mardi 15 octobre au poste de police de la rue Pope-Hennessy, qu’un disque «contenant des données sur la population a disparu sur sa table», dans un bureau du Renganaden Seeneevassen Building, à Port-Louis. Les locaux étaient occupés par la compagnie NEC (la branche singapourienne) qui procédait à la numérisation de vieux documents de référence ayant trait aux cartes d’identité nationale. Les données étaient ensuite transférées sur le serveur du MNIS.
 
Cet exercice de transfert de données a pris fin récemment. Une partie du personnel de cette unité a été réaffectée, une autre partie remerciée. Du coup, les langues commencent à se délier. Certains laissent entendre que la disparition du disque dur serait plutôt un acte de sabotage qu’un vol de données confidentielles.
 
 

Le communiqué du PMO du 19 octobre

 
“PMO, 19 October 2013, 20:00: The Prime Minister’s Office wishes to inform the public that a hard disk containing old archives at the NPF building was reported lost by a supervisor. The disk was never lost and the police have been informed accordingly. For more information, please contact Mr Rao Ramah, Project Director of Mauritius National Identity Scheme.”